Il faut avant tout replacer ce film qui a fait l’effet d’une bombe lorsqu’il est sorti aux États-Unis en ce début des années 60… une adolescente culpabilisée, jugée et rejetée par la société parce qu’elle a des besoins sexuels.
L’histoire qui semble gentillette se passe en 1929, dans une Amérique en crise : un garçon aime une fille… mais ils ne peuvent avoir de relations sexuelles parce que cela ne se fait pas, et cette décision aura des conséquences tragiques. En fait, c’est la middle-class de 1960 qui est sur grill ! Le regard est acéré, l’analyse fine et le propos visionnaire. Premier vrai rôle de Warren Beatty, le jeune premier de la décennie est impressionnant tant il respire la sexualité par tous les pores de la peau, face à Nathalie Wood qui a réussi à échapper aux personnages de jeune fille de bonne famille niaise et douce… Survoltée, de plus en plus tendue jusqu’à la rupture brutale et hystérique, sa révolte reste inoubliable.
Contre eux, se dessine une société hypocrite, sclérosée, construite sur des règles morales et des tabous qui perdent peu à peu leur sens… A noter dans un second rôle, la présence de celle qui deviendra la cultissime épouse du réalisateur, Barbara Loden. Elia Kazan a voulu démontrer que la plus simple et plus bête des histoires peut devenir une arme cruelle entre les mains d’un metteur en scène inspiré !
Ce n’est pas un film que l’on adore revoir, mais une leçon toujours d’actualité !