Lady Libertine – Avis +

Présentation de l’éditeur

Londres, 1821
A l’hôpital, Isabella O’ Rourke assiste à la mort de sa sœur aînée qui, violée et battue, expire dans ses bras en lui faisant jurer de la venger. Avant de décéder, la malheureuse parvient à donner une brève description de son agresseur : c’est un aristocrate, grand, brun, séduisant, et dont les lèvres ont un goût étrangement amer. Dès lors, vêtue d’une robe de dentelle noire, Isabella s’invite aux bals londoniens et prend, chaque fois, l’initiative d’embrasser l’un de ses cavaliers dans l’espoir de démasquer le coupable…

Avis de Domino

Gail Ranstrom a choisi la Régence post-napoléonienne pour situer l’action de ses romans. L’époque n’est pas très originale mais l’auteur en explore les aspects les plus sombres au fil de ses différents livres. Dans Lady Libertine, on ne trouvera pas de description de bals, de sorties à Hyde Park, de soirées musicales, de visites de courtoisie ou de flirts plus ou moins poussés mais au contraire une plongée dans les tripots et maisons de plaisir que les hommes de l’époque se plaisent à fréquenter, aussi bien dans les beaux quartiers que dans les bas-fonds. L’auteur scrute la dépravation des élites qui recherchent en permanence de nouveaux plaisirs, des sensations inédites, toujours plus violentes, toujours plus choquantes. S’enivrer ou se perdre dans les vapeurs de l’opium ne leur suffit plus. Il leur faut des plaisirs plus forts, susceptibles de les sortir de l’ennui profond dans lequel ils sont plongés, ce fameux spleen célébré par Baudelaire. C’est ainsi qu’ils se passionneront pour des combats de chiens, d’ours ou pour le spectacle de la démence des malades mentaux. Mais la nouveauté s’émousse vite et bientôt le satanisme avec ses sabbats, ses orgies et ses sacrifices humains s’impose à eux.

Lady Libertine est le second roman consacré à la famille Lockwood. Le premier Indiscretions (non traduit) a vu l’ainé, le comte de Lockwood rencontrer son épouse ; Lady Libertine est dédié à Andrew le cadet de la fratrie. Gail Ranstrom lie ses romans les uns aux autres sans qu’on puisse pour autant parler de saga ou de suite à proprement dit. Ses intrigues sont peuplées de personnages qui tour à tour sont comparses ou héros. Ainsi Devlin Farrell, personnage secondaire très intriguant et Lily sœur de l’héroïne de Lady Libertine auront leur propre histoire dans Unlacing Lily qui vient de paraître aux États-Unis.

L’optique adoptée par l’auteur confère une touche d’originalité à une intrigue par ailleurs assez classique même si ses protagonistes le sont un peu moins. Isabella O’Rourke (Bella) a décidé de sacrifier son avenir pour venger sa sœur assassinée. Andrew Hunter, lui, est un survivant, un mort-vivant. Hanté par un secret qui le mine depuis son retour d’Espagne, il traîne son sentiment de culpabilité et n’a plus goût à rien. Il est blasé et plus rien ne le surprend ou ne l’émeut jusqu’au moment où sa route croise celle de la jeune femme. Bella, murée dans une attitude quasi autiste, refuse de voir autre chose que la mission qu’elle s’est fixée. Les malentendus et les non-dits s’enchaînent au fil de leurs rencontres sur un fond de violence et de tension sexuelle exacerbée pour finalement atteindre un point de non-retour. Après s’être combattus, ils finiront par unir leurs efforts pour démasquer l’assassin. Andrew devra affronter son passé et ses propres démons pour triompher de l’épreuve tandis qu’Isabella devra accepter de partager le fardeau de la tâche qu’elle s’est imposée.

L’intrigue sentimentalo-policière est assez convenue et si on devine assez vite le méchant de l’histoire, on se passionne néanmoins pour les aventures des deux héros. Mais plus que l’intrigue proprement dite c’est la description du monde de la nuit et des bas-fonds ainsi que celle d’une société en pleine décadence, privée de but et de repères qui donne son originalité et son intérêt au roman. Et si pour une fois vous passiez du côté obscur de la Régence ?

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 342
Editeur : Harlequin
Collection : Les historiques
Sortie : 1 octobre 2008
Prix : 5,80 €