Un fascinant regard – Avis +

Présentation de l’éditeur

 » Le couteau étincelle, lançant un éclat mat, s’enfonce dans la chair avec un bruit étouffé…  » Marlie freine à mort et se gare sur le bas-côté de la route. La vision, atroce, la submerge. Meurtre en direct… Témoin invisible, elle voit la scène par les yeux de l’assassin. Dan Hollister est sceptique, il oscille entre l’incrédulité et l’exaspération. Une femme médium qui lui donne un luxe de détails tandis que lui n’a pas la moindre piste ! Le comble pour un flic. Pire encore, les yeux de Marlie le bouleversent, le fascinent, l’envoûtent. Entre elle et lui, c’est l’affrontement, la suspicion. Un jeu dérisoire qui tourne vite à la passion. Mais le tueur tisse sa toile, et Dan songe alors à lui tendre un piège en exposant celle qu’il aime. Folle provocation ! La riposte ne se fait pas attendre…

Avis de Domino

Un fascinant regard conjugue avec un certain bonheur deux thèmes qui a priori n’ont rien à voir, le policier et le paranormal. L’intrigue policière est assez banale et met en scène un serial killer particulièrement retors et méticuleux. Alors que certains auteurs préfèrent le flou quant aux motivations du tueur, Linda Howard révèle dès le début ce qui le guide. Comme toujours, avec ce type d’assassin, c’est un malade enfermé dans sa logique et qui met son intelligence au service de sa névrose. Cependant, Linda Howard reste très évasive sur le passé de son assassin. On déduira seulement qu’il vient d’arriver en Floride et qu’il écume le pays depuis de nombreuses années semant les cadavres au gré des pérégrinations. C’est une des faiblesses du roman. On aurait aimé en savoir un peu plus sur ce tueur maniaque. Il apparaît presque comme une utilité, servant uniquement de faire-valoir au couple de héros alors qu’il aurait mérité d’occuper une place de premier plan.

L’intrigue paranormale est également réduite à la portion congrue. En fait, il s’agit uniquement d’utiliser les dons de médium de l’héroïne qui servent de toile de fond au roman. Le paranormal est ici utilisé comme un moyen et n’est pas exploité dans sa dimension fantastique. Marlie possède des dons hors normes qui font d’elle un être à part mais l’aspect paranormal est en quelque sorte gommé dans des explications pseudo-scientifiques et c’est bien dommage. On a l’impression que Linda Howard a voulu conférer à son roman une touche de « normalité » en atténuant les aspects qui auraient pu déranger des lecteurs un peu trop cartésiens. C’est peut-être un « péché » de jeunesse car dans La femme et le chevalier, réédité sous le titre Obscure prémonition (Son of the Morning) Linda Howard assumera totalement la part fantastique de son roman.

Marlie qui cache bien son jeu est bien plus forte, bien plus déterminée que son aspect physique ne le laisse entendre. Tout comme elle masque sa sensualité sous des vêtements informes afin de mieux se fondre dans la masse, elle cache sa grande force de caractère sous un aspect assez quelconque. Elle a vécu le pire, elle est même morte, selon ses dires, alors il lui en faut beaucoup pour l’impressionner.

Linda Howard s’est fait une spécialité du héros catalogué « mâle alpha », brut de décoffrage. Une espèce d’homme de Néandertal auquel , cependant, les femmes ne peuvent résister, sensibles qu’elles seraient à des manières frustres, une allure négligée, une psychologie de primate mais doté d’une sexualité à la fois débridée et tendre ! Linda Howard crée donc un personnage de flic, à la limite de la caricature qui peut presque apparaître comme une autre faiblesse du roman. Cependant, avec talent elle parvient à faire vivre ce flic improbable et à le rendre attachant en le rendant fou de désir pour une femme que dans un premier temps il ne peut s’empêcher de suspecter. On peut considérer Dan Hollister comme une ébauche du Sam de Mister Perfect, qui à l’heure actuelle, demeure LA référence dans la galerie des personnages masculins de Linda Howard. Peut-être le plus réussi et sans aucun doute le plus célèbre !

Le rythme du roman est soutenu, sans temps mort ni digressions inutiles. Linda Howard ne se perd pas en explications qui ne pourraient que ralentir l’action. La violence des scènes de meurtres est contrebalancée par les échanges tour à tour houleux ou passionnés entre Marlie et Dan ou les discussions empreintes d’humour entre Dan et son partenaire. Malgré les meurtres et un assassin sadique, on rit beaucoup et l’épilogue du roman vient confirmer que l’intention de Linda Howard n’était pas d’écrire un thriller ! C’est peut-être là que réside le problème. Faute d’avoir sur choisir Un fascinant regard semble être un compromis oscillant entre plusieurs genres.

Un fascinant regard est un très bon roman de Linda Howard, mais sûrement pas son meilleur. On prend beaucoup de plaisir à le lire, encore plus à repérer les thèmes qui deviendront récurrents dans sa production ultérieure.

Blue-Moon

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 315
Editeur : J’ai lu
Collection : J’ai lu suspense
Sortie : 30 mars 2006
Prix : 5,90 €