Le dernier rêve de la colombe diamant – Avis +

Présentation de l’éditeur

Entre collines rouillées et plaines brûlées, la communauté aborigène de Moonlight Downs est un monde sauvage et magique où rituels et traditions rythment la vie… et la mort. C’est là qu’Emily Tempest, fille d’une aborigène et d’un chercheur d’or, a passé son enfance, et c’est là qu’elle revient après de longues années d’errance à travers le monde.

Mais à peine est-elle arrivée que la violence se déchaîne. Le leader de la communauté est assassiné, le principal suspect, un sorcier complètement allumé, a disparu dans le bush et la communauté se disperse aussitôt. Emily échoue alors à Bluebush, un trou perdu et crasseux où règnent les tensions raciales et les cafards, peuplé de mineurs et d’ivrognes, décidée à retrouver l’assassin de son vieil ami…

Avis d’Enora

Apres avoir parcouru le monde, Emily Tempest, fille d’une aborigène et d’un mineur blanc, retourne sur les lieux de son enfance, à Moonlight Downs, situé dans l’Outback australien, à neuf heures de route d’Alice Springs. C’est ici que son père l’a conduite à quatre ans lorsque sa mère est morte, c’est ici qu’elle a grandi, fait les quatre cents coups et parcouru le bush avec son amie, Hazel, l’aborigène aux yeux bridés, vestige d’une époque où les chinois et les hommes noirs s’étaient mutuellement offerts un peu de réconfort. Son caractère fort, curieux, qui la pousse à transgresser les codes, lui vaudra à l’adolescence d’être envoyée en ville pour sa propre sécurité. Le temps a passé et lorsque Emily revient, tout a tellement changé qu’elle ne sait plus où elle est, ni qui elle est. Peu de temps après son arrivée, un des leaders de la communauté est assassiné et seule Emily semble être intéressée par la découverte du coupable. Curieux comportement pour une communauté, qui comme toutes les cultures tribales, est ravagée par le cycle sans fin de la vengeance…

Adrian Hyland a travaillé dix ans avec les Aborigènes d’Australie centrale, avec lesquels il dit avoir passé les plus beaux moments de sa vie. Il écrit sur ces gens qu’il connait et qu’il aime ; ces hommes riches de l’esprit de leur terre, plein de tendresse, d’humour, profondément attachés à leur traditions.

Ce roman qui transporte le lecteur à la rencontre d’une autre culture est bâti comme un roman policier. Mais si l’intrigue bien menée maintient le suspense jusqu’aux dernières pages, elle est presque secondaire par rapport à l’histoire de ces hommes et de ces femmes, Aborigènes, mineurs, policiers, fermiers blancs qui vivent sur cette terre. L’héroïne avec sa double culture symbolise un peu la recherche de chacun pour trouver sa place dans cet Outback, après que leurs terres ont été restituées aux premiers habitants. Sans manichéisme, l’auteur montre les bons et les mauvais cotés de tous ces protagonistes, ne condamnant pas mais observant, ne justifiant pas mais nuançant, laissant au lecteur le choix de tirer ses propres conclusions.

Et puis il y a ce magnifique personnage féminin ! Une jeune femme qui, après avoir parcouru le monde, se rend compte qu’elle doit revenir sur la terre de ses ancêtres pour avoir une chance de connaitre la paix de l’âme ; à la fois fragile et forte, pleine d’ironie mordante et d’autodérision, au regard aussi incisif que la langue. L’auteur dit qu’au cours des nombreuses années qu’il a passé en Australie centrale, il a rencontré un certain nombre de femmes comme Emily, courageuses, pleines d’esprit, prêtes à se battre pour défendre leur famille, leur terre, leur communauté.

Le dernier rêve de la colombe diamant est un superbe roman, écrit d’une plume brillante, tour à tour poignante et malicieuse[[Il faut saluer la qualité de la traduction faite par un autre écrivain qui connait bien le sujet : David Fauquemberg, Lauréat du prix Nicolas-Bouvier au festival Etonnants Voyageurs pour Nullarbor, écrit après un séjour en Australie.
]]. Unanimement salué en Australie, il a obtenu le Ned Kelly Award du meilleur premier roman en 2007. Il est de ces œuvres qui peuvent faire avancer la fragile compréhension mutuelle entre des communautés, malgré la culpabilité, la colère et le désespoir qui teintent encore les relations.

A noter qu’Adrian Hyland a déjà écrit un autre roman mettant en scène son héroïne, Moonlight Downs, paru en février 2008 et que le prochain Gunshot Road, sortira en mai 2010.

Fiche technique

Format : poche
Paris : 413
Editeur : 10/18
Collection : Domaine étranger
Sortie : 1 octobre 2009
Prix : 8,60 €