Avatar – Avis +/-

Présentation officielle

Dans le futur, un ancien Marine américain paraplégique est envoyé sur une planète, Pandora, pour coloniser celle-ci et l’exploiter. Or, le soldat se trouvera rapidement en conflit avec ses semblables et appuiera les habitants de Pandora, les Na’vis. Ceux-ci sont des humanoïdes avec leur propre langue et culture.

Avis de Luk

Le film projeté en relief donne un effet, quoi qu’on en dise, assez saisissant. Je suis néanmoins sorti du film avec un mal de crâne persistant, et en me demandant comment ont fait les myopes qui avaient une autre paire de lunettes à porter pour voir le film…

Avatar est techniquement irréprochable le mélange des acteurs et des personnages en image de synthèse se fait totalement oublier. Les expressions faciales des acteurs ont ainsi été filmées par une petite caméra fixée sur un casque spécifique et restituées sur les personnages virtuels. L’avantage de cette technique est de pouvoir enfin proposer des personnages qui ne sont pas des comédiens avec des postiches. Les Na’vi font ainsi 3 mètres de haut, ont des proportions impossibles, notamment un écartement des yeux totalement différent de celui d’un humain, ce qui contribue au dépaysement du film.

Le travail graphique est de très haut niveau, on imagine qu’il a fallu des armées d’infographistes et des puissances de calcul phénoménales pour produire toutes ces images. La musique en revanche avec ses accents de world music aseptisée a du mal à passer inaperçue tellement elle est sirupeuse.

Il n’en demeure pas moins qu’en dépit de ses indéniables qualités techniques, Avatar propose de la mauvaise science-fiction. Elle est traditionnellement mal servie au cinéma et Avatar ne fait pas exception à la règle. A titre d’exemple, l’une des contrée de Pandora se caractérise par des montagnes flottantes. Celles-ci demeurent en suspension dans l’air et quelque chose dans la zone brouille les capteurs des engins terriens. On comprend mal comment les humains peuvent ne pas s’intéresser à ce phénomène fabuleux. Ils trouvent ça beau, mystérieux mais leur soif d’argent et de pouvoir (ils sont là pour extraire de l’unobtainium, le nom est bien trouvé) ne semble pas se porter sur cette merveille qui défie les lois de la physique.

Avatar fait penser à une sorte de western à la sauce Internet. En effet, les habitants de Pandora font furieusement penser à des Amérindiens : peintures et cris de guerre, tir à l’arc, longues tresses de cheveux noirs, rendant hommage à la nature et chevauchant des bestiaux galopants ou volants. Leurs tresses comportent à son extrémité une sorte de plumeau rose qui leur permet de se relier directement avec l’écosystème local. Ainsi, ils peuvent se connecter avec certaines plantes qui sont toutes reliées les unes aux autres, formant ainsi un réseau qui possède plus de connexions qu’un cerveau humain. On l’aura compris Pandora dans son ensemble est une entité à part entière avec laquelle les Na’vi vivent en symbiose. Ces derniers peuvent également se connecter à leurs chevaux à 6 pattes et aux sortes de ptérodactyles locaux qu’ils montent, ce qui fait furieusement penser au genre cyberpunk. Les seules entités avec qui ces créatures ne semblent pas se connecter sont elles-mêmes. Pourquoi ? Sans doute parce que ce n’est pas exploitable dans le jeu vidéo. Tout une gamme de ressorts scénaristiques auraient pu être exploités à partir des idées présentes dans le film, mais il n’en est rien.

Le scénario est à l’exact opposé de l’image. Si la seconde est en relief, le premier est particulièrement plat. Aucune surprise de ce côté là, Cameron nous livre un scénario hollywoodien des plus conventionnels. On a beau chercher quelques messages cachés, notamment quand le méchant annonce des frappes préventives comme Georges Bush en son temps, le propos ne va pas plus loin. Même chose sur le thème écologique quand le héros déclare que sur Terre les humains ont tué leur mère (la nature).

L’univers d’Avatar est un décor coloré et fouillé mais il n’est qu’une toile de fond pour laquelle des influences hétérogènes ont été mixées afin de vendre du jeu vidéo et surtout de conserver une histoire très facile d’accès. Sans doute est-il préférable, en effet, de ne pas donner deux occasions d’avoir mal à la tête dans le même film.

Ce block-buster de Noël remplit son office. Comme tous les films du genre depuis des années, chaque scène un peu marquante au début servira à résoudre une action dramatique à la fin. On retrouve également les trois temps habituels : d’abord les personnages se découvrent et tout est au mieux dans le meilleur des mondes. Ensuite les squelettes sortent du placard et tout s’effondre. Enfin ils se réconcilient et terrassent les méchants. La particularité d’Avatar est que ce schéma se répète deux fois, pour la relation sentimentale entre les héros, puis pour la guerre contre les vils Terriens et cela provoque des longueurs sur les 2H30 de film. On trouve encore et toujours l’importance de la foi, Dieu est ici remplacé par l’entité plus proche de l’idée de Gaïa. Le héros qui a été plus ou moins élu par elle, le prie pour obtenir son aide bien qu’on lui ai expliqué qu’elle ne prend pas partie… sauf à la fin du film où elle change soudainement d’avis, ruinant du coup le peu de spécificité du traitement du thème. Les gentils qui n’ont pas la foi meurent, non sans connaître la rédemption. En bref rien de bien neuf sous le soleil hollywoodien.

Ce tableau peu valorisant ne doit néanmoins pas trop enfoncer un film qui, dans la catégorie production industrielle hollywoodienne, est parfaitement dans les clous et fort bien fait : certaines scènes sont prenantes et l’action haletante mais en dépit des moyens colossaux mis en œuvre, Avatar n’est pas la révolution que ses promoteurs prétendent.

Fiche Technique

Sortie : 16 décembre 2009

Avec : Sam Worthington, Zoe Saldana, Sigourney Weaver, Lola Herrera, Michelle Rodriguez, Giovanni Ribisi

Durée : 156 minutes

Distributeur : 20th Century Fox