Un secret à te dire – Avis +

Présentation de l’éditeur

Rose ne manque ni de charme ni de générosité ; pourtant, elle passe pour une fille ombrageuse, presque infréquentable. Une réputation qu’elle entretient farouchement car cette réputation la protège de toute relation avec les autres – et, surtout, de tout contact physique avec les hommes. Les hommes, comment pourrait-elle encore les laisser l’approcher, après le drame intime et secret qui a marqué sa jeunesse?…

Cependant, du jour où Evan Grant réussit à déjouer ses défenses et l’apprivoise, Rose sent son cœur se remettre à battre malgré toutes ses réticences. Face à cet homme à la fois fort et patient, qui sait lui montrer simplement qu’il l’aime, et dont la fillette adorable la fait fondre, Rose pourrait être prête à aimer de nouveau. S’il n’y avait ce secret – ce secret terrible, enfoui et qui la hante, dont elle n’ose se libérer pour s’abandonner tout à fait…

Avis de Marnie

Lorsque l’on a refermé ce roman, nous n’attendons qu’une chose, lire tous les volumes de cette série qui se situe dans une petite ville assez traditionnelle du nord des Etats-Unis, perdue sur le lac supérieur. Nous sommes dans les grandes étendues glacées du Michigan. Les habitants subissent la neige pendant huit mois, ce qui accentue l’aspect fermé et la retenue froide des habitants. Carrie Alexander a vraiment le talent pour retranscrire cette atmosphère glaciale, une sorte de pureté en noir et blanc qu’elle oppose soudain, par petites touches au dessins naturalistes (feuilles, plantes, oiseaux…) que l’héroïne peint avec une précision maniaque, aux couleurs éclatantes…

En fait, justement, Rose, représente cette ambivalence. En apparence, elle se montre réfrigérante, dure, agressive ou muette dès qu’on ose lui adresser la parole. A l’intérieur, un maelström d’émotions l’étreignent, qu’elle ne pourra exprimer, même dans les dernières lignes. La jeune femme joue aussi bien de sa scandaleuse réputation pour se protéger comme elle en est prisonnière. Ecorchée vive, incapable de se choisir un vêtement ou d’adresser d’elle-même la parole à quelqu’un, Rose survit plutôt qu’elle ne vit, entre un travail peu motivant, une mère malade et peu de moyens pour faire face à ses problèmes. Son seul plaisir, c’est d’assister chaque semaine à l’entraînement de basket des jeunes adolescents de la ville. Elle a une bonne raison pour cela…

Carrie Alexander ne joue absolument pas avec des effets de surprise, rebondissements ou même péripéties… En fait, à la première page, nous connaissons le secret de Rose, et Evan Grant, le héros, devinera une partie de ce que cache la jeune femme, quelques pages suivantes ! L’émotion ne se situe absolument pas sur le rythme ou des astuces de scénario. Au contraire, nous pourrions même avouer que comme beaucoup de romances actuelles qui prennent ainsi un vrai recul avec l’intrigue et se focalisent sur l’évolution des personnages, l’auteur observe plutôt qu’elle n’agit. Alors, ou l’on adhère, ou l’on trouve que ce genre d’histoire n’est pas très motivante. Pour ma part, j’apprécie énormément, tout en délicatesse et en subtile progression, où une femme apprend peu à peu à se reconstruire, et ce, avec l’aide d’un héros au grand coeur, ici d’une gentillesse attendrissante, et aussi des amis chaleureux qui viennent peu à peu se greffer autour du couple. Rose, dont l’image de soi est impitoyablement ternie par une enfance perturbée et une adolescence blessée, va peu à peu trouver la force de s’affirmer face aux autres. Elle pourra ainsi affronter l’image même de ses erreurs et ses échecs…

Certains personnages secondaires sont trop peu ébauchés… Nous espérons qu’ils seront les héros suivants ! Cependant, nous pouvons donner une mention spéciale à la petite Lucy, l’enfant d’Ewan, terrifiée par l’existence même, mais qui aidera d’une certaine façon Rose, en lui renvoyant sa propre image au visage, où la douleur et le manque de confiance se confrontent, un joli parallèle auquel on ne peut rester indifférent. Décidément, encore un auteur à suivre ! Mais qui s’en plaindrait ?

Avis de Valérie

Carrie Alexander est un auteur de romance contemporaine naturaliste. C’est à dire qu’elle donne autant d’importance à la nature qui entoure ses protagonistes qu’à eux-même. Un livre comme L’improbable rencontre, est une ode à la nature autant qu’à la reconstruction de soi et le plaisir que l’on retire de la lecture est double.

Ici, elle choisit de mettre en avant une femme à la très mauvaise réputation. Rose que l’on surnomme Wild Rose (ce qui veut dire à la fois Eglantine mais qu’on pourrait aussi traduire par Marie-couche-toi-là) a un passé lourd en terme de siège-arrières automobiles. A 17 ans, elle s’est enfuie de chez elle car elle était tombée enceinte, et après avoir confié le nourrisson à l’adoption, elle a refait sa vie ailleurs. Quelques années plus tard, elle a dû revenir dans son patelin natal pour s’occuper de sa mère devenue veuve et handicapée. Renfermée sur elle, Wild Rose fuit tout contact, tout effort de socialisation, et elle erre près du stade communal où elle peut apercevoir un jeune garçon, Danny, son fils.

Rose la sauvage fait la rencontre de Lucy la timide, et l’une et l’autre vont apporter à chacune la confiance dont elles ont tant besoin. Lucy a à peine 5 ans et est la fille de l’entraineur sportif Evan Grant. Ce dernier est sensible à la personnalité de la jeune femme et voit sa petite fille s’ouvrir de nouveau aux autres après le décès tragique de sa mère, il supplie donc Rose de donner des cours de dessin à sa fille, ce rapprochement permettant à chacun de mieux se connaitre…

Nous allons suivre non pas la reconstruction ou la rédemption de Wild Rose, mais plutôt sa résilience vis à vis d’un passé traumatisant. Et ce n’est pas une partie de plaisir ni une sinécure, tant il difficile de s’affranchir d’une réputation tenace ne laissant aucune place à l’évolution du caractère, de la méchanceté des faux-amis, de la difficulté de « réparer » le passé… L’écriture de Carrie Alexander n’insiste pas sur la l’introspection des sentiments, mais déroule les événements avec un naturel confondant. Sa psychologie s’inscrit alors dans les actes et non pas dans les explications. Il est à noter que malgré un optimisme présent, le roman ne se lit pas obligatoirement d’une traite, parce que Wild Rose est une victime. Il faudra toute la patience, l’amour et la gentillesse d’Evan pour l’apprivoiser. Un joli roman, qui n’est pas parfait mais qui fait partie de ces nouveaux récits, modernes, réalistes et proche de nos vies.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 343
Editeur : Harlequin
Collection : Prélud’
Sortie : 1 janvier 2009
Prix : 5,15 €