Présentation de l’éditeur
Green River, un pénitencier de sécurité maximale au Texas. Un univers sans pitié où le silence n’existe pas, l’obscurité non plus. Un véritable enfer, entre tensions raciales et violences quotidiennes, dans lequel vivent cinq cents âmes perdues. C’est ici que Ray Klein, ancien médecin, purge sa peine. Alors que sa libération approche, une émeute éclate dans la prison. Au milieu du chaos et de l’anarchie, Ray, qui est tombé amoureux de Juliette Devlin, psychiatre judiciaire, va tout mettre en œuvre pour sauver la jeune femme séquestrée avec ses patients dans l’infirmerie.
Avec ce huis clos impitoyable peuplé de figures effrayantes, depuis John Campbell Hobbes, directeur de prison psychorigide, jusqu’à Henry Abbott, meurtrier schizophrène, Tim Willocks nous offre un portrait terrifiant de la vie carcérale. Il nous donne surtout un thriller prodigieux, au rythme haletant et au suspens oppressant.
Avis d’Enora
Green River est la réédition d’un des premiers ouvrages de Tim Willocks, paru en France en 1995 sous le titre L’odeur de la haine. On ne peut s’empêcher en le lisant, de penser à certains aspects de La ligne verte de Stephen King ou à la série Oz qui paraitront quelques années plus tard.
Nous sommes à Green river, un pénitencier de sécurité maximale au Texas, dirigé par John Campbell Hobbes, un dangereux maniaco-dépressif. Des centaines d’hommes, de tous les horizons, de toutes les classes sociales et de toutes les origines s’entassent ici avec un seul but : survivre. Certains sont prêts d’être libérés, d’autres en ont pris pour mille ans (sic !), certains sont innocents, d’autres sont coupables mais tous ont le même quotidien fait de violence. Ici la pitié est une faiblesse donc un danger, autant celle des autres que la sienne ; on réprime sa souffrance et on ignore celle des autres si l’on veut vivre. Au milieu des tensions raciales, du sexe, de la drogue et de la violence, la mort fait partie du quotidien mais rien n’est plus bas que la mort lente due au sida, « la maladie des pédés ».
Un jour une émeute éclate …
Avec une écriture magistrale, Tim Willocks nous emmène dans un huis clos terrifiant de réalisme. Il y analyse les faiblesses et les grandeurs de l’âme humaine dans toutes ses déclinaisons. Ici pas de manichéisme, tous ses personnages ont leurs zones d’ombre et pour certains de lumière.
Il y a Henry Abbott, le géant de deux mètres, plus enfermé dans sa psychose que dans la cage du pénitencier et qui entend la voix de Dieu. Earl Coley, métayer noir, jeté en enfer vingt-trois ans plus tôt par un jury raciste et devenu infirmier au centre pénitencier. Reuben Wilson, l’ancien boxeur condamné pour le meurtre d’une prostituée. Claude, le transsexuel devenu Claudine. Moitié blanc, moitié noir, moitié homme, moitié femme, il ne trouve aucune place dans ce monde revenu au tribalisme archaïque.
Juliette Devlin, la psychiatre venue faire une étude sur le sida dans une institution pénitencière pour savoir si la mort est plus facile à accepter en fonction des conditions de vie. Entre Ray et elle, est née une attraction mutuelle. Seul personnage féminin, elle est particulièrement intéressante dans sa complexité et son évolution. Ray Klein, ancien chirurgien condamné pour le viol de sa copine, qui attend sa liberté conditionnelle avec une ambivalence due à la terreur de se retrouver dans le monde extérieur. Il est le personnage clef du roman.
Tim Willocks mène son suspense de main de maitre, le point central étant la révolte (il est d’ailleurs particulièrement intéressant d’analyser son pourquoi, son comment et sa propagation en chute de dominos) et l’influence qu’elle aura sur le comportement des uns et des autres.
Avec son récit sombre, violent, superbement maitrisé, Tim Willocks nous livre un roman nietzschéen : dans cet univers carcéral, les hommes se retrouvent dans un univers sans dieu, où les vieux principes n’ont plus cours, où l’injustice ne se trouve pas dans les droits inégaux mais dans la prétention à des droits égaux et où ils doivent se redécouvrir, se redéfinir, avec leur histoire derrière eux et au milieu des autres. La profondeur de ce roman tient donc aussi aux thèmes sous-jacents comme l’amitié, l’amour, la loyauté.
Un vrai coup de cœur, à découvrir ou à relire de toute urgence !
Fiche technique
Format : broché
Pages : 411
Editeur : Sonatine
Sortie : avril 2010
Prix : 20 €