Devotion – Avis +

Résumé de l’éditeur

Desperate to escape her zealous, puritanical father, Maria Ashton takes a job as nursemaid to the Duchess of Salterdon’s grandson, Trey Hawthorne. On arriving, she discovers that her charge is not a child but instead a full-grown man unable to control his speech or movements following an attack by highwaymen. In his frustration, he has fits of yelling and throwing things-which make everyone believe he is insane. Without being sanctimonious or sloppy, Maria brings sunshine, understanding and love into the tortured duke’s life and pulls him back from the brink of insanity-before nearly losing him.

Avis de Callixta

Il y a différentes sortes de romances historiques : celles qui content une histoire d’amour parfois très brillamment mais en utilisant des codes et des ressorts admis par tout le monde, auteurs et lecteurs, et puis, il y a des romances qui sortent de l’ordinaire par la qualité, l’intensité et l’originalité du ton. C’est sans aucun doute le cas de ce très beau roman qu’est Devotion de Katherine Sutcliffe. C’est en réalité une série composée de trois livres : Miracle , Devotion et Obsession. Le premier roman raconte l’histoire de Lord Basingstoke et Devotion et Obsession sont consacrés à son frère jumeau, Trey, duc de Salterdon.

Première originalité, ne lisez pas Devotion si vous n’avez pas à proximité Obsession parce que ce sont deux histoires qui se complètent et vous pourriez être dévorés de frustration à la fin du premier des deux romans.

Devotion est une merveilleuse histoire beaucoup plus complexe et subtile que ne le laisse présager le début pourtant déjà fort intéressant. Maria, le très jeune héroïne du roman va rencontrer le héros à la suite d’une annonce à laquelle elle a répondu impulsivement. Elevée par un père, pasteur fanatique et intransigeant, elle a été étouffée comme son frère et sa mère par le poids d’une morale rigoriste et une interprétation excessive de la Bible. Sa mère s’est littéralement éteinte, traînant comme une ombre chez elle et son frère a fini par en mourir.

Elle l’a soigné pendant deux ans alors qu’il était devenu invalide. Maintenant qu’il a disparu, pour échapper à la rigueur de son père, elle a trouvé un moyen de fuir : travailler pour s’occuper d’un handicapé puisqu’elle a acquis une certaine expérience. Elle se retrouve ainsi chez le duc de Salterdon, embauché par la grand mère du jeune homme qui se garde bien de préciser qu’il n’est plus un enfant et de l’informer de la gravité de son état. Celui-ci a été laissé pour mort par des bandits de grand chemin et a subi un traumatisme cérébral qui a provoqué des lésions graves gênant la diction, la marche et même la concentration. Il n’est plus qu’un légume à peine vivant lorsqu’elle arrive chez lui.

Maria va alors tenter de sauver cet homme dont elle a peur, sans bien savoir comment s’y prendre mais contrainte de rester ou de retourner chez un père qui la fera passer probablement un an à genoux, comme elle dit elle-même, si elle revient !

Evidemment cette partie du livre est déjà magnifique avec la volonté lumineuse de la jeune femme entre la fée et l’ange, avec ses yeux très bleus et ses cheveux si blonds qu’ils semblent argentés. Rien n’est manichéen ni facile. L’amour n’est même pas la première chose qui se profile entre les deux héros qui ont tous deux des problèmes personnels à résoudre.

Maria apprend à se connaître enfin libérée de la présence étouffante de son père. Elle découvre ce dont elle a envie, sa sensualité, prend confiance en elle. Trey essaye de sortir de son handicap où tout le monde l’a abandonné : sa fiancée, sa grand mère (personnage ambigu), ses amis à part quelques-uns. Seul son frère continue à venir sans savoir comment lui venir en aide. Revenir à la vie c’est aussi rendosser son rôle écrasant de duc avec son cortège d’obligations et un rang à tenir.

Les deux héros se confrontent parfois brutalement, se découvrent finalement comme un homme et une femme malgré l’écart d’âge (elle a dix-neuf ans, il en a trente-cinq). Les scènes sont marquantes, très visuelles parfois comme celles où le duc en fauteuil roulant redécouvre ses chevaux arabes qu’il n’a pu voir durant un an. Ou encore lorsqu’il est confronté à son piano, lui qui a perdu la coordination de ses doigts alors qu’il était un musicien brillant. Ces scènes sans trop d’analyses intérieures sont poignantes. Trey est profondément émouvant dans sa frustration lui qui a tellement perdu : de duc puissant, séduisant, séducteur, il n’est plus que handicapé, impuissant, isolé. Il n’est pas sans rappeler d’ailleurs le héros de Laura Kinsale dans Flowers in the storm. Maria est jeune, fraîche mais absolument pas niaise ni naïve. C’est une héroïne courageuse en pleine évolution dans le roman qui s’épanouit peu à peu malgré les difficultés de sa tâche.

Le roman a de plus de très bons personnages secondaires notamment un couple ambigu de serviteurs qui sont loin des valets effacés qu’on voit dans la romance. Méchants mais débonnaires, ils représentent une sorte de médiocrité ordinaire. Tout comme la grand-mère de Trey dont l’attachement à son rang et aux valeurs de la noblesse britannique la rendent totalement crédible mais aussi inquiétante. La complexité est aussi présente dans le jumeau de Trey qui est très attaché à son frère mais éprouve des sentiments partagés vis à vis de lui, aussi.

C’est un livre de romance différent, très bien écrit, qui même dans la construction de l’histoire se démarque de la production de ce type. C’est un livre à la fois émouvant, romantique et réaliste dont on en a envie de savoir la suite lorsqu’on l’a refermé.

Obsession n’a pas la même qualité d’après les critiques américaines mais je me vois mal ne pas le lire parce que j’ai trop envie de connaître la suite de leurs aventures !

Fiche Technique

Format : poche
Editeur : Jove Publications
Sortie : janvier 1996
Langue : anglais
Prix : épuisé