Plage de Manaccora, 16h30 – Avis +

Présentation de l’éditeur

Tout avait si bien commencé : en vacances un 24 juillet, au bord de l’Adriatique (à Peschici exactement), Voltaire le père, quadragénaire glissant sur ses tongs, Oum sa femme, dont on sait depuis plusieurs livres la passion pour le ménage et l’ordre, Géo, leur petit garçon. Ils n’ont pas d’autre motif d’inquiétude que la perte de leurs chaussures japonaises. Le soleil chauffe. Trop. Ça grésille, les pommes de pins éclatent. Puis les flammes apparaissent, les visages bronzés blanchissent d’effroi, on commence à refluer depuis le camping voisin vers la plage, au pas de course. C’est le feu. Il faut gagner la mer, se croire sain et sauf, regarder derrière soi, laisser un chien au regard aveugle, une aïeule en robe noir, le feu progresse en un tumulte d’arbres arrachés, de rafales de vent, les visages noircissent, et puis c’est la fin de l’errance, le bout de la plage, la mort inéluctable. Les familles s’agenouillent au pied d’une Vierge absurdement posée là. Miracle. Quelque chose se passe, que nous ne dirons pas… C’est ici Philippe Jaenada à son meilleur : l’unité de temps et de lieu, la progression dramatique, les incises comiques sur un célibataire d’autrefois en berne dans Paris, les portraits d’humains pleutres ou bravaches, tout ce théâtre est en fait le prétexte à une digression sur la vanité de la vie, et en même temps, sa beauté fragile. Un roman désespéré ET drôle.

Avis d’Enora

Mine de rien, Philippe Jaenada s’attaque toujours dans ses romans à des sujets extrêmement sérieux et cette fois plus que jamais puisqu’il aborde la mort. Mais comme à chaque fois, il s’approprie le thème avec tant d’auto-dérision et d’ironie que le lecteur soulage la tension latente et même croissante de l’histoire par de multiples éclats de rire. Et c’est là que se révèle tout le talent de cet écrivain, fin observateur de l’âme humaine, qui sait disséquer avec tendresse et malice la futilité et la complexité de nos réactions face aux grands drames de la vie. Il a cette compassion et cette pudeur qui fait qu’on ne rit jamais de, mais toujours avec, car à travers son personnage principal, Voltaire, philosophe à sa manière, ou Oum sa femme à la carrure de girafe, c’est un peu de nous dont nous nous moquons.

Cela fait cinq ans que nous attendions un nouveau roman de Philippe Jaenada et c’est un réel plaisir de le retrouver dans une œuvre aussi réussie. A une époque où nombre d’écrivain tentent de nous faire prendre leur mal de vivre (ou d’écrire) pour de la sagesse, Philippe Jaenada est comme une bulle d’oxygène. Il nous démontre qu’on peut aborder n’importe quel sujet grave avec un style tout à la fois brillant et léger et que le rire n’empêche pas la réflexion. Un très beau roman.

Merci monsieur Jaenada !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 220
Editeur : Grasset
Sortie : janvier 2009
Prix : 17,90 euros