Celles qui attendent – Avis +

Présentation de l’éditeur

Arame et Bougna, mères, respectivement, de Lamine et Issa, deux émigrés clandestins. Elles ne comptaient plus leurs printemps, mais chacune était la sentinelle vouée et dévouée à la sauvegarde des siens, le pilier qui devait tenir la demeure sur les galeries creusées par l’absence. Mais comment dépeindre la peine d’une mère qui attend son enfant, sans jamais être certaine de le revoir ? Coumba et Daba, quant à elles, humaient leurs premières roses : jeunes, belles, elles rêvaient d’un destin autre que celui de leurs aînées du village. Assoiffées d’amour, d’avenir et de modernité, elles s’étaient lancées, sans réserve, sur une piste du bonheur devenue peu à peu leur chemin de croix.

Mariées, respectivement à Issa et Lamine, l’Europe est leur plus grande rivale. Esseulées, elles peuvent rester fidèles à leur chambre vide ou succomber à la tentation. Mais la vie n’attend pas les absents, derrière les émigrés, les amours varient, les secrets de famille affleurent ; les petites et grandes trahisons vont alimenter la chronique sociale du village et déterminer la nature des retrouvailles. Le visage qu’on retrouve n’est pas forcément celui qu’on attendait.

Avis d’Enora


Celles qui attendent
sont quatre femmes d’un village insulaire sénégalais, mères et épouses d’hommes partis émigrer clandestinement en Europe. L’auteur reprend les thèmes qui lui sont chers, mais du coté de ceux qui restent, en explorant l’angoisse, les difficultés et les conséquences de l’absence d’êtres chers.

Extrêmement riche et émouvant, ce roman pointe aussi la place des femmes dans la société polygame sénégalaise, la pression que les mères font peser sur leurs fils ainés et la responsabilité de l’Europe dans la situation économique de l’Afrique.

La polygamie est souvent responsable de misère et de jalousie ; la rivalité entre les femmes se rejoue sur leur progéniture et l’ambition d’une mère peut pousser son fils ainé à émigrer vers l’Europe, ce miroir aux alouettes, sans se douter des conséquences que cela aura sur celles qui restent et attendent. « C’est à la dimension du trou laissé au sol qu’on mesure la taille du cocotier arraché. Après avoir tant souhaité le départ de son fils, Bougna affrontait maintenant le vide de son absence. ». Ce trou, ce vide laissé par ceux qui partent, crée inexorablement un affaissement de l’architecture familiale et sociale.

Dans les deux couples mère/bru qui restent au village, l’une des mères va rejouer avec sa belle-fille ce qu’elle a vécu, attendant d’elle qu’elle soit le terreau fertile donnant forme à ses rêves ambitieux ; l’autre au contraire va se souvenir de ses souffrances, de ses faux pas, pour faire bloc avec elle. Le séjour en Europe a changé les hommes comme leur absence a changé celles qui les attendaient. De leur amour pour eux naitra joie ou peine, car l’amour est comme un vent qui surprend en pleine mer, il propulsera la barque de certaines et en fera chavirer d’autres…

Fatou Diome réussit là un superbe roman tout en finesse et en émotion, dressant quatre admirables portraits de femmes et explorant les liens difficiles dans les familles, lieux de contrainte, de rivalité, d’injustice mais aussi d’amour.

Fiche technique

Format ; broché
Pages : 327
Editeur : Flammarion
Sortie : 25 août 2010
Prix : 20 €