Le petit rien tout neuf avec un ventre jaune – Avis +/-

– Bonne journée.
– Si je veux !

Patrick est propriétaire d’un magasin de farces et attrapes. Morose depuis que sa femme l’a quitté, (cause ou conséquence de son état dépressif ?), il lui arrive cependant de sortir de sa boutique pour aller chercher des objets devant théoriquement apporter le rire (le fournisseur est en grève). En tout cas ses séjours sur les routes lui permettent d’entrer en collision avec une autruche ou de percuter un véhicule de gendarmerie (le pandore était alors occupé à compter fleurette à la vendeuse du magasin de Patrick). Comme distraction, il reste la télévision avec le spectacle d’Intervilles, ancêtre de la télé-réalité où les concurrents peuvent acquérir gloire éphémère ou ridicule éternel.

On lui suggère de faire un séjour au cirque. S’asseyant dans les gradins (presque déserts) il découvre le spectacle d’une ravissante acrobate, d’où enthousiasme, prise de contact, invitation à diner dans un restaurant nommé Le Cochon qui rit et enfin une ballade nocturne ce qui permet de passer devant le lieu du suicide de deux désespérés.

En arrière-plan de cette chronique sentimentale désespérée, on trouve une présentation de la précarité économique, avec les licenciements prévus chez le fournisseur, tandis que les deux suicidés sont présentés comme étant des victimes de la société.

La société est quelque peu curieuse puisque les farces et attrapes les plus achetées sont les plus vulgaires, tandis que les robes de princesse restent le plus souvent dans les étalages, de même que les tenues de majorette. Heureusement d’ailleurs, puisque cela permet à Patrick de faire une bonne action, les majorettes locales s’étant fait voler leurs bâtons. Patrick est trop bon, comme le lui rappelle régulièrement son frère qui lui a tout réussi. Il a même des enfants (Patrick est stérile).

Ce frère dont il ne se distingue que par l’absence de barbe est quelque peu énervant. Un coup de poing salutaire devrait calmer les nerfs de Patrick, sauf que le frère réussit tout mieux y compris ses directs.

Cette chronique du désarroi dans la France contemporaine présente des personnages le plus souvent filiformes dans la lignée d’Ibicus [1]. Cependant l’utilisation de la couleur atténue quelque peu l’aspect dramatique.

Fiche Technique

Scénario & Dessin : Rabaté
Couleurs : Isabelle Merlet
Editeur : Futuropolis
Sortie : août 2009
Prix : 18 euros
Inédit, grand format, 102 pages couleurs