Présentation de l’éditeur
Thomas Pitt, agent des services très secrets de la reine Victoria, la Special Branch, et son supérieur, le glacial Narraway, sont convoqués de toute urgence au palais de Buckingham. L’impensable vient de se produire : un crime barbare a été commis sur la personne d’une prostituée, retrouvée au petit matin dans un placard.
La jeune femme était » invitée » à une fête très privée donnée par le prince de Galles… Le coupable doit être désigné et l’affaire étouffée au plus vite, avant que le scandale ne s’ébruite hors du palais, au risque de mettre le Couronne en péril…
Avis de Valérie
Nous ne suivons pas ici réellement une enquête, mais une étude de caractères qui prend source au sein de la bonne société anglaise en accompagnant certains des protagonistes dans leurs réflexions. Le prince de Galles a convié quatre couples attachés à un projet pharaonique : construire une ligne de train qui traversa par sa longueur le continent africain, du Cap au Caire.
Après un repas arrosé, les hommes se sont réunis dans une salle où des femmes de « mauvaises vies » avaient été invitées pour leur faire oublier leur rang. Le lendemain matin, la Special Branch est convoquée d’urgence. L’une des prostituées a été retrouvée égorgée et éventrée…
Notre si perspicace Pitt se retrouve ici fort dépourvu. Sa femme, Charlotte, qui l’a aidé à comprendre la bourgeoisie et même s’y introduire ne peut lui être d’aucune utilité. L’aristocratie, à ce niveau, est d’autant plus hermétique qu’elle côtoie la raison d’état.
Victor Narraway, son supérieur, va avoir une bonne idée. Introduire sous couverture au palais la petite bonne que la famille Pitt emploie depuis des années, Gracie, afin de percer à jour les pensées les plus intimes à la fois des serviteurs mais également des invités du prince de Galles.
Anne Perry va nous dépeindre avec force détails et émotions, les psychés que l’on pourrait qualifier de représentatives de cette époque. Néanmoins, certains sentiments sont universels et la résolution de l’énigme en sera la preuve. Plutôt que demeurer auprès des enquêteurs, l’auteur s’attarde auprès de Gracie, mais aussi de la femme de l’un des invités, Elsa, que nous apprenons à découvrir.
La surprise viendra de la princesse Alexandra, épouse du prince, qui s’avérera une alliée précieuse pour Thomas tout autant qu’inatendue. Sa surdité prononcée lui offre une dimension supplémentaire à la compréhension des caractères puisque souvent ignorée des conversations, elle peut étudier l’expression corporelle des convives qui oublient quelques fois que la surdité ne rend pas aveugle.
L’intrigue n’est pas délaissée, et bien que l’introspection des invités est particulièrement mise en valeur, nous lisons un véritable roman policier dont les tenants et aboutissants se mêlent à la grande Histoire. Néanmoins, nous avons un Pitt désemparé qui devant le silence des uns et la complexité des faits passe au second plan.
Grande réussite, Buckingham Palace garden n’est peut-être pas le livre de l’auteur avec lequel débuter, car il est plus touffu que les précédents de la série Pitt, mais puisque les personnages principaux sont mis de côté, il n’est pas nécessaire de connaître l’environnement habituel pour l’apprécier.
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 408
Editeur : 10/18
Collection : Grands détectives
Sortie : 8 janvier 2009
Prix : 8,60 €