Basketville – Avis +

La collection VO.X se donne pour ambition de réunir les textes des poètes d’aujourd’hui, en France et ailleurs, qui empruntent les mots de tous pour en faire leur matériau littéraire. Ouvrons le feu avec Félix Jousserand !

Présentation de l’éditeur

Basketville, c’est la ville où on circule à pieds parce que les voitures reposent sur des parpaings : périmètre périurbain où tout est périssable, sinon périmé.

Tu peux toujours courir, parce que les objets artificiels du désir seront toujours là-bas, plus loin, et que la main qui tient la carotte ne te laissera jamais l’attraper.

À Basketville, les baskets sont artefacts de séduction ou monnaies d’échange, de manière générale elles servent à poursuivre les rêves mis à disposition ou en compétition par l’ordre consumériste. Un moyen pour la périphérie de rejoindre le centre ? Probablement pas, car finalement c’est le centre, dans la personne d’un reporter dépêché sur place, qui vient ramener des témoignages exotiques de cette périphérie qui fait rêver et trembler.

Difficile de figer dans une définition ce texte qui sollicite, dans une langue rythmée et terriblement expressive, tous les outils de l’auteur et tous les sens du lecteur. Fiction, document, poésie et chanson sont des éléments d’un tout qui n’est pas réductible à la somme de ses parties mais qui se caractérise par un sens aigu du verbe et de l’image, la création d’une zone poétique quelque part entre la littérature sociale, le hip hop et les journaux télévisés.

Texte troublant et envoûtant, Basketville est remarquable par son économie, son efficacité et sa puissance d’évocation. Une langue mutante, gravée dans le béton, qui envahit le monde comme les villes gagnent sur la campagne et l’homme sur la nature.

Avis d’Enora

Tptc (tu peux toujours courir) ou comment comprendre le phénomène périurbain. Comment décrire ce texte ? Tptc ! Poème urbain, récit épique, témoignage, rythmé comme une chanson, en écho aux pas qui claquent sur le macadam de Basketville ! Mais pas n’importe quels pas, ceux chaussés de basket, pas ceux des mocassins à pompon ou ceux des chaussures en cuir à bouts pointus. Car ici à Basketville, tu peux toujours courir pour changer d’horizon, entre la fumée du plastique des poubelles vertes brûlées et celle des incinérateurs, même le soleil n’arrive pas à percer. Heureusement il y a la chaleur des réacteurs des avions !

Texte coup de poing, écrit avec un vrai talent, Basketville et ses habitants, interchangeables à l’infini, parlent plus que de longs discours des ghettos que la société moderne a fabriqué sans complexe et en toute impunité. A découvrir de toute urgence !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 76
Editeur : Au diable vauvert
Collection : VO.X
Sortie : mars 2009
Prix : 5 €