Présentation de l’éditeur
Un an et demi après « l’affaire Raskolnikov », Porphiri Pétrovitch, le juge d’instruction qui a mené l’enquête du double meurtre de Crime et Châtiment, plonge à nouveau dans une affaire criminelle où le mystère semble insoluble. Durant l’hiver 1866, la découverte, sous la neige du Parc Pétrovski, d’un homme pendu au pied duquel gît un nain au crâne ouvert, dissimulé dans une valise, provoque la perplexité de la police de Saint-Pétersbourg. Suicide dicté par le remords ou mise en scène macabre ? Obstiné, placide et perspicace, l’enquêteur le plus redoutable de la ville plonge au cœur des sombres secrets de la cité impériale, bouillonnante d’idées nouvelles et gangrénée par la misère…
Avis d’Enora
Saint-Pétersbourg, hiver 1866.
Sous le règne d’Alexandre II, Tsar de toutes les Russies, la ville est à la fois une scène flamboyante où s’affiche la richesse exubérante de l’empire et en même temps le théâtre d’une pauvreté et d’une misère sans nom. La révolution industrielle a bouleversé le paysage économique et l’affranchissement des serfs a modifié les structures sociales. Les étudiants meurent de faim, la prostitution se multiplie. Tout est en place dans ce creuset explosif, pour la naissance des théories anarchistes, nihilistes et terroristes.
L’histoire commence par la découverte dans le parc Petrovski, d’un pendu aux pieds duquel se trouve une valise contenant le corps d’un nain dont la tête a été fendue à coups de hache. Pour le Prokuror, tout est clair, l’homme par remords s’est donné la mort, une fois son crime effectué. Mais le juge d’instruction, Porphiri Pétrovitch, pressent que cette scène insolite cache un mystère plus complexe. Son enquête l’entrainera d’une maison d’édition à une maison close, des beaux quartiers aux immeubles délabrés où règnent misère, faim et froid, à la rencontre des ressorts les plus sombres de l’âme humaine.
R.N. Morris met en scène le personnage de Crime et Châtiment de Dostoïevski, Porphiri Pétrovitch, qui a inspiré le personnage de Colombo et selon moi celui de Maigret. On retrouve donc ce juge d’instruction, encore secoué par l’affaire Raskolnikov, accompagné du lieutenant Ilia Petrovitch Salytov (rappelez vous c’est à lui que l’étudiant avait fait ses aveux). Personnage humaniste, Porphiri Pétrovitch recherche plus les motivations de l’individu conduit à commettre un crime, que l’assassin en lui-même. Massif, grassouillet, ayant besoin de fumer pour réfléchir, il est d’une obstination aussi placide qu’implacable.
Sa présente enquête l’amène à rencontrer de nouveau un étudiant, Virginski, mourant de froid et de faim, aux relations plus que tendues avec son père (on ne peut s’empêcher de penser aux Frères Karamasov). Ce jeune homme avec ses états d’âme, son coté imprévisible et sauvage ainsi que son orgueil, lui rappelle étonnamment Raskolnikov. C’est là que l’on comprend à quel point l’affaire précédente a marqué Pétrovitch, quand il décide de venir en aide à Virginski, afin de le préserver de lui-même et des actions que la misère pourrait l’amener à faire.
Bien que confronté à la rigidité hiérarchique dans une Russie gouvernée non par la logique mais par l’autoritarisme, Porphiri Pétrovitch va continuer son enquête avec perspicacité et une profonde compassion pour les âmes des pauvres, des assassins, de tous ceux que la misère pousse à devenir pécheurs.
R. N. Morris a réussi son pari, non seulement en s’appropriant brillamment le personnage de Porphiri Pétrovitch, mais aussi en restituant l’atmosphère des romans de Dostoïevski, ainsi que le coté mystique, tourmenté, révolté des personnages, auxquels s’ajoute une minutieuse étude sociale de la Russie du milieu du XIXe siècle. L’enquête est captivante, étoffée de nombreux rebondissements et s’appuie sur une étude psychologique fine de tous ses personnages.
Une nouvelle série captivante, dont nous attendons avec impatience la traduction du tome suivant, A Vengeful Longing.
Fiche technique
Format : poche
Pages : 416
Editeur : 10/18
Collection : Grands Détectives
Parution 17 septembre 2009
Prix : 8,90 €