Une valse à Vienne – Avis +

Présentation de l’éditeur

A force de les croiser, nous avons l’impression de connaître ces hommes et ces femmes que nous rencontrons. On découvre leur métier, la solitude poignante de l’un, celle enfin comblée de l’autre. Ceux qui jouent leur rôle dans la comédie humaine peuvent-ils devenir des amis ? Un incident mineur suffit à leur faire tomber les masques, et à laisser deviner leur vrai visage. Ils sont prêts à vous poignarder avec leurs mots.

L’analyse de ces personnages, bons ou mauvais, simples ou vicieux, vous rend étonnamment lucide. Dans ses récits, la magie de Christine Arnothy vous enchante. Convaincue de l’inutilité de l’hypocrisie, elle peut même vous persuader qu’on peut mourir – enfin heureux – d’une valse à Vienne. Une envoûtante aventure humaine et littéraire.

Avis d’Enora

Une valse à Vienne est un recueil de huit nouvelles dont la première, la plus longue donne son titre à l’ouvrage. Christine Arnothy aurait pu aussi lui donner le nom de la seconde histoire, 400 ASA, tant elle y démasque, comme avec une pellicule ultra-sensible, toute une galerie de personnages qui se cachent des autres et d’eux-mêmes, derrière les ombres de leur vie. Que donne-t-on à voir de soi-même aux autres ? Que voit-on de l’autre à travers le filtre de nos désirs ?

Dans Une valse à Vienne, une femme retourne après des années sur les lieux de son passé. Son mari l’avait trouvée attirante parce que vulnérable mais son incompréhension à entendre combien les blessures mentales sont inoubliables, l’a condamnée au silence. Silence qu’elle brisera en revenant à Vienne, car les années n’atténuent en rien les traumatismes de l’enfance ; ils restent aussi lourd que cette petite valise que la fillette devait porter dans sa fuite des nazis puis plus tard des soviétiques.

Dans La salle d’attente, ce lieu de vie où tout peut se passer, c’est la culpabilité qui rattrape un médecin. Un crime involontaire qui permettra au fils de connaitre, enfin mais trop tard, l’amour fou que son père lui vouait.

Dans Etre aimée par sa famille, une femme d’âge mûr, blessée par l’indifférence de ses enfants, imagine un moyen pour connaitre au moins l’apparence de leur amour ; frontière entre le vécu et l’imaginaire destinée à soulager sa blessure.

Toutes ces vies en oxymore, Christine Arnothy les fouille de sa plume subtile et talentueuse. Que ces êtres soient bons ou mauvais, sincères ou trompeurs, elle remonte aux émotions éprouvées des événements qui ont fabriqué leur passé. Comme l’a si bien décrit Boris Cyrulnik, notre image est un leurre qui gouverne les émotions de ceux qui nous font face. De ce jeu de dupes nait la relation à l‘autre, relation qui dure sur le fil du rasoir jusqu’au jour où quelque chose la fait basculer…

Il fallait tout le talent de Christine Arnothy pour analyser ces situations avec subtilité et suspens. Certains de ses personnages résonnent en nous parce que nous nous y retrouvons, d’autres nous révulsent parce que nous les avons rencontrés dans leur froideur, leur égoïsme et leur indifférence. Et comme toujours, ses récits nous parlent parce qu’ils sont un miroir de la vie, écrit avec le cœur.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 259
Editions Fayard
Sortie : 18 mars 2009
Prix : 18 €