Obscura – Avis +

Présentation de l’éditeur

10 avril 1885.
Dans une bastide d’Aix-en-Provence, la gendarmerie découvre une reconstitution macabre du Déjeuner sur l’herbe, le célèbre tableau de Manet, réalisée avec des cadavres. A Paris, le jeune Dr Corbel lutte chaque jour contre la syphilis et les maladies pulmonaires au chevet des laissés-pour-compte. Mais son destin va basculer avec l’apparition dans son cabinet de l’envoûtante Obscura, échappée de l’enfer des maisons closes, qu’un client avait fait poser quelques mois plus tôt telle Olympia, autre sulfureuse œuvre de Manet…

Une fresque policière, autour d’un des tableaux les plus scandaleux de l’histoire. Mais surtout un formidable roman à climat qui nous plonge au cœur du XIXe siècle, des sommets de la société à ses bas-fonds, de l’exubérance de la nuit à la sérénité d’un atelier de peinture, des balbutiements de la médecine légale aux vertiges de la clinique du Dr Blanche, génial aliéniste et grand amateur de peinture. Car ne faut-il pas avoir perdu la raison pour considérer la mort comme une œuvre d’art?

Avis d’Enora

Régis Descott nous entraine dans cette seconde moitié du XIXe siècle si riche en créativité et en découvertes. Sur le plan artistique, c’est la naissance de la photographie, tandis que Manet choque les bien-pensants avec l’Olympia et le Déjeuner sur l’herbe, tableaux s’inscrivant dans la grande tradition picturale des maitres flamands et hollandais, dans lesquels il expose en revanche la nudité féminine, non plus auréolée de divinité ou d’exotisme, mais dans sa crue réalité. Or la sensualité et la sexualité sont tabous et n’existent que cachées à l’intérieur des maisons de « grande tolérance » qui répandent le mal de Naples à toutes les couches de la société. Xavier Bichat a certes fait faire une grande avancée à la médecine avec son Anatomie descriptive (malgré des méthodes discutables puisque pour se faire, il volait des cadavres au cimetière St Roch afin de les disséquer), mais la syphilis reste une des grandes impuissances de la médecine. Quand la tenancière n’arrivait plus à maquiller les signes de la maladie, les filles étaient envoyées à St Lazare, un ancien couvent du Faubourg St Denis, réaménagé en mouroir avec des dortoirs de quatre cents lits. Dans le même temps à la Salpetrière, Charcot lance les bases de la psychiatrie nouvelle en s’intéressant aux délires des patients aliénés et en offrant une nouvelle approche de l’hystérie.

C’est ce monde foisonnant que nous décrit Régis Descott avec une grande érudition et dans lequel il place une intrigue captivante qui envisage les rapports entre la folie, la médecine et la création artistique. Obscura est un roman intelligent, passionnant, riche, avec des personnages complexes dont celui du docteur Blanche écartelé entre la passion, la culpabilité et le désir de rédemption. Un roman comme on les aime, qui explose les genres, à la fois policier, historique et passionnel, regorgeant d’anecdotes qui enrichissent l’intrigue sans en ralentir le rythme et laisse deviner entre autres, la passion de la peinture qui habite l’auteur.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 397
Editeur : Jean-Claude Lattès
Sortie : 14 janvier 2009
Prix : 20 €