Agence(s) Littéraire(s) – attention arnaque

Pour les écrivains qui ne connaissent pas le milieu, se faire publier relève du talent mais aussi de beaucoup de chances. Envoyer son manuscrit à des dizaines d’éditeurs pour recevoir en tout et pour tout une lettre type de refus est très frustrant. La tentation est donc grande de faire appel à un professionnel. Ce fut le cas de l’auteur de ses lignes. Faire appel à un agent littéraire était pour moi une évidence puisque d’une part mon travail ne me permettait pas de consacrer tout mon temps à cette recherche (trop peu pour moi de jouer à l’écrivain au RMI en attente du succès) et que d’autre part estimant que ce démarchage n’était pas dans mes compétences, je trouvais cela normal de demander de l’assistance.

Après des recherches sur internet je suis tombé sur une Agence Littéraire[[ les majuscules sont de rigueur, je fais allusion à la profession en général, pas à quelqu’un en particulier … à moins que …]] située à Versailles. Après envoi de mon manuscrit ils m’ont recontacté pour me proposer leurs services. Le discours était très flatteur « On sent que vous avez le potentiel » « Votre écriture montre un vrai talent« , bref le genre de phrase que tout personne agité par l’envie d’écrire et d’en vivre voudrait entendre dans sa vie. En échange de leur service, je devais payer 900 € non remboursable en cas d’échec mais à considérer en tant qu’avance sur pourcentage lors de la publication de mes ouvrages.

N’étant pas totalement naïf, j’ai signé le contrat non pas en ayant en tête une garantie de résultat mais de moyens. En effet, le contrat signé stipulait que cette Agence Littéraire devait notamment [[les parties entre guillemets sont issues de leur contrat]] « proposer » mes « oeuvres littéraires à tous éditeurs en vue de leur publication« . L’agence devait me tenir régulièrement informé de ses démarches : « Vous serez tenu
régulièrement informé de mes démarches
 » et de plus le gérant m’écrivit dans un mail en août 2006, peu après la signature du contrat : « Chaque fois que nous enverrons un dossier de présentation ou le manuscrit à une maison d’édition, je vous en informerai. Je ferai de même chaque fois que nous aurons un retour éditeur (intérêt de principe, commentaire…)« .

Je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit par la suite. J’ai donc relancé bon nombre de fois mais je n’ai jamais eu de retour quant aux éditeurs contactés, ni quant aux démarches effectuées. Cherchez l’erreur.

Un an après la signature de mon contrat, suite à des mails envoyés et sans réponses, des appels de ma part, j’ai enfin reçu une fiche de lecture de leur part me recommandant de faire des modifications à mon manuscrit. J’ai effectué ces modifications, et je leur ai transmis en juin 2007.

Cependant, n’ayant aucune nouvelle de leurs démarches ni quant à la bonne réception de mon manuscrit remanié, j’ai demandé un entretien et j’ai rencontré le gérant en août 2007. Ce dernier m’a assuré me faire un retour en octobre de la même année. Je n’ai là non plus eu aucun retour et ce malgré mes nombreuses relances par téléphone et mail.

Par la suite vers novembre 2007, ils m’ont demandé environ 150 € pour
avoir accès à un espace personnel sur leur site afin d ‘améliorer la communication. J’ai refusé de payer, puisque selon moi ils avaient obligation de communiquer avec moi et qu’un site n’y changerait rien. Il m’ont cependant donné l’accès quand même. Il est à noter que je n’ai guère eu plus d’informations quant à l’avancement concernant les démarches particulières concernant mon manuscrit. Les seuls messages étaient vagues et surtout génériques, destinés à tous leurs auteurs.

Ensuite en début d’année 2008 il m’ont demandé 30 € pour constituer un dossier à présenter aux éditeurs en me disant que si je ne payais pas je ne serai pas présent dans ce dossier et qu’il serait plus difficile de vendre mon livre. J’ai donc payé pour voir. Je n’ai eu aucun retour non plus.

A chaque relance de ma part, ils ne cessaient de repousser leur réponse à octobre 2008, quand je leur demande des comptes.

Dernièrement, en juillet, ils m’annoncent avoir créé leur propre maison d’éditions et me proposent de m’y faire éditer moyennant un avenant de 600 € pour un travail « éditorial » sur mon manuscrit. Or le contrat qui me lie à eux précise au sujet des 900 € déjà versés que cette somme est « pour le travail éditorial et marketing » ainsi que « toutes les prestations autres que le travail éditorial et marketing« . Devant mon
interrogation devant le fait de payer ils m’ont répondu que c’était normal et que « rien n’était gratuit« .

Cet avenant mentionne notamment :

« Nous allons donc travailler sur cette édition (présentation du livre et de l’auteur, calendrier, prix de vente, date de sortie, objectifs de l’attaché(e) de presse, objectifs de vente…) et nous engageons à vous remettre pour signature dans un délai de 1 mois maximum un contrat d’édition selon le modèle ci-dessous. Pour ce travail ponctuel et complémentaire à notre mission initiale, qui continue, notre
rémunération sera de :

– 299 € (soit 250 HT) à la signature du présent avenant
– 299 € (soit 250 HT) à la signature du contrat d’édition XYZ Editions
 »

A noter aussi que l’écrivain doit payer de sa poche les services presses émis (sans droit de regard évidemment) et faire une souscription pour le lancement ce qui revient à demander à l’auteur de subventionner une maison d’éditions. Ces fameux agents sont donc gagnants à tout niveau puisqu’ils ne peuvent pas perdre d’argent avec ce système. Le risque est porté entièrement par les auteurs.

Le plus drôle est qu’au téléphone ou dans leurs mails suite à ma résiliation, ils ne cessent de clamer leur incompréhension. Jouer les vierges effarouchées est une technique ancestrale bien connue des commerciaux peu scrupuleux. Je leur ai pourtant exposé les mêmes faits décrits dans le présent article. Je dois préciser qu’ils n’ont d’ailleurs jamais répondu factuellement à cela.

A noter que dans la réponse que j’ai eu suite à ma résiliation, le gérant me dit revenir prochainement vers moi pour me répondre plus en détail. C’était vers fin juillet. Je remarque qu’à ce jour (le 1er octobre 2008) je n’ai bien évidemment eu aucun retour. Cela illustre parfaitement le professionnalisme de cette fameuse agence.

Ecrivains, méfiance !

Pour faire partager mon livre qui dormait en vain depuis 2 ans, je l’ai publié sous licence Creative Commons chez in libro veritas. Vous pouvez donc lire Une enquête inattendue.