Préface de Benoît Decron, conservateur en chef du patrimoine.
Nous connaissons Titouan Lamazou le navigateur, le dessinateur apprécié pour ses carnets de voyage, il est devenu photographe singulier, avec son énergie et sa force de conviction ; il a tracé sa route sans se préoccuper de théories, prenant le meilleur pour faire ce qu’il voulait. Il a fait le nécessaire pour vivre « dehors chez soi », pour apprendre des autres et de ses découvertes.
Les photographies monumentales de Lamazou sont encadrées comme des peintures. Leur présence matérielle, sur ou devant le mur, les impose à l’échelle humaine, à la maille. Autonome, raffinée, précise — jusqu’au vertige —, la construction d’un tirage panoramique de Lamazou s’accomode de ce va-et-vient fatal entre peinture et photographie. À sa manière, l’artiste unit instant et durée, deux temps de la représentation ; il associe le plaisir esthétique, la recherche du beau, à l’ivresse sémantique, celle du sens.
Les points de suture échappent souvent au regard. D’où ce sentiment général d’unité. Lamazou photographie le monde en peintre. Le monde comme théâtre : de l’article de
Avis de Nicolas
Titouan Lamazou est connu pour ses 20 ans de navigation professionnelle, période durant laquelle il côtoya les plus grands noms de la voile et il remporta les titres les plus prestigieux (il est entre autre à l’origine du trophée Jules Verne). Mais c’est aussi un ancien étudiant en Art qui se consacre depuis sa « retraite » à la création artistique, aux voyages, aux rencontres humaines, ainsi qu’à des œuvres caritatives.
J’avais eu l’opportunité de voir l’exposition de 2007 Zoé-Zoé, Femmes du Monde au Musée de l’Homme. Méconnaissant les talents artistiques de celui que je ne voyais que comme un sympathique navigateur, j’en ressortais très agréablement surpris, touché par la sensibilité et l’émotion véhiculé dans ses crayonnés. J’attendais donc avec un apriori plutôt positif une publication dédiée à ses travaux photographiques. Et c’est un succès.
Ces grands tableaux ont été recréés en atelier à partir de plusieurs images, argentiques et numériques. Un savant assemblage qui permet d’obtenir un plan très large et qui laisse au spectateur/lecteur le loisir de se perdre dans tous les détails.
Chaque photo porte le nom de celle qu’il met en lumière. L’information est complétée par un lieu et une date. Ce ne sont pas de simples anonymes mais bien des individus qui apportent un éclairage complémentaire au cliché au travers de leur témoignage. Lamazou leur donne la parole à la fin de l’ouvrage offrant ainsi au lecteur un contexte pour compléter la contemplation de ces images.
Cela peut être un détail sur les circonstances de la prise de vue ou un projet à court ou
Indépendamment que l’aspect « témoignage social » de ces œuvres, l’œil profane pourra aussi apprécier la composition et la lumière de chacun de ses tableaux-photos. Que ce soit dans sa représentation des grands espaces (Koutchougouï/Sibérie) ou des intérieurs (les capharnaüm de Esmeralda/Arles et de Beitna/Nouakchott ou le dépouillement le plus
On appréciera la qualité des reproductions dans ce beau livre de Glénat avec néanmoins un reproche sur la forme : la coupure par le milieu des photos qui s’étalent sur deux pages. Obligatoire si l’on veut les représenter dans un format large, mais parfois dérangeant.
Actuellement en expo à Perros-Guirrec, il sera bientôt visible à la galerie Adamson à Washington DC. On peut déjà admirer quelques photos sur le site de la galerie.
Fiche technique
Format : album (304 x 366 mm, façonnage souple)
Pages : 116
Editeur : Glénat
Sortie : 7 juillet 2010
Prix : 39,00 €