Naja : tome 3 – Avis +

– A quoi peut bien rêver un serpent ?

Naja est un comme serpent : froide, sans émotion, rapide, mortelle. Cette tueuse à gages d’élite a récemment connu deux révélations. En tant que tueuse n°3, de l’organisation elle a découvert l’existence d’un être qui lui est infiniment supérieur sur le plan du combat. Après l’avoir neutralisé, celui qu’elle a baptisé « il », l’a informé que le tueur n°1 avait pour objectif de l’abattre. Aussitôt Naja est passé à l’offensive.

Le match nul a conduit les n°1 et n°3 à soigner leurs blessures. En convalescence dans une discrète clinique suisse, fréquentée par des personnes souhaitant se faire opérer discrètement (la liste de la planche 3 nous indique que Michael Jackson et Madonna y résident actuellement) le n°1 a eu la surprise de voir débarquer le n°2 venu pour le trucider avec l’art consommé des experts en armes blanches. Est-il besoin de préciser qu’on a aussi informé le n°2 que le n°1 voulait le voir disparaître ? Et sauriez vous surpris d’apprendre qu’il n’en est rien ?

Ce tome met l’accent sur le n°2. Parfaitement conscient que la mort surviendra tôt ou tard, il a décidé d’en faire son métier en espérant être un jour surpris lorsque quelqu’un réussira à l’abattre. La mort est un thème récurrent dans l’oeuvre de Morvan. Il a largement traité le sujet dans Je suis morte (Glénat), ou bien Zorn & Dirna (Soleil). La mort constitue l’argument ultime pour s’interroger sur le paradoxe de la vie. Car Morvan poursuit inlassablement sa présentation des paradoxes. Ici, six pages sont consacrées aux paradoxes vivants que constituent.. les passagers des avions. On voit également un assassin d’élite en danger d’être noyé dans quelques centimètres d’eau.

Il a même réussi à nous rendre le tueur n°1 sympathique. En effet ses cibles (du moins les dernières) étaient des trafiquants d’organes humains, et il est généreux envers les Intouchables de l’Inde (à moins que cela soit par pur pragmatisme pour se faire des amis). Et surtout il ressent la douleur, ceci à la différence de Naja, ce qui le rapproche du lecteur. De plus son statut de cible fait ressentir pour lui de la sympathie, alors que ses blessures soulignent sa vulnérabilité.
Comme le disait Staline « À la fin, c’est toujours la mort qui gagne« . Même ceux qui distribuent efficacement la mort peuvent être rattrapés par elle. Ici la question est de savoir qui la distribuera la plus efficacement.

Fiche Technique

Scénario : Jean-David Morvan
Dessin : Bengal
Editeur : Dargaud
Sortie : avril 2009
Prix : 13 euros
Inédit, grand format, 48 pages couleurs