Anatomie d’un crime – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Londres. A l’arrière d’un bus qui traverse la ville, le jeune Joël, sa sœur et son frère roulent vers leur destin. Dans un quartier chic, Helen Lynley rentre chez elle. Elle est belle, heureuse, la vie lui sourit. Tout est en place pour une rencontre. Fatale. Car Joël est une arme vivante. Le détonateur ? C’est son histoire. L’explosif ? Son quartier, écrasé par la misère et la violence qu’elle génère. Jusqu’au dernier moment, Joel pense qu’il pourra choisir. Mais d’autres ont peut-être déjà choisi pour lui… Une extraordinaire machine à remonter le crime. Et à le démonter.

Avis de Marnie

Il n’y a pas de juste mesure pour ce roman « différent » de Elizabeth George, ou vous serez déçus (comme moi) parce que ce n’est pas une intrigue habituelle de sir Thomas Lynley et de Barbara Travers, bien que le résumé puisse vraiment nous faire croire le contraire, ou bien vous vous passionnerez par ce récit de la chronique d’une descente aux enfers annoncée d’un pré-adolescent du plus misérable quartier londonien.

Le résumé nous induit en erreur. Le meurtre de Helen Lynley ne représente qu’une horrible anecdote surgissant vers la fin du roman… Tout le récit se focalise sur l’univers pathétique, qui cerne en l’étouffant inexorablement, Joel, enfant de 12 ans, issu d’émigrés jamaïcains, élevé au sein d’une famille « disfonctionnelle ». En fait, c’est là où le récit dérape, car trop de pathos tue le drame ! Au lieu de provoquer l’empathie, nous subissons 761 pages de malheurs en tous genres avec une accumulation, incestes, viols, drogue, vols,prostitution, expulsion, mauvais traitements, manque de communication, services sociaux inexistants, mauvais choix que… l’overdose et le détachement ne sont pas loin.

Bien évidemment, l’écriture de l’américaine Elizabeth George qui sait si bien nous parler des quartiers pauvres de Londres, n’est pas à mettre en cause. Son style froid, efficace, au phrasé acéré et cinglant est toujours aussi talentueux. Nous nous attendons presque à entendre en fond sonore, une horloge Westminster dont le carillon marquerait inéluctablement l’érosion du temps jusqu’au drame final. Cependant, au vu du propos, nous avons quitté depuis longtemps le thriller… Le rythme est lent… et l’ennui pointe, subtilement, mais pointe tout de même.

C’est alors que nous nous prenons à regretter nos deux habituels héros aux personnalités si contrastées et changeantes qui s’avancent avec la même précision dérangeante vers la solution. Elizabeth George ne fait pas dans l’optimisme débridé, cependant, ses personnages sont si attachants que nous nous identifions depuis longtemps à eux. Dans ce présent récit, baigné dans une ambiance des plus tragiques où la misère, la mort l’entraînent au fond du gouffre, le jeune Joel ne représente qu’un petit fétu de paille, touchant, certes, balloté d’évènements hasardeux découlant de choix peu inspirés, gamin des rues né sous une mauvaise étoile…

Qu’elle atmosphère plombée ! On sort de là avec la confirmation que l’épouse de Thomas Lynley a été assassinée, ce que l’on apprenait dans le précédent ouvrage de l’auteur, et le moral au ras des chaussettes !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 763
Editeur : Pocket
Collection : Policier
Sortie : 9 octobre 2008
Prix : 8,10 €