The spymaster’s lady – Avis +

Résumé de l’éditeur

She’s never met a man she couldn’t deceive… until now.

She’s braved battlefields. She’s stolen dispatches from under the noses of heads of state. She’s played the worldly courtesan, the naive virgin, the refined British lady, even a Gypsy boy. But Annique Villiers, the elusive spy known as the Fox Cub, has finally met the one man she can’t outwit.

Avis de Callixta

Toujours à la recherche de nouveaux auteurs de romance historique, j’ai récemment ouvert pour mon plus grand bonheur un livre de Joanna Bourne. Son premier roman The spymaster’s lady est un enthousiasmant début avec de très nombreuses qualités qui se confirmeront, espérons-le, dans ses prochains livres.

Le sujet n’avait pourtant rien de bien passionnant. Le thème des espions a en effet été très utilisé ces dernières années et le contexte choisi, la période napoléonienne, va être bientôt aussi connue que les habituelles, par les lectrices assidues. Mais Joanna Bourne illustre encore une fois le fait qu’un thème usé jusqu’à la corde peut se renouveler, si l’auteur est doué, et faire complètement oublier tous ceux qui ont été écrits avant.

Il est vrai que Joanna Bourne ne choisit pas son sujet uniquement pour mettre en scène un séduisant James Bond des salons Régence, elle connaît son sujet et sa période. Il faut signaler, en effet, l’excellent contexte historique du début du règne de Napoléon en France alors qu’il est encore premier consul et que la guerre avec les Anglais connaît une période de calme précaire. Tout est réuni dans ces premières années du dix-neuvième siècle pour créer une intrigue passionnante autour des tentatives de Napoléon pour débarquer en Angleterre. Ce projet est le secret bien gardé au centre du roman. Il est entre les mains d’une jeune espionne, Annique Villiers surnommée le Renardeau.

Quelle belle héroïne que cette espionne ! Pour une fois, il y a des espions mais aussi leur équivalent féminin et bien souvent, elle leur dame le pion. Annique est très jeune, elle a environ vingt ans, mais est une vieille habituée des champs de bataille et de ce qu’on appelle le Jeu c’est à dire les menées secrètes des services anglais et français. Dès son plus jeune âge, elle a arpenté les terrains de combat et sa mémoire prodigieuse, photographique, a été utilisée : une petite fille ou un jeune garçon voit tout et est très peu repérable. Annique est une combattante qui maîtrise toutes les astuces et est capable de se défendre seule. Il ne faut pourtant pas se tromper sur ce qu’elle est : derrière toute cette force, il y a une extrême solitude et une enfance bizarre d’enfant-soldat qui rapporte gentiment les informations à sa mère, espionne elle aussi. Mais celle-ci vient de mourir et Annique est seule, avec de multiples difficultés à dépasser, dont je tais les détails pour que vous les découvriez vous-mêmes.

C’est dans un cul de basse fosse qu’Annique rencontre Robert Greyson dit Grey le chef d’une section d’espionnage britannique. Tous deux sont en mauvaise posture pusiqu’ils sont tombés entre les mains d’un espion français qui cherche à se débarrasser d’Annique et bien-sûr de collègues anglais. Cette rencontre est un choc pour tous deux et le début d’une série d’aventures qui vont les conduire à travers la France jusqu’en Angleterre. C’est passionnant, complexe à souhait, comme seuls les romans d’espionnage peuvent l’être. Nous sommes loin du thème prétexte où les héros se contentent d’échanger des documents avant de s’embrasser passionnément. Il est question de loyauté et d’honneur, de sacrifice aussi. Et pour une fois, ce ne sont pas seulement les hommes qui sont confrontés à ces valeurs immortelles mais aussi une femme. Ce qu’elle fait pour y parvenir force l’admiration, à la fois parce qu’elle est courageuse mais aussi par l’intelligence déployée.

Grey n’a rien à lui envier. Dans un roman, il est parfois difficile d’équilibrer le temps consacré aux deux héros et de les rendre aussi intéressants l’un que l’autre. Ici, Grey est totalement à la hauteur, aussi doué qu’elle pour le Jeu, capable de l’aider et de la comprendre alors qu’ils ne sont pas du même camp. Pourtant, il va envahir la vie d’Annique et la conquérir. C’est là aussi totalement réussi.

Evidemment, on peut trouver quelques défauts à ce livre dont la très lourde charge contre Napoléon qui est le mal incarné. Si le portrait est loin d’être inexact, il manque de nuances mais c’est vraiment un détail dans un récit où le contexte est fouillé et très solide. Ajoutons que les personnages secondaires semblent réserver de futures surprises dont un jeune agent, collègue de Grey, qui marche sur ses traces.

Joanna Bourne a déjà écrit un second roman qui porte sur un thème identique. Je suis maintenant convaincue que ce sujet est loin d’être épuisé avec des auteurs de cette trempe.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 384
Editeur : Berkley
Sortie : janvier 2008
Langue : anglais
Prix : 5,43 €