L’amour blessé – Avis +

Présentation

En dépit de toutes les femmes qui tentent en vain de l’approcher, Bram Soames, homme d’affaires influent et séduisant quadragénaire, se laisse enfermer depuis vingt-sept ans dans une relation exclusive et jalouse par son fils Jay.

Jusqu’au jour où Taylor Fielding pénètre dans leur vie, Cette femme mystérieuse, qui dissimule à peine le dégoût qu’elle a des hommes et de sa propre sexualité, semble elle-même aux prises avec de terribles démons intérieurs. Pourtant c’est pour elle que Bram, littéralement fasciné, décide de briser le carcan dans lequel il est tenu depuis des années. Sans imaginer jusqu’où risque de les conduire la passion destructrice de Jay…

Avis de Marnie

J’avais plaisir à relire ce roman, découvert dans la collection Best-Sellers en 1996 et qui m’avait laissé un souvenir impérissable… Seulement, certaines fois, notre mémoire noue joue des tours ! Réédité en 2001, puis en 2005 dans la collection Jade, et une nouvelle fois en octobre 2008, nous pourrions croire que Harlequin s’acharne à nous démontrer que nous devons nous replonger de temps en temps dans cette histoire de héros traumatisés, rongés par la culpabilité ! C’est donc avec une vraie retenue et un regard neuf que douze ans après, j’ouvre cette très belle édition… Indéniablement, c’est la pochette la plus ravissante, comme vous pouvez le voir !

L’histoire se joue à quatre mains. Tout d’abord, Bram Soames âgé de 42 ans, « le gentil », qui a eu un enfant à l’âge de 14 ans dans des circonstances peu glorieuses, et qui en fait ne s’en est jamais remis. Rongé par la culpabilité d’avoir été l’instrument du malheur de son fils, il se laisse totalement dominé dans la relation malsaine, faite d’amour et de possession qui existe entre eux.

Jay, lui, a 27 ans, mais si son autorité naturelle et son arrogance font croire qu’il est un adulte sur de lui, tout dans son comportement fait ressortir une immaturité empreinte de haine et de vengeance. Rarement, nous trouverons un héros aussi violemment antipathique que ce jeune homme… Même si nous comprenons bien vite qu’il est victime d’une enfance où on lui a bien fait comprendre qu’il n’aurait jamais du naître et que l’on a reporté sur lui toute la colère que ses proches éprouvaient à l’égard de son père, il ne s’est jamais départi de son sentiment d’insécurité… et de la certitude qu’il n’était pas aimé de son géniteur. Dès le premier chapitre, nous comprenons que cette fixation qui occulte tout autre sentiment dans sa vie en a fait un monstre de cruauté et surtout d’agressivité, capable d’aller très loin, trop loin pour garder l’emprise qu’il a sur Bram…

Survient une femme étrange, renfermée et qui semble avoir peur de tout et surtout d’elle-même, Taylor, celle par qui le scandale arrive. Pour une fois, Bram n’abdiquera pas. Malgré ses réticences, et les pièges conçus par son manipulateur de fils, il va tenir à cette relation passionnée, envers et contre tous… au risque de provoquer des réactions en chaîne, des plus dramatiques et dangereuses, alors qu’une autre femme, Fate, va se glisser en toute innocence au coeur de cette intrigue dont les rebondissements se révèleront bien plus inattendus que nous ne nous y attendions.

Le prologue est un modèle du genre. Il nous conditionne sans en avoir l’air et contribue à nous lancer sur une piste… bien plus complexe que nous ne le pensions ! En fait, Penny Jordan maîtrise du début jusqu’à la dernière page son récit, et ce, jusqu’au moindre détail. Nous apprécions l’évolution des quatre héros, l’auteur ne tombant pas dans le piège du revirement final du méchant héros qui soudain deviendra un petit saint… La conclusion assez longue nous permet de prendre connaissance de la fragilité des sentiments humains et du temps et de l’aide qui sont nécessaires pour guérir de ces blessures. C’est fort joliment bien fait, les héros sont attachants, le lecteur prend à coeur leurs traumatismes, la culpabilité liée aux mauvais choix ou aux coups du sort.

Mais le grand attrait du roman, c’est la qualité de l’introspection… Si les quatre héros montrent ainsi toute la violence et l’émotion qui s’entremêlent, Penny Jordan en fait de même pour les personnages secondaires, leur donnant ainsi un relief fort inhabituel dans ce genre de roman, que ce soit Helena, la grande amie de Bram, sa fille Prune (merci au traducteur de nous indiquer la raison incompréhensible en français de ce surnom), une des plus belles surprises du roman, mais aussi un personnage comme Nadia qui nous est décrite de façon approfondie au début du roman mais qui n’aura pourtant aucune incidence sur la suite de l’histoire, son caractère étant utilisé pour mieux nous faire comprendre la complexité et la hargne de Jay.

Toutes ces descriptions enrichiront considérablement le roman, contribuant à rehausser le niveau dramatique de l’intrigue et nous aurons tout autant plaisir à suivre l’évolution et le devenir de certains des personnages secondaires que de nous préoccuper du destin de nos héros. En tout état de cause, ne croyez surtout pas que vous allez découvrir un récit classique, avec les deux gentils, le méchant qui leur mettra des bâtons dans les roues, leur rupture suite à ces manigances et la révélation du malentendu pour des retrouvailles finales alors que le méchant se repend amèrement d’avoir mal agi… Si le roman commence ainsi, au bout d’un tiers du livre, l’auteur insuffle de vraies bonnes idées et ne fait pas de ses héros de doux crédules… A noter la très dérangeante et fascinante violence verbale de Jay, du rarement vu dans une romance. Heureusement, et pour notre plus grand plaisir ! Une totale et parfaite réussite qui nous fait regretter que Penny Jordan n’ait pas persévéré dans ce style de format qui lui convenait si bien !

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Harlequin
Collection : Jade
Sortie : 1 octobre 2008
Prix : 10,40 €