La légende des repas – Avis +

Présentation de l’éditeur

Repas à Paris. En province. Petits restaurants populaires. Dîners d’apparat. Sandwichs ou grands menus. Repas en Toscane, en Calabre, en Grèce, en Crète. Où il semble qu’à table, sous le signe des pois chiches, de l’huile d’olive, des souvlakis, du retsiné, c’est la terre elle-même et la mer et le ciel, la lumière et la vie qu’on absorbe. Cosmique est l’acte de manger ! Haldas dit tout cela, et bien d’autres choses encore : le wagon-restaurant (rêveur), l’avion (désopilant). Repas ratés et festins somptueux. Mais aussi l’amitié, indissociable de tout vrai repas (à l’inverse des  » repas d’affaires « ).

Bref, des repas comme manifestation, par excellence, de la condition humaine. Telle est cette légende. Où le quotidien, le burlesque et le sacré, de par la seule manière de l’auteur – sa voix – ne font qu’un.

Avis d’Enora

Une légende est un récit merveilleux et populaire, une histoire déformée par l’imagination. Il est bien question de cela dans le livre de Georges Haldas et de plus encore, puisqu’il va rechercher dans l’Histoire et dans ses souvenirs tout ce qui tourne autour de ce rite humain : le repas n’est pas que le fait de se sustenter, il est aussi et surtout un moment de partage et l’occasion d’établir entre les hommes et avec tout ce qui les entoure, une relation digne du miracle. Parce que, nous dit-il, on ne peut rien toucher d’infime chez l’homme, qui ne débouche sur l’illimité (et le rapport au cosmique), la famine dans le monde fait plus que tuer des millions d’êtres dans le monde, elle leur barre l’accès à la conscience « du caractère miraculeux de la vie en tant que don premier ».

Savoir et saveur ont la même origine étymologique latine. Pourrait-on dire alors, que le rapport qu’a un homme vis-à-vis de la nourriture et sa façon de la consommer, sont un pas vers la connaissance de lui-même ? Pourquoi pas. D’abord dans sa relation aux autres : préparer un repas pour des amis, comme se rendre à une invitation, est un moment de communion fait d’accueil, de confiance, de bienveillance, « un lieu intime où on pourra enfin, dans la paix et une sorte d’ouverture illimitée, être soi-même ». Mais le repas peut être aussi un moment unique avec soi, un moment où l’on est au-dedans de soi, mais également relié à mille choses, tourné vers un centre inconnu, comme le cœur de la vie. Une solitude au milieu des autres, qui s’apparente quelquefois à une expérience poético-mystique. L’adieu du Christ à ses compagnons ne s’est-il pas fait autour d’un repas ?

Des repas en famille dans la cuisine des Philosophes à Genève à ceux de Céphalonie, en passant par les en-cas des ouvriers sur un chantier, au partage du contenu d’une marmite sous les décombres après la guerre, chaque repas est un moment de grâce , une communication avec les vivants et les morts et pourquoi pas avec le Sacré.

Avec érudition, curiosité et malice, Georges Haldas, en philosophe et poète, nous convie à cette fête sensuelle qu’est le repas, cette célébration de la vie, cette communion qui relie aux autres et au silence du monde, entre nourriture et rêves, visible et non visible.

A propos de l’auteur

Georges Haldas est né le 14 août 1917 à Genève, de père grec et de mère suisse. Poète, essayiste, traducteur (prix Schiller 1971 et 1977, Grand Prix de la ville de Genève 1971, prix Taormina 1970), il a publié à ce jour plus de soixante-dix livres. Il a obtenu en 2004 le prix Edouard Rod pour l’ensemble de son œuvre. La Légende des repas est sa première publication en poche.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 286
Editeur : Serpent à Plumes
Collection : Motifs
Sortie : 20 mars 2008
Prix : 8 €