Résumé
A chaque nouvelle pièce, le héros (Pierre Arditi), auteur dramatique, est saisi d’angoisse : assassiné ou encensé ?
Dans l’attente du verdict, il fait passer ceux qui l’entourent, son épouse (Carole Bouquet), sa fille Nina (Emilie Chesnais) par toutes les couleurs des émotions. Le peur de l’échec fait de lui un colérique cocasse : un personnage de comédie insupportable, odieux, touchant.
Il suffira de dix lignes d’éloges dans la presse pour le transformer en sucre d’orge. Mais l’irruption de la « vraie » vie, dont son voisin (Gilles Gaston-Dreyfus) dans la vie « parallèle » du théâtre va de nouveau brouiller les pistes…
Commentaires
Pour cette nouvelle soirée de théâtre en direct, présentée par François Berléand, Bernard Murat, metteur en scène (faisant également partie de la distribution) tente le pari de faire jouer pour une unique fois, cette comédie dramatique de la regrettée actrice et dramaturge Loleh Bellon. Il reprend L’éloignement qu’il avait créé vingt-deux ans auparavant avec Pierre Arditi, Gilles Gaston-Dreyfus (habitué des fictions télévisées et à l’affiche de Divorces de Valérie Guignabodet) et Sylvie Flepp (que les téléspectateurs connaissent bien dans Plus belle la vie), et qui se retrouvent ici avec un authentique plaisir. Leur défi est de revisiter avec leurs expériences, ressenti et émotions présentes, une oeuvre qui fait une part belle à l’humour tout en privilégiant une vraie sensibilité et surtout toute une gamme de sentiments.
Il n’y a qu’à observer Pierre Arditi pour comprendre qu’il ne lui sera pas difficile d’interpréter cet auteur dramatique narcissique, vitupérant et de mauvaise foi qui s’apercevra peut-être que le monde ne tourne pas totalement autour de lui ! Prenant la suite de Macha Méril qui avait créé le rôle, Carole Bouquet se montre enthousiaste, vivant tout de même avec appréhension cette plongée dans l’inconnu du direct et du moment « unique ». Nous espérons que cette comédienne attachante conservera cette spontanéité rafraîchissante, présence joyeuse et chaleureuse que visiblement elle montre dans la vie quotidienne, pour mieux la transcender sur scène, et provoquer l’empathie du public en incarnant cette épouse tolérante, patiente et spirituelle qui soudain, en cette journée un peu spéciale, va prendre un certain recul pour observer avec retenue et acuité son couple…
Même si Bernard Murat avoue être un grand admirateur des grandes réalisations de fictions françaises des années 60, de Jean Prat, ou Stellio Lorenzi qui s’appropriaient les oeuvres théâtrales pour créer des téléfilms, sa démarche est toute autre. Pour lui, les comédiens jouent avant tout pour les spectateurs qui seront dans la salle, en souhaitant que l’émotion suscitée alors traverse le petit écran. Bien qu’il utilise neuf caméras pour exploiter au mieux le plan large lorsqu’il s’agira de faire rire, et les plans rapprochés pour mieux nous faire partager les scènes intimistes, il s’agit avant tout de se mettre au service de l’oeuvre en exploitant cadrages, lumières, décors et costumes de façon à ce que la télévision sublime son sujet.
Donc, il ne s’agit ni d’un téléfilm ou d’une pièce de théâtre filmée à la manière d’Au théâtre ce soir, mais d’une authentique expérience soulignant de façon quelque peu électrique « le moment exceptionnel », soit un évènement tout en risques, entraînant un plaisir immédiat du spectateur qui aura ainsi l’impression de faire partie de l’aventure.
Sur France 2, le 02 mai 2009 à 20H35