Un soir à la maison – Avis +

Présentation de l’éditeur

Un sujet de rédaction qui n’inspire pas vraiment cet écolier :  » Un soir, à la maison.  » Des parents las, une sœur enceinte, un frère idiot… Non, l’instituteur n’a pas besoin de savoir tout ça. On ne peut tout de même pas tout raconter. Annie Saumont, elle, le peut. Les mains d’un amant quand on ferme les yeux, la lâcheté des hommes, les plats du jour, une lettre perdue, un sixième bol, un livre de sainte Thérèse planqué sous un étal de boucherie, un slip de bain tigré, des chocolats, la fin du monde… Voilà le temps qui passe, les mots qui coulent, ceux qu’on ne dit pas et ceux que le silence excuse. Ce sont des tranches de vie, des paroles en l’air, d’autres qui retombent. Un élève qui sèche. Un écrivain qui dit le quotidien, l’amour, la haine, le bonheur et la déception. Et tout, dans ce bref recueil, dit les errances de l’âme humaine dans un monde qui ne suffit pas.

Avis d’Enora

Avec plus de deux cents nouvelles réunies dans une vingtaine de recueils, Annie Saumont est une des plus grandes nouvellistes française et son travail a été récompensé par de nombreux prix dont celui de la Nouvelle décerné par l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

Un soir à la maison, c’est dix huit nouvelles dans lesquelles en quelques phrases, en quelques pages, l’auteur épingle une situation – souvent un drame – débusquant d’une écriture incisive, le plus intime de l’humain, celui qui confine parfois à la folie. Avec tendresse et humour noir, elle convoque nos démons, nos faiblesses, nos blessures, prêtant ses mots aux fragiles, aux handicapés de la vie : De l’auteur qui en perdant son plus fidèle lecteur, perd aussi son inspiration, à la bouchère mystique qui se convertit suite à une plaisanterie, en passant par le jeune garçon qui sèche sur son sujet de rédaction « Un soir à la maison » et qui prend conscience de l’immense dysfonctionnement de son environnement familial.

Et toujours cette plume sublime, grinçante qui se rit des mots et de la syntaxe. Sur la vieillesse d’une femme : « En devenant indésirable, on devient – curieux paradoxe – violemment désirante »

Sur la mère qui toute à ses amours adultères, cale le biberon de son bébé entre des livres : « Entre un exemplaire de La divine comédie et un Manuel des bonnes manières, une cordelette fixant le tout, ça tient, un lien peut en cacher un autre »

Sur le goujat qui trompe son amie : « Bien entendu, je te la présenterai. C’est cool que tu te sois décidée à aborder le sujet qu’on évitait jusque là… Un jour prochain je t’aurais raconté. Rien ne pressait puisque notre accord est basé sur une vraie amitié. Une totale confiance. »

C’est noir, très noir, décalé, décapant. En un mot, c’est génial !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 153
Editeur : Pocket
Sortie : 2 juillet 2009
Prix : 5 €