L’été chagrin – Avis +

Présentation de l’éditeur

Eté 42. David ne s’en laisse pas raconter. Sa mère, veuve Yourguevitch, a eu l’intelligence de se remarier avec M. Duval. Pour plus de sécurité, elle a fait baptiser David. Elle est formelle. Maintenant, tous les deux sont de vrais français. Ils n’ont rien à craindre ! Il faut juste que David fasse plaisir à sa maman, qu’il ne soit pas un fainéant comme son père, et qu’il devienne ingénieur. Mais une nuit, cet été là, des voitures noires et des camions viennent chercher tous les juifs du quartier. Par miracle, David leur échappe. Seul, soudain, son monde s’effondre. Seul, il comprend que sa mère et les adultes lui ont menti. Sur qui pourra-t-il compter désormais, alors qu’il lui faut tout quitter ?…

L’Été chagrin est un premier roman bouleversant. Sans pathos, avec humour, Henri Husetowski brosse le portrait attachant d’un enfant pris dans la tourmente de l’histoire. Un roman fort, pour les adultes comme pour les adolescents.

Avis d’Enora

Né à Bordeaux de parents émigrés de Pologne, Henri Husetowski nous livre avec L’été chagrin, un premier roman admirable, inspiré de faits réels.

Le narrateur de cette histoire est David, un petit garçon de dix ans, pris dans la tourmente de la guerre en plein été 42. Né David Yourguevitch quelque part en Pologne, transformé en David Duval, du nom du second mari de sa mère, il vit dans un quartier juif à Paris. Devenu chrétien par baptême, il surveille attentivement son prépuce dans l’espoir qu’il repousse ; car quand on s’appelle Duval, qu’on est blond aux yeux bleus et catholique, que peut-on avoir de commun avec un Yacov Borstein, si ce n’est ce petit bout de peau manquant et des souvenirs que l’on refoule ?

Jusqu’à ce terrible mois de juillet, tout était simple pour David, il grandissait enveloppé par l’amour d’une mère qui lui avait tracé son destin : il serait ingénieur, ne se marierait pas car aucune femme ne le mériterait jamais et prendrait soin de sa vieille mère. Seulement l’Histoire en décidera autrement. Les rafles se multipliant, sa mère le confie avec son copain Yacov, à Fetnat un ami sénégalais. Et pour David commence la découverte de l’horreur, non seulement les mères peuvent mentir mais les enfants peuvent aussi mourir et le bonheur peut disparaitre en laissant place à la nuit et au froid.

L’été chagrin est un roman aussi terrible que poignant. La narration à la première personne permet bien sûr de suivre le cheminement de cet enfant traumatisé- Les violences dont il est témoin, réveillant des souvenirs oubliés, le plongeront dans une sorte de psychose hallucinatoire-, mais à travers la spontanéité de cet enfant, donne aussi un récit plein d’humour avec en particulier tout une galerie de portraits assez cocasses. Car onze ans c’est aussi l’âge des premiers émois, des premières velléités d’indépendance et le moment où le regard posé sur les adultes se fait plus critique.

L’été chagrin est un très beau roman sur l’enfance, fauchée ici par les violences de l’histoire, avec le portrait émouvant d’un jeune garçon auquel on s’attache des les premières pages. Un véritable coup de cœur !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 254
Editeur : Buchet-Chastel
Sortie : 20 août 2009
Prix : 19,50 €