Présentation de l’éditeur
Timour et Oleg ont 20 ans. Quand ils se sont rencontrés, à la bibliothèque de l’Institut, ils ont tout de suite sympathisé. Le lancer du poids, les sculptures de Giacometti, les échecs… autant de surprenants points communs. Malgré les circonstances, malgré le danger, ils ont continué tant bien que mal à correspondre, scellant une improbable et fragile amitié.
Mais aujourd’hui, au fond de l’impasse où Timour vit avec sa famille, ils sont face à face. Oleg, le soldat russe. Timour, l’étudiant caucasien. Prisonniers de la bassesse des hommes, victimes d’une guerre qui n’en finit pas de finir, libres, peut-être, de choisir la fin de leur histoire.
Avis d’Enora
La parution en poche de ce superbe roman d’Antoine Choplin est l’occasion pour ceux qui l’avaient manqué à sa sortie en 2006, de rattraper cet oubli. L’action se passe quelque part dans le Caucase, la guerre est officiellement finie, mais les soldats russes continuent à sillonner le pays, à la recherche d’hypothétiques terroristes. C’est l’occasion pour certains comme le capitaine Kalinski de donner libre court à leur sadisme. Il décide de « nettoyer » une impasse, avec trois de ses soldats dont Oleg, un athlète que la guerre a empêché de concourir pour la sélection des jeux olympiques. Tout au fond de cette impasse habite une famille, celle de Timour, liée par l’affection, le goût de la musique, de la danse. Mais Oleg au cours de ses périodes de repli et d’isolement pour échapper à la barbarie de cette guerre a fait la connaissance de Timour et une amitié est née…
Antoine Choplin signe ici un de ses romans les plus accomplis. Grâce à des phrases brèves et incisives et aux flashbacks sur la naissance de l’amitié entre les deux jeunes hommes, il réussit à faire monter chez le lecteur une tension presque insupportable. Dès les premiers chapitres, on sait inéluctable la rencontre de ce groupe de soldats avec la famille caucasienne. L’issue seule est incertaine, oscillant entre la violence de la situation et l’espoir tenu que des liens d’amitié puissent être plus fort que la guerre et sa folie meurtrière.
L’impasse est une histoire universelle, qui pourrait n’avoir ni lieu, ni temps. C’est l’histoire des guerres avec leur cohorte de violence, de barbarie, d’exactions. C’est l’histoire de jeunes gens parachutés au milieu d’une folie qui ne sert souvent que les puissants ou les intérêts économiques (ici, l’Ossétie du sud étant un passage important au transfert de gaz et de pétrole). Des jeunes hommes qui vont jusqu’à mettre en péril leur humanité. L’impasse n’est peut-être pas seulement le lieu dans lequel se déroule ce roman mais aussi ce cul de sac dans lequel la « civilisation » s’enferme avec sa violence et sa cupidité. Heureusement, il reste un espoir celui que les liens tissés entre les hommes soient plus forts que tout cela.
Court roman, profondément intense, superbement écrit, L’impasse nous donne à réfléchir sur ce qu’il y a de plus atroce et de plus digne en chacun de nous.
Fiche technique
Format : poche
Pages : 141
Editeur : Pocket
Sortie : avril 2009
Prix : 5,50 €