Résumé
« Va chercher Charles Longmont, mon enfant. Va vite, maintenant… »
Telles sont les ultimes paroles que Braxton Beaufort adresse à sa fille Camille alors qu’il est au plus mal. Quelques heures plus tard, la fièvre jaune, ce fléau mortel qui fait rage de ce côté du Mississippi, emporte le malheureux. Charles Longmont n’est autre que leur voisin, installé depuis peu dans la propriété jouxtant Magnolia, la plantation de la famille Beaufort.
Camille ignore tout de lui – ses origines, son métier. Elle n’a fait jusqu’ici qu’apercevoir sa haute silhouette, toute d’élégance et de virilité. C’est pourtant à ce quasi inconnu que Braxton Beaufort a confié le soin de veiller sur l’avenir de sa fille. Il devra gérer l’énorme patrimoine des Braxton et, surtout, la protéger des innombrables coureurs de dot qui sont légion à Natchez. Mais Camille est loin de se douter de l’incroyable proposition que Charles Longmont va lui faire pour régler ce dernier problème…
Avis de Marnie
Une incohérence chasse l’autre… voici comment devrait s’intituler ce roman. Déjà, il faudrait nous expliquer la raison pour laquelle les éditions Harlequin ont jugé bon de sortir de leurs tiroirs un “Historique” du début des années 90, aussi raté que celui-ci. Après, nous pouvons tous rire en coeur en commentant la tentative de « publicité » écrite pour la collection Jade : «Remarquée par la critique pour l’élégance de son style et la richesse psychologique de ses intrigues, Sherry DeBorde signe ici une déchirante histoire d’amour située dans le Mississippi à l’époque coloniale. Intense et voluptueux, ce roman n’est pas sans évoquer Autant en emporte le vent. C’est un pur joyau, un tourbillon sensuel, une fresque romanesque éblouissante…»
Nous pouvons affirmer que Sherry DeBorde n’a pas spécialement été remarquée par la critique vu qu’elle a commis ce seul et heureusement unique roman. Au lieu d’élégance du style, il semble plutôt qu’il soit ampoulé et grandiloquent : les méchants sont « odieux » ou « malfaisants » et la première scène sensuelle est expédiée en deux lignes où l’on explique « qu’un immense bonheur la submergea« … Cela ressemble à Barbara Cartland en survitaminé. Intense ? Voluptueux ? Nous aurions apprécié, certes ! Richesse psychologique ? Il faudrait pour cela que l’auteur ait su intégrer une once d’introspection. Quant à évoquer Autant en emporte le vent… peut-être la Scarlett du pauvre… Après, la personne semble avoir écrit en état de transe : « pur joyau« … ou encore “tourbillon sensuel”, il faudrait pour cela que Sherry DeBorde ait pensé à écrire autre chose que deux ou trois bisous qui transportent l’héroïne dans un autre monde.
Mais trêve de plaisanterie, passons au point central : l’intrigue. Elle n’a donc ni queue ni tête, et ce, dès la première page. Le père de notre héroïne est mourant et demande à sa fille aînée de ramener son voisin d’urgence. Celui-ci se balade dans un quartier dangereux de la ville. Notre héroïne ne le fait pas chercher… Non, elle laisse tout en plan et âgée de 13 ans, court dans les tripots ! Deux pages plus loin, alors qu’il est officialisé tuteur de Camille et de sa soeur, notre héros, Charles, la demande en mariage mais en tout bien tout honneur parce qu’il trouve ça « plus facile »… On ne comprend pas ses motivations, et d’ailleurs nous n’arriverons jamais à percevoir la cohérence dans ses faits et gestes. Quant à Camille, c’est une toupie qui virevolte partout, se lance dans les bras des uns et des autres sans réflexion… La guerre arrive comme un cheveu sur la soupe, et les détails écrits n’atteignent même pas la profondeur de Wikipedia. Trois dates… une ou deux batailles, la plantation « immense » se gère toute seule pendant que chacun des héros disparait des mois entiers. Mais, ils retrouveront tout en place, prêts à reprendre leur vie avec juste un peu moins d’argent. Bizarre, ils ont oublié qu’ils n’auront plus d’esclaves mais ce n’est qu’un détail parmi d’autres.
Il vaut mieux arrêter là, même la fin se révèle grotesque. Nous comprenons très bien que la collection Jade souhaite publier des romances historiques. Mais, s’il vous plaît, donnez-nous des romans aussi réussis par exemple, que Des roses pour Rebecca de Margaret Kaine… S’il faut vraiment rééditer un historique, essayez l’excellent Le masque et l’ombrelle, de Terri Brisbin, ou bien les romans de Margaret Moore !
Fiche Technique
Format : broché
Pages : 435
Editeur : Harlequin
Collection : Jade
Sortie : 1 avril 2009
Prix : 11,50 €