Les Kilims de Manhattan – Avis +

Présentation de l’éditeur

Osman contemple le balai fascinant des arrivées à l’aéroport Kennedy à New York. Ces gens qui rentrent chez eux, ces couples qui se retrouvent, ces parents avec leurs enfants… C’est l’image exacte de tout ce dont il est privé.

Après le tremblement de terre qui a ravagé sa petite ville d’Iran, Osman a émigré aux États-Unis pour monter un commerce de tapis. Farak, sa femme, devait le rejoindre plus tard. Elle n’est jamais venue. Et elle attend désormais l’enfant d’un autre… Dans la foule, cependant, un visage se détache, celui de Stella, jeune étudiante américaine. Deux êtres, deux solitudes, qui vont se rapprocher et se découvrir…

Avis d’Enora

Osman est né en Iran où son père possédait un atelier de tissage des tapis Kilim. C’est là qu’il a vu pour la première fois, Farak, celle qui deviendra sa femme. Depuis l’âge de sept ans, elle travaille à genoux devant les métiers à tisser, filant, teignant la laine et réalisant de ses doigts agiles les petits nœuds denses et serrés entre les fils des tapis. Cette position de travail a déformé son bassin lui laissant peu d’espoir de mettre au monde naturellement ses enfants. Et de fait les fausses couches se succèdent.

Farak en transpose la responsabilité sur son mari et lorsqu’Osman part faire fortune à New York, elle refuse de le rejoindre sous des prétextes divers. Jusqu’au jour où elle lui annonce une nouvelle qui anéantit Osman. Alors il va noyer son chagrin à l’aéroport Kennedy, réinventant ce qui aurait pu être sa vie si elle avait débarqué d’un de ces avions. C’est là qu’un jour, il remarque une jeune femme, Stella, peut-être parce que la solitude qui s’en dégage interpelle la sienne, peut-être aussi parce qu’elle a la beauté simple d’un Kilim sans dessin. Grâce à elle, il va trouver l’apaisement de son chagrin mais elle sera celle aussi qui lui ouvrira la porte de ses émotions.

Et puis il y a Mrs Robert, une riche cliente, friande des Kilims et son vendeur…

Meg Mullins réussit ici un premier roman magnifique. Avec une écriture fine, sensible et non dépourvue d’humour, elle nous fait suivre le parcours de ces deux êtres que tout sépare, à part le fait de se trouver en décalage dans le monde où ils vivent. Elle, est née dans le sud des USA, dans une petite communauté extrêmement conservatrice, lui, dans un pays à la culture et à la religion différentes. Ensemble ils vont se permettre de laisser libre court à leurs émotions sans en éprouver de honte. Leur rencontre permettra à chacun de poursuivre leur route, ensemble ou séparément, chacun ayant permis à l’autre de s’affirmer et de se trouver.

Osman est un personnage profondément humain, pris dans des dilemmes moraux qui sont exacerbés par la différence des cultures. Sensible, perspicace il va gagner en maturité, en compassion, grâce aux trois femmes qui traversent sa vie, tout en restant fidele aux principes moraux qui le définissent.

Il y a des passages à la fois drôles et émouvants comme lorsque Osman va acheter des préservatifs pour la première fois. Perdu devant l’étalage, il détaille les boites et se demande si les « ultrasensibles » sont faits pour des hommes comme lui qui se laissent dominer par les émotions.

Les Kilims de Manhattan est un véritable délice, une histoire à la fois poétique et poignante qui ressuscite une innocence pleine de fraîcheur.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 276
Editeur : Pocket
Sortie : 2 juillet 2009
Prix : 6,50 €