Oscar Pill, La Révélation des Médicus – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

À douze ans, Oscar Pill apprend qu’il n’est pas un enfant comme les autres : c’est un Médicus, capable de voyager dans le corps humain pour le guérir. Il part alors faire son apprentissage à Cumides Circle, sous la direction de Winston Brave, chef de l’Ordre des Médicus.

Dans la vénérable demeure où la magie règne, il pratique ses premières Intrusions corporelles dans le but de soigner les maladies. Mais le temps presse : les Pathologus, porteurs de virus et ennemis jurés de l’Ordre, sont de retour…

Avis de Irène

C’est l’hiver à la forteresse du Mont-Noir, en Sibérie. Le gardien Sergueï Popov apporte son repas du soir à un prisonnier particulièrement bien gardé, un homme aux pouvoirs étranges et dont il ne faut jamais croiser le regard. Mais cette fois, Sergueï découvre la cellule vide. Vide ? Quelques instants après, il est pourtant saisi par une force mystérieuse, sort de la forteresse comme un somnambule, puis meurt, foudroyé par… le prisonnier, bien sûr, qui a trouvé le moyen de prendre possession du corps du malheureux gardien. Un individu maléfique, Skarsdale, terrible Prince des Pathologus, est désormais en liberté, et bien décidé à se venger !

C’est ainsi que commence le premier roman de la série Oscar Pill, écrit par le médecin et romancier Eli Anderson (qui, comme son nom ne l’indique pas, est le pseudonyme d’un Français, Thierry Serfaty) et qui paraît en France le 5 novembre aux éditions Albin Michel.

Dès le début, on est dans un univers proche du cinéma ou d’une série télévisée américaine : Oscar vit avec sa mère et sa sœur à Babylon Heights, une banlieue de Pleasantville, les autres élèves ont pour nom de famille Ronan Moss, Ayden Spencer, Cole Doherty, et ainsi de suite. En fait, l’histoire est censée se passer aux États-Unis, où les grands-parents d’Oscar, d’origine française, auraient émigré. Pourquoi pas…

Sauf que tout cela est bien conventionnel, et que l’auteur ne parvient pas à rendre ce cadre naturel ni à y intégrer ses personnages de façon réaliste. En fait, les scènes se déroulant dans le quartier d’Oscar font plus penser à une petite ville française, malgré tous ces noms anglo-saxons ! Et un peu plus loin, quand on découvre le quartier-général des Médicus, le récit semble transporté soudain dans un manoir victorien digne des romans d’Agatha Christie. Ou peut-être de la saga Harry Potter ? Car c’est l’autre impression flagrante que donne ce roman : une tentative de reproduire la « recette » du petit sorcier créé par J. K. Rowling.

Faisons le compte : comme Harry au début de la série, le jeune Oscar est un jeune adolescent ; il est orphelin (dans son cas, seulement de père) ; il a une particularité physique frappante (des cheveux très roux) ; son père est mort dans des conditions mystérieuses ; et une étrange destinée semble associée au souvenir de ce père…

Tout cela est donc extrêmement évident pour un lecteur un peu aguerri. Mais attention, cela ne veut pas dire que le roman soit désagréable à lire ! Eli Anderson est indéniablement doué pour faire partager le point de vue de son jeune héros, pour transmettre les émotions d’un enfant de douze ans confronté à un monde complexe et parfois dangereux. Oscar Pill est un héros très humain, prompt à la générosité mais aussi à la colère et au dépit, et qui trouve des ressources dans sa vie intérieure, dans le souvenir d’un père qu’il adore mais qu’il n’a jamais connu.

Certaines de ses réactions en apparence irrationnelle ne font que le rendre plus réel, plus attachant : par exemple, en apprenant que son père est mort en défendant le monde contre Pathologus grâce à ses pouvoirs spéciaux, et que lui, Oscar, a hérité de ce talent de Médicus, il est dans un premier temps partagé entre le désir d’en savoir plus et la peur de faire de la peine à sa mère, qui est marquée par la mort de son mari et refuse depuis de parler des Médicus. Quand l’envoyée de l’ordre des Médicus vient inviter Oscar à les rejoindre, son premier mouvement est donc de refuser !

Heureusement, Oscar et sa mère parviennent bientôt à accepter la réalité, en bien comme en mal, et à comprendre que telle est la vocation d’Oscar.

Ainsi commencent les véritables aventures d’Oscar Pill, par la découverte et l’apprentissage de ses pouvoirs de Médicus, c’est-à-dire d’un groupe d’hommes et de femmes capables de se miniaturiser et de voyager dans le corps humain pour contrer les déprédations d’êtres maléfiques, les Pathologus. Le parallèle avec la médecine et les pathologies est bien sûr évident, mais c’est ce qui fait à mon sens une bonne partie du charme de ce roman : la « magie » ici n’est pas gratuite, c’est une façon imagée et astucieuse de réviser ses connaissances en physiologie et en anatomie en suivant les voyages d’Oscar à travers le corps humain.

Au final, je dirais que c’est un roman sympathique et distrayant, même si le style et le cadre du récit restent assez simplistes, et qu’il devrait surtout plaire aux enfants de moins de 12 ans.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 576
Editeur : Albin Michel
Sortie : 4 novembre 2009
Prix : 19 €