Chambre 207 – Avis +

Présentation de l’éditeur

Hillbrow : le quartier le plus dangereux de la ville la plus dangereuse du monde. Un endroit où personne ne veut s’éterniser. Pendant plus de dix ans, six jeunes hommes y partagent la même chambre. Réussir à s’en sortir est leur but. La musique, l’écriture et les filles sont leurs passions.

A travers leur histoire, K. Moele aborde le quotidien des jeunes sud-africains. Ce roman désenchanté et ironique, au style direct connue un coup de poing, a déclenché de vives polémiques dans son pays, à cause de sa façon d’aborder le racisme, la violence et la pauvreté.

Avis d’Enora

La chambre 207 c’est la chambre que six jeunes hommes vont partager pendant plus de dix ans. Il y a Baba le narrateur qui écrit des scripts et essaie de les vendre; Matome le lève tôt qui croit en lui comme on croit en Dieu ; D’nice qui avait fait ses études à Wits et assure comme un malade avec le sexe opposé ; Molano, l’ancien chauffeur de poids lourds devenu écrivain/réalisateur/acteur/poète/producteur, avec un perpétuel sourire qui fait croire qu’il connait tout sur tout dans ce vaste monde ; Modishi, l’homme honnête, l’homme d’une seule femme, surnommé le Baptiste ; Zulu-boy, le zoulou dealer à ses heures, qui aime la ville et comprend chacune de ses âmes.

La chambre 207 est l’une des chambres d’un hôtel délabré de Hillbrow, le quartier le plus mal famé de Johannesburg, « la cité des rêves », la ville la plus dangereuse au monde. Car à Johannesburg, soit tu es rapide, soit tu es mort et il n’y a que lorsque ton sang s’est mélangé à son sol que tu peux être en parfaite connexion avec elle.

La musique, la misère, l’amitié, les filles, l’alcool sont leur univers. Réussir à s’en sortir est leur but. Leur vie oscille entre espoir et contradiction, entre amour et haine, entre orgueil aveugle et fierté artificielle : « Ce que nous sommes tout au fond de nous constitue notre identité en tant que nation, en tant qu’Africains. Comme moi, vous voulez croire que vous êtes heureux. Mais ce que j’ai remarqué, c’est que nous avons une haine nationale de nous-mêmes. Nous ne nous aimons pas. En chacun de nous, quel qu’il soit, il n’y a pas d’amour mais de la haine et de la colère »

Avec une combinaison d’humour et de réalisme, à travers les visions différentes de ses six protagonistes, K Moele aborde les problèmes du quotidien auxquels cette jeune génération post-apartheid est confrontée : la misère, le racisme (comment vivre avec ceux qui en se découvrant une conscience, les considèrent enfin comme des êtres humains), le sentiment de trahison vis à vis des politiciens qui ont introduit la nation dans un monde de mensonges, d’argent et maintenu les gens dans le malheur. Tout est miroir aux alouettes à l’image de Johannesburg où les jeunes viennent pour décrocher un diplôme afin d’avoir une vie meilleure et qui ne se révèle en fait que violence, insécurité, racisme et sexisme. Et pourtant c’est dans ces rues que le narrateur a tout appris des relations humaines : l’amitié, l’amour mais aussi la jalousie devant la réussite des autres, l’ambition et l’avidité.

Kgebetli Moele, né en 1978, fait partie des nouveaux auteurs sud-africains et signe ici un premier roman coup de poing, courageux et réaliste sur la jeune génération noire, confrontée à la misère, aux préjugés mais aussi raccrochée à ses espoirs.

Un bouleversant témoignage sur l’Afrique du Sud d’aujourd’hui.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 269
Editeur : Yago
Collection : Ciel Ouvert
Sortie : 2 février 2010
Prix : 18 €