La vieille anglaise et le continent – Avis +

Présentation de l’éditeur

« Certaines personnes sont si profondément attachées à la Vie sous toutes ses formes, tous ses aspects, qu’elles consacrent leur existence à sa préservation, quitte à sacrifier celle des autres…

Ann Kelvin, elle, lui consacrera sa mort. »

Avis d’Enora

La nouvelle est un genre difficile, souvent mal-aimé, quelquefois mésestimé. Et pourtant il faut un vrai talent à l’écrivain pour happer son lecteur dès les premières lignes et l’inviter en quelques pages, à partager son voyage vers le rêve. Et du talent, Jeanne-A Debats en a à revendre ainsi que de l’imagination, une belle écriture et une solide culture tant littéraire que cinématographique !

La vieille anglaise et le continent est l’histoire d’une vieille dame mourante, Ann Kelvin, qui va accepter que l’on greffe son cerveau dans le corps d’un cachalot. Cette biologiste, militante écologiste, va ainsi donner les derniers mois de sa vie pour un vaste projet destiné à sauver les cétacés de leurs prédateurs humains. Malheureusement tout ne tourne pas exactement comme c’était prévu…

L’auteur alterne la narration d’Ann devenue cachalot et celle du scientifique resté à terre pour surveiller le projet. Les passages concernant la vieille dame sont profondément émouvants, car dans son nouveau corps cette vieille anglaise acariâtre va redécouvrir la vie, les sensations, le plaisir de jouer et l’émerveillement face à la beauté des étoiles. Elle nous donne envie de partir avec elle à la découverte de ces immensités liquides, dans le courant des rêves, vers le mystérieux continent cétacé…

La nouvelle de Jeanne–A Debats n’est pas franchement optimiste parce que sans manichéisme. Entre les pollueurs sans conscience et les apprentis sorciers qui, tels Einstein et Oppenheimer, se trouvent dépassés par leurs propres recherches, quels sont les moins nocifs ? Peut-on tout faire au nom de l’écologie ?

Et pourtant, il y a tellement de poésie dans cette nouvelle qu’elle nous immerge littéralement dans l’espoir d’un paradis perdu, un peu comme le Rosebud de Kane. Ajoutons à cela les multiples clins d’oeil – d’Asimov aux Tontons flingueurs – et la superbe couverture de Christophe Sivet, on obtient un petit bijou comme les éditions Griffes d’Encre savent si bien nous en offrir !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 80
Editeur : Griffe d’Encre Editions

Collection : Novella
Sortie : 5 juin 2008
Prix : 8€