Présentation de l’éditeur
Un dîner, de nos jours, dans la grande bourgeoisie parisienne. Afin de séduire son invité d’honneur – un puissant homme d’affaires étranger – la maîtresse de maison a convié ses amis les plus remarquables. Mais à la dernière minute, l’un d’entre eux se décommande : il n’y a plus que treize convives…
Comme le dîner doit commencer à tout prix, la nouvelle » invitée » est choisie au mépris de la bienséance. Une véritable transgression. La quatorzième convive devient alors le grain de sable qui fait déraper la soirée. Pour l’émerveillement des uns, pour le désespoir des autres. Tout dîner est une aventure.
Avis d’Enora
Une réception prévue dans les moindres détails qui tout à coup dérape à cause d’un impondérable ; rien de plus banal me direz-vous, mais ici grâce à la plume alerte et assassine de Pierre Assouline, ce diner devient tour à tour, théâtre grec et comédie de boulevard.
Madame du Vivier, en deux mots comme elle aime à le répéter, organise un diner « d’amis », prétexte pour faciliter une transaction financière de son mari. Tout est préparé dans les moindres détails, jusqu’à la distance entre les couverts et les assiettes et celle entre les convives. Malheureusement au dernier moment un couple se décommande et un convive s’invite. Catastrophe, ils sont treize à table ! Nulle autre solution que de demander à la bonne à se joindre au repas. Cette jeune étudiante d’origine maghrébine qui travaille en fait pour terminer sa thèse en histoire de l’art sera le déclencheur d’une soirée à nulle autre pareille. Comme si sous son regard lucide, chaque invité était forcé à tomber le masque de la comédie de sa vie. Non qu’aucun d’eux ne soient vraiment des monstres, mais comme le dira l’un des personnages, c’est ensemble qu’ils devenaient imbuvables, dans leur xénophobie, leur soif de pouvoir, leur sentiments de supériorité ; comme si la société révélait en chacun ce que leur âme avait de plus noire.
Pierre Assouline réussit ici une satire de ceux qui se pensent les puissants de ce monde, la crème de la société tant par les manières, la naissance, la fonction ou les richesses. Il analyse avec finesse et une verve acerbe, un microcosme qui peut se retrouver dans n’importe quelle couche sociale, à Paris comme en province ; le tout avec des dialogues savoureux et des réflexions grinçantes qui ravissent. Les situations mi-cocasses, mi-acides, se succèdent avec bonheur comme cette réflexion d’une invitée un peu éthérée en fin de repas : « Le premier qui se lève, mourra dans l’année » qui cloue les invités ricanant et mal à l’aise. L’hôtesse se demande alors si son rôle l’oblige à se dévouer jusqu’à ce qu’elle se souvienne que sa bonne fait partie des convives et que son regard se porte sans états d’âme sur elle.
La morale de ce roman qui tourne en ridicule la sottise des hommes, c’est peut-être la jeune bonne qui nous la donne « Face à des gens jugés ordinaires, Sonia se demanderait toujours si ce n’est pas le regard porté sur eux qui l’est »
Fiche technique
Format : broché
Pages : 205
Editeur : Gallimard
Sortie : 19 février 2009
Prix : 17,90 €