Mauvaise réputation – Avis –

Présentation de l’éditeur

Ballerine à Paris, Sylvie intercepte une lettre destinée à sa mère adoptive et apprend qu’une certaine lady Grantham serait sa soeur. Après avoir débarqué en Angleterre, elle se rend chez cette dernière pour s’entendre traiter d’aventurière et de profiteuse ! C’est qu’elle n’est pas la seule à affirmer avoir un lien de parenté avec la vicomtesse.

Dépouillée par un brigand, Sylvie se retrouve à la rue et n’a plus qu’à quémander l’aide de ce charmant gentleman rencontré dans la diligence. Enfin, d’un gentleman, Tom Shaughnessy n’en a que l’apparence. N’est-il pas le directeur d’un théâtre ou l’on donne des divertissements polissons ? Puisque Sylvie est danseuse, il lui offre le premier rôle de son prochain spectacle,  » Vénus « .

Et voilà comment une danseuse étoile se retrouve meneuse de revue…

Avis de Callixta

Il y a quelques mois Julie Anne Long nous présentait sa nouvelle trilogie autour de trois sœurs séparées encore petites. Après Susannah qui s’est heureusement mariée, voici Sylvie, élevée en France et danseuse ballerine de son état. Au début du livre, nous apprenons que Sylvie est sur le point de partir pour l’Angleterre. Elle a découvert une lettre cachée par sa mère adoptive qui révèle qu’elle a une sœur de l’autre côté de la Manche. Sans une seconde de réflexion, elle quitte tout, y compris sa confortable position de danseuse étoile à Paris pour s’embarquer avec des renseignements plus que succincts. Le voyage est pénible, l’arrivée agitée. A peine a-t-elle mis pied à terre qu’elle rencontre un superbe spécimen masculin, Tom Shaughnessy, propriétaire d’un théâtre londonien. Elle sera amenée à le revoir.

Parlons déjà de ce qui fâche et qui est malheureusement bien plus long que ce qui est réussi. Julie Anne Long écrit de la romance historique mais se moque de la chronologie et du contexte. Je défie quiconque de déduire de la lecture de ce livre à quelle époque nous nous trouvons. Il semblerait que nous soyons juste après la Régence donc dans les années 1820 et 1830 mais l’auteur fait allusion à un célèbre ballet dansé par notre Sylvie, Le lac des Cygnes dont Tchaïkovski composera la musique en…1875… Ce n’est pas un anachronisme c’est une faille spatio-temporelle ! Tout est l’avenant comme cette pertinente allusion au sport national français du début du dix-neuvième siècle, la pétanque… Vous l’aurez compris, le contexte est rendu de façon affligeante.

Si le lecteur parvient à se détacher de ces incohérences, il risque de buter sur celle de l’intrigue. Sylvie débarque du bateau et tombe précisément sur un homme qui pourra l’engager puisqu’il a un théâtre et comble de bonheur, il travaille avec une femme qui connaît sa mère adoptive… Ajoutons encore que Sylvie, danseuse et femme libre de son époque (pourquoi pas ?) ne fait même pas sourciller sa sœur vicomtesse qui l’accueille les bras ouverts ainsi que son amant qui dirige un théâtre qui organise des spectacles licencieux. Nous passerons charitablement sur les autres coïncidences et rebondissements pas forcément très fins.

Pourtant, l’idée était séduisante : le héros, Tom Shaughnessy sort du ruisseau et est aux prises avec les difficultés d’un homme qui n’est pas bien né et qui pourtant fréquente des puissants. Nous connaissons sous la plume de Lisa Kleypas par exemple ce genre de héros. Il est en plus à moitié gitan et irlandais. C’est un paria qui s’est fait à la force du poignet mais Julie Anne Long a pourtant du mal à susciter plus qu’une étincelle d’intérêt pour lui. Sylvie est aussi un personnage intéressant et non-conformiste mais tout cela ne suffit pas à créer une histoire intéressante, loin de là. Le milieu choisi était truculent et audacieux. Le Lys blanc, le théâtre de Tom, est un lieu qui accueille le demi-monde et les aristocrates qui veulent s’encanailler. Si nous assistons à quelques scène plutôt amusantes (mais peu fines) sur les spectacles offerts au public et sur les danses audacieuses, nous restons clairement sur notre faim. La relation entre Tom est Sylvie est en plus maladroitement menée et même si elle avait, elle aussi, un bon potentiel, elle n’est pas exceptionnelle.

Il faut vraiment lire ce livre pour le contexte différent qu’il offre qui est la seule promesse tenue de la quatrième de couverture. Il est même question dans celle-ci de Sylvie, meneuse de revue, ce qu’elle ne sera jamais… Julie Anne Long est un auteur de romance historique qui souffre sans aucun doute de la comparaison avec les meilleures qui sont publiées actuellement dans la collection Aventures et Passions. Il est clair qu’elle n’est pas à leur niveau.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 312
Editeur : J’ai lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 21 octobre 2009
Prix : 6,50 €