Cet instant avant l’aube – Avis +

Présentation de l’éditeur

1976. Quand Fleur rencontre David, pilote dans l’armée anglaise, elle sait qu’elle a trouvé l’homme de sa vie. Un beau mariage, un départ pour Singapour, la naissance de deux ravissantes jumelles, Nikki et Saffie… Le bonheur semble parfait, jusqu’au jour où le sort frappe. David meurt dans un accident, puis Saffie se volatilise sur une plage de Malaisie.

Vingt-huit ans plus tard, Nikki vit en Nouvelle-Zélande. Elle va donner naissance à son premier enfant et attend avec anxiété la visite de Fleur, qu’elle estime responsable de la disparition de sa sœur. Fleur n’arrive pas à destination. Alors qu’elle fait escale à Singapour, un élément nouveau fait resurgir les fantômes du passé. Au péril de sa vie, Nikki part retrouver sa mère…

Avis de Marnie

Même si notre attention est retenue de bout en bout par le fil rouge de l’intrigue, soit connaître la vérité sur le drame qui est survenu en 1976, le jour où Saffie, âgée de cinq ans a disparu sur une plage d’un village de vacances en Malaisie… c’est en fait tout le ressenti des trois femmes, dont la vie a été profondément bouleversée par ce drame qui se retrouve au centre de cette émouvante histoire.

Ne nous méprenons pas, peut-être que la quatrième de couverture pourrait nous faire penser qu’il s’agit ici d’un suspense, ou d’une enquête criminelle. Cependant, si quelque part, d’une certaine façon, le récit reprend un peu ce thème, il s’agit en fait d’un scénario raconté collégialement, par différents protagonistes qui se sont trouvés mêlés à ce drame. En effet, différents flash-backs surviennent par scènes très courtes, qui n’ont rien de chronologique ce qui ôte tout l’ennui que l’on pourrait ressentir à reprendre classiquement cette histoire qui a abouti à cette tragique disparition.

Toutes les pièces du puzzle s’emboitent ainsi, peu à peu, alors que se dessinent trois portraits de femmes.

– Laura, la grand-mère qui préfère ouvertement son fils aîné et qui ne comprend pas sa fille, qui avait des dons, sans savoir les exploiter et qui n’a su se montrer digne du bonheur qui lui était donné,

– Fleur, une jeune femme dont le mari est mort dans un accident tragique sous ses yeux et dont une de ses deux filles a disparu dramatiquement quelques semaines plus tard, échappant à sa « fragile » vigilance, et qui a poursuivi sa vie avec la force des survivants, ne se rapprochant ni de sa mère, Laura, ni de sa fille Nikki.

– Nikki, qui vit une grossesse difficile et qui presque à terme, est soudain obligée de faire face à ce passé qui la hante. Elle n’a jamais pardonné à Fleur, sa mère, ses faiblesses et ne s’est jamais remise de la perte de sa soeur, qui vient la voir dans ses cauchemars. Refusant de s’engager avec le père de son enfant, instable toujours écorchée vive, il va lui falloir trouver les ressources en elle pour comprendre la réalité de ce qui s’est produit vingt-huit ans auparavant.

C’est donc une plongée dans le passé que vont revivre ces trois femmes… dans ces petites garnisons britanniques dispersées dans le monde entier, vivant en autarcie, protégeant les siens en oubliant peu à peu l’aspect vain, superficiel de la vie de ces hommes et femmes sur des bases militaires, microcosmes de la société anglaise, qui copient les règles mais aussi les tabous de l’occident des années 70. Nous devinons le sacrifice surtout des femmes qui ne peuvent se permettre d’avoir d’ambition personnelle, littéralement transportées comme des bagages supplémentaires dans ces pays…

Cependant, le thème le plus fort et le plus réussi du roman, est celui du travail de deuil. S’opposent, ou s’allient soudain deux pensées, occidentale, mais aussi orientale. A force de se parler, de s’expliquer, avec l’aide de ces paysages du bout du monde, de ces pensées profondes, tendres , la paix et l’acceptation vont peu à peu prendre l’ascendant sur la rage et les reproches. Lorsque se referme le roman, nous comprenons les ravages des secrets de famille qui brisent les survivants, et la force des paroles, de l’introspection, les liens se ressoudent alors par ceux qui s’étaient éloignés.

Une très jolie et très émouvante histoire !

Biographie de l’auteur

Sara MacDonald a vécu successivement à Chypre, à Dubaï, en Allemagne, en Norvège et à Singapour, avant de s’installer en Cornouailles avec son mari et leurs deux fils.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 412
Editeur : J’ai lu
Sortie : 8 septembre 2008
Prix : 7,60 €