Des roses pour Rebecca – Avis +/- et +

Résumé

Lorsque Ian et Rebecca se sont rencontrés, un beau matin d’hiver à Londres, tout les séparait : l’âge, le milieu social, les ambitions et les projets d’avenir. Pourtant, entre eux, le coup de foudre avait été immédiat. Rebecca aimait à se repasser le film de leur histoire, à se rappeler avec quelle douceur infinie il l’avait attirée à lui, lui avait fait une place dans son univers. Comment il lui avait fait découvrir la sensualité et le plaisir d’être femme.

Un plaisir défendu, mais duquel bientôt un enfant allait naître. Et voilà qu’aujourd’hui, alors que, le cœur empli d’espoir et de rêves d’une vie commune, elle venait lui annoncer cette merveilleuse nouvelle, tout s’écroulait autour d’elle.

Disparu tragiquement dans un accident, Ian ne pourrait jamais l’épouser comme il l’avait promis, jamais il ne verrait grandir la petite fille qu’elle portait en elle. Soudain seule au monde, le cœur brisé, déshonorée, Rebecca va peu à peu apprendre, au fil des épreuves et des rencontres, à affronter sa vie de mère célibataire, à retrouver le goût de la vie et de l’amour.

Avis de Trinity

Ce livre est une belle romance classique qui se passe après la Seconde guerre mondiale, avec son lot de bonheurs simples, d’amour et de tragédies, en dépit de la linéarité de l’histoire qui manque un peu d’aspérités, surtout concernant l’héroïne.

Rebecca et Ian tombent amoureux dans le Londres d’après guerre et décident de se marier. Hélas, Ian est tué dans un stupide accident et Rebecca se retrouve mère célibataire, un statut tabou propre à attirer l’opprobre dans la société de l’époque. Heureusement, elle peut compter sur sa famille et sa beauté et son intelligence attireront certains hommes d’un niveau social plus élevé, aux intentions plus ou moins honnêtes.

Les péripéties se suivent sans surprise mais avec charme et de l’émotion pure à travers le destin d’une femme très forte qui fait tout pour que son enfant s’en sorte. Toutefois, elle a énormément de chance d’avoir à chaque fois des personnes pour l’épauler, ce qui rend les choses beaucoup plus faciles et donc un peu moins intéressantes que si elle devait vraiment se battre pour obtenir ce qu’elle veut.

Ce roman n’est pas inoubliable mais permet de passer un bon moment d’évasion.

Avis de Marnie

Honnêtement, qui, à la lecture de la quatrième de couverture, en découvrant que l’héroïne est déshonorée, puisque mère célibataire, ne pense pas immédiatement à un jugement moral complètement dépassé ? Sérieusement, j’ai failli passer à côté de cette histoire tout simplement en lisant son résumé… Il n’y a qu’à la troisième page, alors que le dialogue est entamé entre Ian et Rebecca, que soudain j’ai compris que nous étions en 1946 !

Bien évidemment, cela change tout… Nous sommes donc à Londres en 1946, où le climat oscille entre euphorie et traumatismes. Là encore, nous croyons que l’on va nous parler des horreurs vécues par les soldats, mais pas du tout. Ici, il s’agit de civils… ou plutôt des conséquences des bombardements londoniens sur la vie d’une jeune fille. Rebecca, issue de l’East-End (quartier pauvre de Londres), a 18 ans, et travaille comme serveuse dans le pub géré par ses oncle et tante qui l’ont recueillie.

Elle n’a vécu que des évènements tragiques depuis six années, c’est la raison pour laquelle, lorsque Ian, son aîné de neuf ans, enseignant, et fils unique de provinciaux un peu plus aisés, la courtise, elle se laissera entraîner par cette passion qui soudain apporte un souffle de liberté dans son existence… jusqu’à son rapide dénouement une nouvelle fois dramatique.

En fait, il ne s’agit que de la toute petite première partie du roman, dont l’intrigue commence dès la première ligne. Alors que peu à peu se dessine une Angleterre extrêmement cloisonnée, nous avons l’impression de retrouver la façon d’écrire qui nous plaisait tant en découvrant les « destins de femmes » racontés comme des récits fleuves par des écrivains comme Belva Plain. Ici, voici une « adolescente » qui doit annoncer à ses proches qu’elle est mère célibataire, tout en faisant son deuil de l’homme qu’elle a aimé, et qui en cinq ans, au fil de ses rencontres, tout en supportant des responsabilités, victime ou faisant face à tous les aléas de la vie, va peu à peu, presque insensiblement mûrir. Cet aspect est parfaitement bien décrit… Aux moments de souffrance succèdent petites joies, déceptions, nouvel amour, mauvais choix, décisions capitales… Rebecca, dont nous partageons avec une vraie intensité les états d’âme, relève la tête et avance quelque soit les obstacles qui surgissent sur sa route.

Nous nous attachons profondément à ce personnage féminin, enfant de docker à l’accent cockney, adolescente déracinée qui se retrouve sous le joug d’un couple de notables provinciaux croyants pratiquants d’un milieu plus aisé, qui, revenue à Londres, ne sait plus vraiment qui elle est. Le problème des différences entre classes sociales dominera le roman. Ainsi, devenir vendeuse chez Mark et Spencer signifiera pour Rebecca un grand pas pour se hisser vers le haut… Le goût pour certains sports détermine la place dans la société. Infirmière ? Médecin ? Commercial ? Avocat ? les personnages secondaires traversent la vie de la jeune femme, apportant une petite touche supplémentaire pour décrire cette Angleterre aux idées morales très conservatrices, en pleine reconstruction.

Les femmes travaillent par obligation, tant d’hommes sont morts… Les tickets de rationnement sont au centre des préoccupations alors que la jeune première britannique de l’époque la malicieuse Wendy Hiller, qui n’a pas froid aux yeux, se retrouve sur les grands écrans ! Ainsi entre 1946 et 1951, nous verrons comme il est difficile de prendre une semaine de vacances, ou encore assisterons aux débuts de la télévision. C’est donc un récit foisonnant de détails tous plus passionnants les uns que les autres qui nous happe dès la première ligne et ne nous lâchera plus.

L’écriture est mâture, maîtrisée, soignée… tout en insufflant avec profondeur une vague d’émotion ! Nous sommes séduits par cette sensibilité à fleur de peau tout en nous laissant emporter par la force de l’histoire si simple mais qui semble si réelle. Une vraie réussite !

Biographie de l’auteur

Venue tardivement à l’écriture, Margaret Kaine est aujourd’hui l’auteur de six romans. Originaire de Stoke-on-Trent, elle aime à situer ses histoires dans cette région de l’Angleterre. Avec Des roses pour Rebecca, elle signe un émouvant portrait de femme et une éducation sentimentale originale.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 439
Editeur : Harlequin
Collection : Jade
Sortie : 1 août 2008
Prix : 10,95 €