Wicked intentions – Avis +

Résumé de l’éditeur

Thomas Hyde, Viscount Varcourt, has long been a man alone. Ever since the death of his older brother, whispers of murder have followed him. The longer people have talked, the more controlling he has become of his family—and the more coldly cunning toward those around them.

In aristocratic society, Esmeralda is well-known as a woman with “the gift.” She exudes a powerful aura of insight as she moves amongst the elite, sculpting truth from rumor and proving her skills of observation and vision. But she keeps her true intentions hidden from all.

Esmeralda’s keen interest in his family evokes Thomas’ suspicion and scorn. But their first confrontation swiftly turns from a struggle for control to an erotic battle that neither can afford to lose. The more incendiary their encounters, the closer they grow, until they realize that their dark secrets are intertwined—and that they must ally against the mortal danger that threatens them both…

Avis de Callixta

Avec Wicked Intentions, Lydia Joyce a sans aucun doute écrit son livre le plus polémique et le plus original, bousculant sans vergogne et avec une certaine brutalité les règles bien établies de la romance. Son livre a été accueilli fraichement par la critique américaine, avec une certaine injustice selon moi par ce que le livre est incontestablement bon, même s’il ne peut plaire à tout le monde.

Le roman est une banale histoire de vengeance complètement transformée par la densité de la passion, à la limite de la destruction, qui pousse les deux héros l’un vers l’autre. Le roman est construit comme un puzzle et chaque pièce trouve sa place peu à peu, je vais donc essayer de ne pas trop révéler de la très bonne intrigue de l’histoire. Tout commence lorsque Thomas, Lord Varcourt, découvre les menées peu scrupuleuses d’une médium nommée Esmeralda, auprès de sa mère. Celle-ci est une proie particulièrement vulnérable puisqu’elle a perdu un fils, le frère aîné de Thomas, des années auparavant. Le drame est d’ailleurs toujours présent dans la famille qui ne s’est jamais remise. Chacun des membres, Thomas, son père et sa mère ont vu leurs rapports changer après la mort mystérieuse de Harry. Les soupçons ont gangréné leurs relations et pourrit leur propre vie. La mère de Thomas survit dans un brouillard de laudanum, Thomas est devenu dur et fragile, son père erre dans sa propre demeure comme une âme en peine. Pour Varcourt, l’attitude d’Esméralda est intolérable et il va intervenir avec brutalité pour lui faire comprendre, entrant ainsi dans le propre drame de celle qui se cache sous ce nom et cet accoutrement.

Lydia Joyce a créé, comme dans ces romans précédents, une ambiance particulièrement sombre et pesante mais elle a sans doute franchi un pas supplémentaire. Esmeralda et Thomas sont tous deux des êtres extrêmes, malheureux et suffisamment désespérés pour être au bord de la rupture et de la folie. C’est particulièrement vrai pour Esmeralda qui n’a clairement pas grand-chose à perdre et vit difficilement son propre plan pour réaliser sa vengeance. Ce sentiment de perte définitive la pousse à ne pas s’aimer et à se dégrader elle-même. Sa rencontre avec Thomas est marquée par cela et par sa volonté de ne pas perdre son pouvoir. Elle va le provoquer et obtenir une réponse sans pitié. Cela conduit à une première partie du roman qui ne ressemble à rien de ce que vous avez lu jusqu’alors dans la romance historique, notamment dans les scènes sensuelles. Lydia Joyce fait fi des règles tacites établies qui font que certaines scènes ne se voient pas dans la romance historique ou ne se voient plus. Cela n’a rien de gratuit et contribue à parfaitement comprendre à qui nous avons à faire mais instaure des relations passionnées, un brin malsaines, centrées sur la domination de l’un par l’autre. Il faut donc clairement être prévenu de cet aspect des choses lorsqu’on se lance dans la lecture. Elles ne consistent pas non plus en une série d’étreintes brûlantes mais aussi à des dialogues intelligents où chacun se révèle tout en cherchant à se protéger.

Ajoutons que Lydia Joyce exploite à la perfection ce que sont ses personnages : Esmeralda en fausse médium si à l’écoute de la psychologie des autres qu’elle a bien plus qu’un don pour parler avec les morts. Pas de surnaturel facile ni de mise en scène ridicule mais une femme qui apprend beaucoup sur les autres et sait leur parler. Cela permet une intéressante réflexion sur le mensonge et la vérité, sur celui des deux que l’on a le plus envie d’entendre.

Cette première partie saisissante s’adoucit ensuite quelque peu mais de façon toute relative et laisse surtout place à la passionnante découverte du passé des deux jeunes gens et de ce qui les a rendus ainsi. Il flotte aussi le souvenir de la mort de Harry, ce frère différent, mentalement diminué et dont la mort n’a jamais été expliquée. La résolution du mystère est au cœur de l’histoire et trouve sa révélation en toute fin de roman.

Signalons également que les héros de ce livre croisent ceux des romans précédents dont Lady et Lord Edgington qui ont eu leur propre histoire déjà très surprenante dans Voices of the night. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu ce roman pour suivre celui-ci mais cela peut être une entrée en matière dans l’œuvre de cette auteur qui n’a pas vraiment d’équivalent.

Depuis trois ouvrages, Lydia Joyce repousse avec fermeté les barrières parfois un peu étouffantes et ridicules de la romance classique. Nous pouvons nous demander où portera son originalité la prochaine fois ! Si cela peut déplaire ou choquer, il serait injuste de ne pas reconnaître le talent avec lequel elle le fait.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 304
Editeur : Signet Book
Sortie : décembre 2008
Langue : anglais
Prix : 5,36 €