Ouvert la nuit – Avis +/-

– Tu ne crois pas qu’un vampire, enfin un vrai vampire, aurait d’autres priorités sur le plan pratique, avant d’aller faire le tour du monde en mob ?
– Quel « plan pratique » ? Il est immortel !
– Oui, mais comment il fait pour payer le loyer de sa tanière ? Qui, au passage était sacrément tape-à-l’oeil. Faut bien qu’il se fasse du fric pour se faire poser des serrures correctes. Sans compter qu’il faut une bonne protection contre la lumière sur les fenêtres. C’est pas donné, tu sais.

On néglige souvent l’aspect économique dans le statut des créatures de la nuit. Prenez le jeune Dave. Cherchant un emploi, il s’est présenté à une épicerie ouverte la nuit. Ce fut une surprise lorsque Radu, patron de l’épicerie et immigré transylvanien de longue date, lui a aussitôt offert un emploi et la jeunesse éternelle.

La contrepartie consiste en un travail sans faille jusqu’au bout de la nuit et pour un salaire des plus réduit. Tel est le lot des jeunes vampires pendant que leurs maîtres comptent leur argent. Et tandis que les novices connaissent des problèmes sentimentaux, les anciens restent sereins. C’est ainsi qu’ont lieu des parties de cartes entre émigrés roumains et hongrois, agrémentées par des discussions sur le rôle de Bela Lugosi dans l’histoire du cinéma.

Quant à Dave, son coeur bat pour Rosa la Gothique passionnée par les histoires de vampires. Mais la belle humaine est convoitée par Wess : riche, musculeux et surfeur (de nuit). Complication supplémentaire : Wes est bel et bien un prédateur alors que Dave est resté fidèle à ses principes : s’il n’est plus vivant il est quand même resté végétarien !

Une démarche originale : si les conflits internes au sein de la communauté vampirique sont assez souvent évoqués, la réflexion sociale est novatrice. Et lorsqu’on est physiquement incapable de prendre la place du patron il faut réaliser que l’on va rester un exploité… pour l’éternité.

Fiche Technique

Scénario : Jessica Abel & Gabe Soria
Dessin : Warren Pleece
Traduction : Fanny Soubiran
Lettrage : François Giraudet
Editeur : Dargaud
Sortie : mars 2008
Prix : 17 euros
Inédit, moyen format, 182 pages couleurs