Broken – Avis +

Résumé de l’éditeur

This month, my name is Mary.

My name is different every month — Brandy, Honey, Amy…sometimes Joe doesn’t even bother to ask — but he never fails to arouse me with his body, his mouth, his touch, no matter what I’m called or where he picks me up. The sex is always amazing, always leaves me itching for more in those long weeks until I see him again.

My real name is Sadie, and once a month over lunch, Joe tells me about his latest conquest. But what Joe doesn’t know is that, in my mind, I’m the star of every X-Rated one-night stand he has revealed to me, or that I’m practically obsessed with our imaginary sex life. I know it’s wrong. I know my husband wouldn’t understand. But I can’t stop.

Not yet.

Avis de Callixta

Il y a des titres particulièrement bien choisis. C’est le cas de Broken, un roman de Megan Hart, mais on ne sait pas tout de suite pourquoi.

Le roman est construit de telle façon que l’on va découvrir peu à peu toutes les facettes de la vie de Sadie. Chaque chapitre raconte une petite histoire qui va prendre tout son sens un peu plus loin dans la lecture. On découvre ainsi les fantasmes de Sadie, le mari de Sadie, la famille de Sadie, Sadie au travail. Ce dernier passage nous permet d’ailleurs de retrouver Elle, héroïne d’un précédent roman de Megan Hart, Dirty, Le secret en français. Ce qui fait une des forces remarquables du livre est que chaque chapitre, pris indépendamment, peut donner une idée incomplète du roman. Ainsi, si on tombe sur l’un des fantasmes de la jeune femme, il s’agit d’un livre érotique ; si on ouvre un chapitre sur sa vie professionnelle, c’est une psy au travail ; si c’est un passage sur la vie conjugale de Sadie, c’est une déchirante souffrance. Le tout demeure parfaitement cohérent et admirablement écrit.

Sadie est donc psy et a épousé Adam. Ils ont eu un mariage parfaitement satisfaisant jusqu’à l’accident de ski qui a laissé le jeune homme si sportif, si beau, si dynamique, paralysé jusqu’au cou. Depuis, Sadie est devenue une épouse que son mari ne peut plus toucher ni même sentir sauf à partir de la tête. Amoureuse, bouleversée, torturée par l’état d’Adam, Sadie essaye de continuer à l’aimer et à s’aimer. Megan Hart n’est pas une auteur qui écrit de façon spectaculaire. Elle énonce des faits avec des mots précis qui font toujours mouche, des phrases simples. Mais au détour d’une page, il est difficile de ne pas être profondément ému par le calvaire que connaissent Adam et Sadie. Tous deux sont prisonniers de la situation : la mort a à moitié fait son œuvre, tout est cassé : le corps du jeune homme, leur mariage aussi, mais il reste suffisamment de vie pour que chacun se batte pour le conserver. Cet entre-deux est déchirant et Sadie survit grâce à ses rencontres mensuelles autour d’un repas, avec un homme, Joe, dont elle ne sait presque rien sauf le plus intime : ses (nombreuses) aventures sexuelles. Chacune devient peu à peu son fantasme personnel et Megan Hart utilise la première personne pour les raconter, comme pour Sadie.

Sans poser une seule fois ou presque la question en ces termes ni juger, elle parvient à mettre en place une sorte de couple à trois, insatisfaisant, un brin pervers parfois mais qui permet à Sadie de tenir. Nous sommes loin de propos graveleux et de la description facile de tromperie de la femme frustrée dans un mariage si fragile. Nous sommes au cœur de l’intimité d’une femme blessée et qui essaye de survivre. C’est beau, parfois vertigineux et aussi, dérangeant. Comme Sadie, nous nous interrogeons sur ce qu’elle vit, sur ce qu’elle peut ou doit s’autoriser, sur le but de Jo qui se raconte aussi complaisamment et n’hésite pas à provoquer la jeune femme. Il y a tant de questions que je ne pourrais pas toutes les lister mais elles sont toutes profondément réelles. Quant aux réponses, elles sont complexes comme elles le sont toujours dans la vie. Et parfois, il n’y en a pas.

A chaque page tournée, à chaque chapitre commencé, on se demande avec une anxiété grandissante comment tout cela va finir. Il est évident que Sadie est sur une corde, en équilibre et qu’inévitablement, il y aura des choix, une fin. La construction remarquable du roman concourt à faire lentement monter cette tension, de façon régulière et insensible.

Megan Hart réussit ce que peu d’auteurs parviennent à mener à bien. Elle écrit des scènes érotiques parfaitement naturelles mais aussi cérébrales où le sexe est pratiqué en cohésion profonde avec l’âme. C’est érotique mais aussi psychologique, intelligent, émouvant…C’est tout simplement un roman et Megan Hart, un écrivain. Elle s’exprime juste dans un genre qui ne comporte pas que de grandes œuvres et d’immenses talents et elle est publiée chez Harlequin mais les étiquettes sont faites pour tomber. Ouvrez sans tarder un de ses livres et vous le comprendrez.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 384
Editeur : Spice
Langue : anglais
Sortie : mai 2007
Prix : 9,47