La Disparition de Paris et sa renaissance en Afrique – Avis +

Ce n’était pas un accident : un être humain avait levé la main sur elle. Elle était abasourdie comme le serait un homme habitant la Normandie ayant contracté le paludisme. C’était impossible. Cela voulait dire que la géographie elle même avait un problème, il faudrait refaire toutes les mappemondes, un glissement de terrain avait eu lieu, gigantesque et silencieux.

Paris s’éveille et les nouvelles ne sont pas bonnes. Une matraque maniée par un policier s’est abattue sur la tête d’une femme noire de 70 ans. Pendant qu’hommes politiques et émeutiers s’agitent, le maire délègue un de ses envoyés au chevet de cette femme d’affaire africaine ayant plus de pouvoir qu’un chef d’Etat. La victime ayant manifesté une certaine rancœur, souhaite une mesure de rétorsion : la destruction de Paris. Rien de plus, rien de moins. Fasciné par la personnalité de Fata Okoumi, Mathias l’envoyé du maire s’efforce de trouver un moyen de contenter la malheureuse.

Dès lors le récit va se dérouler sur plusieurs plans. La description de la ville de Paris nous renseigne parallèlement sur la personnalité du narrateur qui s’extasie devant la beauté d’un métro aérien. Lorsque sa vie privée est évoquée, on peut se demander si la rupture avec sa maîtresse n’a pas servi de catalyseur à sa volonté de faire table rase.

La bavure policière a déclenché à travers le monde une solidarité envers la malheureuse victime. Or cette dernière s’est enrichie dans le trafic de diamants et d’uranium, mais aussi dans le commerce avec l’Afrique du Sud alors en plein apartheid. Ces faits sont écartés du raisonnement de la population mondiale qui ne voit que l’apparence d’une brutalité policière.

Puis l’hypothèse de l’agression raciste disparait lorsqu’est révélée la personnalité du policier matraqueur, qui affirme n’avoir agi que par un réflexe de peur. Confronté à Fata Okoumi qui refusait de lui montrer ses papiers son instinct de survie se serait-il réveillé ?

Il ne s’agit que d’hypothèses que le lecteur peut formuler. Quant à Mathias subjugué par Fata Okoumi, il poursuit son projet d’anéantissement parisien. Après avoir envisagé la destruction d’une réplique il s’efforce de mettre du pragmatisme dans son raisonnement en ne détruisant qu’une partie de Paris et pour cela… il s’adresse au maire ( !).

Ayant manqué de peu le prix Renaudot avec Peut-être une histoire d’amour Martin Page nous offre une savoureuse allégorie sur les apparences. Ce roman[[prix du roman Ouest-France /Etonnants Voyageurs]] se situe dans la lignée des oeuvres de Serge Brussolo ou de Pierre Boulle où le comportement humain dominé par l’absurde poursuit sur sa lancée alimenté par sa propre logique interne.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 213
Editeur : Editions de l’Olivier
Sortie : 7 janvier 2010
Prix : 16,50 €