Nous disparaissons – Avis +

Présentation de l’éditeur

Un new-yorkais trentenaire fait face, impuissant. à la fin prochaine de sa mère. atteinte d’un cancer. Elle le convainc alors de rentrer au Kansas pour l’aider à retrouver des enfants mystérieusement disparus. Enquête réelle? Ou obsession d’une mère qui lutte jusqu’au dernier souffle pour sortir son fils de son mal de vivre…

Avis d’Enora

Après plus de dix ans de silence, Scott Heim revient à la littérature pour notre plus grand plaisir. Nous retrouvons dans ce nouveau roman certains thèmes de prédilection que l’auteur avait déjà explorés dans Mysterious skin : la quête identitaire et le refoulement des souvenirs de l’enfance.

Scott, trentenaire new-yorkais, noie son mal de vivre dans la méthamphétamine. La drogue qui au départ lui donnait confiance en lui, lui permettait de se faire des amis et de partir en quête de sexe, n’est plus que la responsable de dépérissement et de dépression. Sa mère, qui est en stade terminal d’un cancer du sang, le convainc de revenir dans son Kansas natal pour l’aider à résoudre une disparition d’enfant. Cette obsession qui la pousse depuis des années, à suivre ces enquêtes, trouve son origine dans un épisode de son enfance : sept jours pendant lesquels elle disparu, sept jours sans souvenirs. Ce n’est que maintenant, à l’approche de la mort que le voile se soulève dans sa mémoire. Mais le récit change avec chaque interlocuteur. Chaque histoire est une série de nœuds si complexes qu’ils deviennent impossibles à démêler complètement. Affabulation ? À moins que ce ne soit la tentative désespérée d’une mère à l’article de la mort pour sauver son fils ?

Pendant l’écriture de livre, l’auteur a perdu sa mère, une mère qui ne pouvait plus communiquer avec ses proches et qui a emporté avec elle une partie mystérieuse de son passé. Ce roman a permis à l’auteur de canaliser toutes les émotions soulevées par cette perte, et par la fiction de renverser une réalité difficile. L’expérience de la maladie et de la mort ne sont certainement pas étrangères aux scènes crues mais pleines de tendresse et profondément émouvantes que l’on retrouve dans le récit.

Avec un remarquable talent, Scott Heim dresse le portrait d’une mère et d’un fils liés par une relation à la fois étouffante et poignante qui trouve son écho dans l’atmosphère de ce coin perdu du Kansas. Comme Mysterious Skin, ce roman est une œuvre stratifiée. D’abord dans l’intrigue qui semble nous faire approcher de plus en plus prés de la vérité, jusqu’au rebondissement final – car la vérité existe-t-elle ? N’est-il pas plutôt des vérités plurielles qui ne sont pas là comme réponses mais comme interrogations ? – mais aussi dans les personnages si profondément humains dans leur complexité et les liens qu’ils entretiennent. Ajoutez à cela une construction impeccable, une écriture poétique qui happe le lecteur dès les premières pages et vous obtenez une espèce de thriller psychologique qui flirte avec la mort, la recherche de l’identité et les traumatismes de l’enfance. Scott Heim confirme avec ce troisième roman, qu’il est bien une étoile montante de la littérature américaine contemporaine.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 380
Editeur : Au Diable Vauvert
Sortie : 15 janvier 2009
Prix : 23 €