La partie allait se jouer désormais entre Soliman le Magnifique, Charles Quint et François 1er. Les trois souverains, arrivés à la maturité, entraient dans l’étape la plus brillante de leurs règnes respectifs. L’Europe entière – la Seigneurie de Venise, l’Angleterre, les princes allemands, les Pays-Bas et jusqu’au roi de Danemark – sera entraînée dans la tourmente.
La période concernée couvre les années 1529 – 1547 durant lesquelles la région méditerranéenne et les Balkans connurent une intense activité : diplomatie secrète, formation d’armées, combats navals, débarquements, raids sur les côtes ennemies. Le récit illustre parfaitement l’époque. Ainsi il est précisé que pour négocier avec Suliman l’envoyé doit être muni d’un sauf-conduit (indispensable sinon l’envoyé perd la tête) et « qu’il soit fort bien garni d’argent et de présents, sinon il ne serait pas le bienvenu ».
On observera que l’auteur[[qui obtint en 2007 le prix Diane Potier-Boès de l’académie française pour L’Âge d’or des Galères en France. Le champ de bataille méditerranéen]] s’intéresse principalement aux personnes. Ainsi est envisagé l’hypothèse d’une connivence entre les deux amiraux des principales flottes ennemies : Barberousse le turc et Andrea Doria au service de Charles Quint. En effet, si l’un éliminait l’autre le rescapé aurait beaucoup moins d’utilité pour son souverain. De plus Andrea Doria coopéra pour une fois avec la flotte vénitienne (ennemie
Outre les connivences entre les deux amiraux mercenaires, on observe des querelles personnelles au sein du même camp. Ainsi le comte d’Enghien sera victime d’un « accident » et mourut suite à la chute d’un meuble du premier étage. Une chaise ? Non, un buffet. D’où une question fondamentale : comment peut-on faire tomber accidentellement un buffet par une fenêtre ?
Les personnages sont très humains. Ainsi, tandis que les forces impériales débarquent en force à Tunis, Barberousse furieux décide de massacrer les milliers d’esclaves chrétiens détenus sur place. C’est alors que son adjoint le rais Sinan intervient avec succès et obtint la clémence de Barberousse en évoquant l’utilisation future de ces esclaves comme galériens. Cet intervention n’était donc du qu’à du pragmatisme…Certes on pourrait évoquer des motifs bassement financiers, à savoir que la plupart de ces esclaves étaient la possession personnelle de Sinan. Bien entendu, le fait que parmi tous ces Chrétiens épargnés par Sinan se trouvait une Chrétienne en particulier…et le fait que cette Chrétienne avait donné naissance à un fils… Passons.
En mettant l’accent sur les personnages l’auteur procède à un retour de l’Histoire événementielle, plus humaine que comptable. Parmi les personnages évoqués on remarquera la grande place procurée au capitaine Polin, alias le Baron de la Garde. Ce serviteur de la France, homme de guerre et diplomate, se trouve être d’origine inconnue. L’auteur envisage ici qu’il soit le fils naturel d’Adhémar de Grignan, lieutenant du sénéchal de Provence. Or curieusement Edith Garnier n’évoque même pas l’hypothèse selon laquelle le nom de « Polin » ne serait qu’un surnom provenant de ses origines. En effet à l’époque le mot « poulain » désigne une personne née de l’union d’un Européen avec une orientale. Cette double culture apporterait un avantage indéniable pour aller négocier en territoire musulman.
Fiche Technique
Pages : 304
Format : broché
Edition : Le Félin
Collection : Les Marches du temps
Sortie : juin 2008
Prix : 22 euros