Le rire de la grenouille : Petit traité de philosophie artisanale – Avis +

Présentation de l’éditeur

Nous sommes aujourd’hui, face à notre avenir incertain, comme nos ancêtres qui craignaient de ne plus voir le soleil. La réponse à cette peur qui parfois nous agite réside dans les contes et leur sagesse immémoriale. Eux seuls savent transformer les menaces en miracles. Mais encore faut-il les écouter. Fais comme moi, disent ces simples récits. Ne sois rien qu’une conscience éveillée, capable de capter tout ce qui peut la nourrir. La grosse patte du lion ne peut capturer le papillon.

Face à la mort, aux pouvoirs, à tout ce qui enferme, sclérose ou pétrifie, sois un papillon. Schéhérazade invente et dit des contes pour tenir la mort à distance. Et la vie prend le dessus. Ainsi les contes ont traversé les pestes, les guerres ou les révolutions. De page en page, Henri Gougaud les interroge et ils lui répondent : Imite-moi et tu survivras. N’aie pas peur de te transformer sans cesse. À la fois drôle et apaisant, ce récit singulier, truffé d’histoires, est un vrai livre de sagesse.

Avis de Eric

La bibliothèque et le jardin

Tout le livre tient dans cette formule que suggère astucieusement Henri Gougaud. L’éditeur lui posa un jour une question si évidente que l’on s’en veut de ne pas l’avoir formulée soi-même : qu’est-ce que peuvent bien nous apprendre les contes sur la sagesse des hommes ?

Henri Gougaud, qui reconnaît volontiers ne pas être philosophe, remplit son contrat grâce à sa connaissance absolument encyclopédique des contes. De surcroît, et à la différence du travail qu’aurait certainement livré un érudit universitaire, il nous émaille ses réflexions abondamment de divers contes !

Hormis un développement totalement hors sujet et trahissant une inculture historique abyssale sur la grande culpabilité universelle de l’Homme Blanc Occidental (pages 108 et 109) consternantes tant elles sont caricaturales, hormis donc ce moment d’égarement, Henri Gougaud livre une vraie sagesse sur les hommes et sur la Vie.

Ainsi, en vrac et toujours adossé directement sur le récit d’un conte : Les contes sont d’abord les véhicules d’une nourriture, …l’intellect voudrait que la vie ne soit qu’une énigme, alors qu’elle est un mystère, …le désespoir n’a pas droit de cité dans ces histoires, La vie gagne toujours. La mort n’a qu’une peur, que la vie la dévore. J’en passe et tant d’autres encore.…

En un mot comme en mille, Gougaud nourrit de sa connaissance des contes notre intuition que la perception sensible que nous avons de la vie sublime la compréhension intellectuelle que nous en construisons.

Alors ne manquez pas entre autres merveilles ces lignes extraordinaires par lesquelles il raconte (re-conte ?) comment son fils très jeune encore lui avait montré innocemment les deux façons d’écouter une histoire. Que vous lisiez une histoire à un plus jeune frère ou sœur, que vous soyez parent ou grand parent, vous ne pourrez plus jamais lire une histoire à un enfant comme vous le faisiez jusqu’alors, et ce que vous soyez cartésien ou artiste.

En approchant de la fin du livre, vous comprendrez qu’Henri Gougaud vous aura fait faire un beau voyage depuis la bibliothèque jusqu’au jardin. Et quand vous aurez vraiment tourné la dernière page, vous saurez qu’il a rempli son contrat moral avec son éditeur, et vous-même, puisqu’il vous aura convaincu que la philosophie est bien, par-delà son étymologie, l’amour de la sagesse, et non l’amour du savoir.

Vous saurez enfin pourquoi les films Le fabuleux destin d’Amélie Poulain et Les Ch’tis vous ont tant plu : ce sont authentiquement des contes !

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Carnets Nord
Collection : Littérature
Sortie : 23 octobre 2008
Prix : 18 €