Les Réformes Ratées du Président Sarkozy – Avis +

Présentation de l’éditeur

Le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy était élu président de la République. Son programme promettait le changement à une France réputée irréformable. Deux ans plus tard, des domaines aussi sensibles que les retraites, le contrat de travail, la représentativité syndicale ont fait l’objet de lois, ou de protocoles d’accord, sans anicroche notable. Nicolas Sarkozy serait-il en train de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué? Un examen minutieux des réformes entreprises prouve que la réalité est tout autre. Tout commence en octobre 2007 avec la réforme des régimes spéciaux de retraite de la SNCF, d’EDF et de la RATP.

Le gouvernement négocie sous le manteau, octroyant de substantiels avantages contre un allongement de la durée de cotisation, sans publier un seul document permettant d’évaluer les économies réalisées. Peu importe, le « succès » a pu être affiché ! Une mécanique infernale s’enclenche alors, tant il est clair que le nouveau Président est prêt à concéder beaucoup pour que ses réformes se « réalisent ». En janvier 2008, les partenaires sociaux « modernisent » le marché du travail, mais permettent en réalité le départ en préretraite à 57 ans.

En mai 2008, le gouvernement accroît les avantages des taxis aux dépens des usagers. En août 2008, ce sont les principales enseignes de la grande distribution qui se frottent les mains, constatant que leur monopole s’est encore affirmé au détriment des consommateurs. Quant à la défiscalisation des heures supplémentaires, dont le dispositif rappelle par son absurdité celui de l’impôt sur les portes et fenêtres institué par le Directoire, elle prive l’Etat de plusieurs milliards d’euros de rentrées fiscales sans qu’aucun effet sur l’activité ne soit avéré. En retraçant le cheminement tortueux qui mène des intentions aux résultats, cet ouvrage effectue une plongée salutaire dans les failles de notre système politique et permet de comprendre pourquoi la méthode choisie par Nicolas Sarkozy, mêlant conciliation et volonté d’étouffement, a échoué.

Avis de Eric

« Croyez ce que je dis, ne regardez pas ce que je fais ! »

Telle est bien l’impression qui se dégage de cet ouvrage. On se doutait bien que le locataire de l’Elysée faisait preuve d’une efficacité inversement proportionnelle à la vélocité de ses moulinets de bras.

La grande force de ce livre tient à ce qu’il en apporte les preuves en évitant de jeter l’anathème ou de faire un procès d’intention, pour préférentiellement décortiquer très simplement les mécanismes de ces réformes qui n’ont toutes été que des reculades.

Ainsi la fluidification du marché du travail par la simplification des modalités de séparation d’un employeur et de son salarié n’a-t-elle en réalité abouti qu’à rétablir en douce un dispositif de préretraite qui ne dit pas son nom. Le rôle des membres du cabinet présidentiel à cet égard est accablant et fait désespérer sinon de la compétence des hauts fonctionnaires (sur laquelle on ne nourrit plus d’illusion), du moins de la plus élémentaire intelligence humaine.

La représentativité des syndicats ? La réforme a en réalité créé un véritable monopole au profit des trois plus grands ; on devrait dire des trois moins minus. Vous attendiez de la démocratie sociale ? Vous aurez du syndicalisme administré.

Les taxis ? Vous n’avez pas fini de chanter sous la pluie !

Travailler plus pour gagner plus ? Pourquoi pas, sauf que le texte est d’une telle complexité que le seul résultat est un effet d’aubaine fiscale pour les entreprises sans effet ni sur les rémunérations ni sur les embauches.

Le RSA ? RAS !

Par delà les gesticulations et les pantalonnades des uns et de l’autre, le fondement de ces fiascos tient en réalité à l’impéritie de nos institutions de démocratie sociale (en frangliche on dit ‘gouvernance’ : quand on ne sait pas penser ni comprendre son monde, on emprunte les mots venus d’un ailleurs anglo-saxon, ça fait chic et intelligent, et expert…). Le classement mondial de la qualité de nos institutions (p. 202-203) nous positionne bien au-delà du vingtième rang : le modèle français est le modèle des cancres.

L’on ressort de la lecture de ces excellents auteurs avec la conviction qu’on ne peut pas réformer un pays dont les habitants, chacun crispé sur son pré carré, ne veulent pas de la réforme, ou alors « si, mais chez mon voisin, moi c’est pas pareil ».

Au final, la méthode Sarkozy décortiquée nous apprend que Chirac ne fichait rien et que Sarkozy fait n’importe quoi.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 224
Editeur : Flammarion
Collection : Essais
Sortie : 11 mars 2009
Prix : 18 €