Présentation de l’éditeur
Si l’Amérique était un homme, elle aurait pour nom Charlie Croker. Parti de rien, ce colosse blanc aux allures de taureau a bâti, de ses mains, un immense empire immobilier. La ville d’Atlanta a assisté, béate, à son envol ; elle se réjouit aujourd’hui à l’idée de sa chute… Son dernier projet est un désastre et ses créanciers ont flairé l’odeur du sang.
Acculé, Croker se voit proposer un marché qui décidera de son honneur ou de son salut. Sa voix est de celles qui comptent : à quelques semaines des élections municipales, son soutien public à Fareek Fanon, footballeur noir accusé d’avoir violé une jeune fille blanche, serait le bienvenu… Politiciens obsédés par le vote noir, nababs racistes, avocats marrons, banquiers rapaces et oubliés de la croissance l’encerclent. Un dilemme américain : rester un homme et tout perdre ou rejoindre la meute ?
Avis d’Enora
Tom Wolfe a mis onze années après Le bucher des vanités pour publier cet énorme roman de près de mille pages. Pocket vient de le ressortir en poche, alors un conseil pour ceux qui ne le connaissent pas… foncez !
On y retrouve le meilleur de l’auteur, une écriture percutante et une analyse satirique de la politique, des milieux financiers et de la société américaine. L’histoire se déroule à Atlanta, une ville à 75% constituée d’Afro-américains. Un jeune noir, espoir du football, est soupçonné de viol sur la fille d’un riche et influent magnat blanc, tandis que dans le même temps un richissime promoteur immobilier est acculé à la faillite, si vous ajoutez à cela que nous sommes en pleine période de réélection pour la mairie, vous obtenez une situation aussi explosive qu’une allumette près d’un baril de poudre !
Entre magouilles électorales, financières et juridiques, Tom Wolfe, de sa plume corrosive, s’attaque aussi bien à l’establishment blanc qu’à la petite bourgeoisie noire aisée, mais il réussit aussi une peinture fouillée et sensible de tous ceux qui, couleur de peau confondue, se trouvent au bas de l’échelle sociale et pour qui chaque jour qui passe est une lutte pour la survie. Il nous livre d’ailleurs un de ses plus beaux personnages, en la personne de Conrad Hensley, jeune et intègre père de famille qui à la suite de son licenciement va faire une descente aux enfers et se retrouver par un enchainement hallucinant de fâcheux concours de circonstances dans les geôles de Santa Rita. C’est alors l’occasion pour l’auteur de dénoncer les conditions inhumaines des prisons, véritables fabriques d’individus asociaux, de par l’absence de lois qui y règne. Ce qui sauvera Conrad – et c’est le tournant du livre à sa moitié – c’est la découverte des entretiens d’Epictète et de la doctrine des Stoïciens. Il sera le seul de cette histoire à sauver son humanité. Il est l’Homme, le vrai.
Ce livre a été très controversé à sa sortie en Amérique autant par les critiques que par les pairs de l’auteur. Peut-être parce que Tom Wolfe en bon journaliste qu’il est, a su comme à son habitude, faire mouche, toucher les points sensibles, mettre en évidence les failles d’une société, en sortant sans fausse modestie des sentiers politiquement corrects. L’ironie dont est émaillé tout son roman compense largement le manque de finesse de quelques situations et la caricature un peu grossière de certains de ses personnages. Mais, surtout il arrive à nous piéger complètement tout au long de ces mille pages qui se dévorent avec délectation sans aucune sensation de longueur !
Fiche technique
Format : poche
Pages : 1008
Editeur : Pocket
Sortie : 5 février 2009
Prix : 11 €