Fire and Ice – Avis +

Résumé de l’éditeur

In the wake of a failed love affair, brainy beauty Jilly Lovitz takes off for Tokyo. She’s expecting to cry on her sister Summer’s shoulder, then spend a couple months blowing off steam in Japan. Instead, she’s snatched away on the back of a motorcycle, narrowly avoiding a grisly execution attempt meant for her sister and brother-in-law.

Her rescuer is Reno, the Committee’s most unpredictable agent. They’d met once before and the attraction was odd – tattooed Yakuza punk meets leggy California egghead – but electric. Now Reno and Jilly are pawns in a deadly tangle of assassination attempts, kidnappings and prisoner swaps that could put their steamy partnership on ice.

Avis de Callixta

Quand un livre de Anne Stuart sort, je ne me pose même pas la question de savoir de quoi il parle, je l’achète. Surtout que Fire and ice a pour héros un couple très original, sans doute un des plus novateurs de la romance actuelle dans un contexte qui ne l’est pas moins : la plus grande partie du roman se déroule dans le Japon.

Si vous avez suivi cette série et c’est fort probable, vous connaissez les héros, Reno et Jilly. Reno avait fait une entrée fracassante dans le roman consacré à Taka son cousin. C’est un jeune punk japonais à la longue chevelure rouge, avec des larmes rouges tatouées sur la pommette et des lentilles qui transforment son regard. Personnage secondaire de Ice blue, on se demandait s’il pouvait devenir un héros à part entière avec cette étrangeté et cette jeunesse un peu rebelle, si peu virile apparemment. Quant à Jilly, elle était la sœur un peu maladroite de Summer, héroïne du même roman. Très jeune, elle avait dix-huit ans et en a maintenant vingt, c’est une jeune femme intelligente jusqu’à la précocité, grande, mal dans sa peau et handicapée dans ses relations avec les autres. La preuve, elle arrive au Japon au début du roman après une expérience désastreuse avec un étudiant qui l’a laissée « à moitié vierge ». Elle est venue pour y retrouver sa sœur (son substitut de mère), l’art japonais mais aussi peut être Reno dont elle était tombée amoureuse deux ans avant.

Quand j’ai ouvert le roman, une angoisse m’a saisie : Anne Stuart allait-elle réussir à se renouveler, à créer un personnage qui ne serait pas plus intéressant par son étrangeté que par sa personnalité ? Et bien, je ne fais pas durer le suspense… Elle réussit une fois de plus à créer une relation exceptionnellement dense entre deux héros fascinants sans redite, sans faiblesse, avec une intelligence acérée profondément réjouissante.

Tout d’abord, Reno n’est pas Taka, ni aucun des autres héros précédents. Il est plus jeune, moins usé par sa tâche. Il vient de quitter les Yakusas japonais de son grand-père pour entrer dans Le Committee et il y croit encore. Il tue, il est sans pitié, il est prêt à tout pour parvenir à ses fins comme les autres mais, à son corps défendant, il va devenir le chevalier blanc et l’ange gardien de Jilly. Lui qui a été prévenu et même menacé par Summer, Taka et son propre instinct qu’il ne faut pas approcher la jeune femme, ne parvient qu’à la sauver encore et encore. Alors qu’Anne Stuart avait multiplié des héros à deux doigts d’éliminer l’héroïne, elle créé un bad boy aussi sombre et énigmatique que les autres mais qui n’a qu’une seule fonction : empêcher l’héroïne de mourir, par tous les moyens ! N’en concluez pas que le héros est mou ou classiquement noble. Anne Stuart a un talent hallucinant pour créer des vrais bad boys qui ne font le bien que contre leur gré et par amour. C’est le summum du romantisme noir !

Évidemment, l’intrigue est minimaliste : une histoire simplissime de lutte de pouvoir au sein des yakuzas et deux cibles privilégiées : Reno et Taka. Jilly en arrivant au Japon s’offre littéralement comme proie idéale. L’écarter de la zone de tir ne sera pas une mince affaire. Le roman n’est qu’une suite de huis-clos où les deux héros se heurtent l’un à l’autre dans des échanges vifs, intelligents, spirituels jusqu’au moment où ils basculent dans la passion amoureuse qui couve depuis le début. Anne Stuart sait faire cela à la perfection sans fausse note, sans se répéter.

Jilly est une héroïne à la Stuart également. On peut la trouver maladroite, pas forcément intelligente dans ses réactions mais on adhère totalement lorsque Anne Stuart dit que certaines de ses héroïnes sont plongées dans une réalité qui les dépasse et réagissent de façon anormale. C’est une héroïne vulnérable avec une famille compliquée (comme souvent chez Anne Stuart), elle est très jeune et totalement amoureuse de Reno. On la comprend… Quant à lui, on finit par oublier son physique étrange, pour entrer dans sa tête, comprendre ce mélange de rébellion ( due à son enfance, lui aussi), de noblesse et de sens de l’honneur asiatique. Anne Stuart démontre de façon admirable comment ce qu’il est le conduit à apparaître ainsi aux yeux des autres.

Anne Stuart peut tout oser, tout faire en ce moment. Elle a la capacité de créer des personnages denses qui ont des relations profondes, tendues, passionnantes, qui nous entraînent en quelques lignes. Elle réduit l’intrigue à sa plus simple expression : un décor stylisé, une ambiance, un prétexte à faire se heurter des personnages comme deux atomes dans une réaction nucléaire. C’est sa patte, sa marque de fabrique. Évidemment si vous cherchez à lire une intrigue complexe avec un dénouement surprenant, choisissez un autre roman !

Ma nouvelle angoisse est de savoir quand sortira un nouveau livre ! J’ai hâte que son talent s’attaque à d’autres sujets, d’autres lieux et d’autres personnages ! Je suis déjà conquise !

Avis de Marnie

Si l’on compare les quatre précédents Ice, Anne Stuart reprend encore et encore une même histoire et réussit le tour de force de créer une variante qui retient notre attention alors qu’en fait, la trame est identique. Ses héros sont bâtis tous sur le même modèle du mâle alpha, qui utilise les pires moyens, pour les forces du bien, tout en se détruisant à petit feu, intérieurement. C’est ici, que notre héroïne intervient… toujours présente au mauvais endroit au mauvais moment, innocente, soit avec un passé qui l’a fragilisé, soit avec des phobies, soit avec les deux… Dans le quatrième opus qui met en scène la fameuse Isobel. Notre héroïne est devenue une presque quadragénaire, chef des Ice, et meurtrière à ses heures. Les longs flash-backs nous la présentent comme une de ces mêmes jeunes femmes qui tombent soudain dans ce monde « perverti »d’espionnage et de morts…

Le cinquième et dernier tome de la série semble ne pas faillir à la tradition. Un ice, impénétrable tueur, et une femme qui se trouve ou elle ne devrait pas être… sauf qu’ici, notre auteur avec malice va introduire une variante qui va modifier la donne : la jeunesse des deux héros. Âgé de 27 ans, Reno qui en est seulement au début de sa carrière de tueur professionnel, a une trop solide et arrogante confiance en lui, mais n’a pas fini sa crise d’adolescence. Il a des choses à prouver à son grand-père, un yakuza, à son cousin Taka (héros de Ice Blue) et surtout à lui-même. Jilly est la demi-soeur cadette de Summer, l’épouse de Taka. Surdouée, elle s’est toujours sentie en décalage aussi bien dans ses relations avec les autres enfants, adolescents et adultes, qu’avec sa propre famille. Perturbée par une mini-crise sentimentale digne d’une adolescente qu’elle est encore émotionnellement, la voici partie sur un coup de tête au Japon, pour se jeter dans la gueule du loup, sans le savoir.

En fait, le danger pour un auteur confirmé comme Anne Stuart qui a depuis quelques années l’habitude de prendre pour héros des trentenaires bien tassés ou mêmes quadragénaires, ou alors de jeunes héroïnes que les drames ont mûri plus vite que d’autres personnes de leur âge, c’est de faire « jeune » et donc alors au mieux sonner faux au pire se ridiculiser. Là, pas du tout… grâce notamment à la fraîcheur qu’elle sait insuffler tout au long du récit. Nos deux héros sont vivants, se disputent comme des gamins, sont mal dans leur peau, ne se trouvent pas, ne savent pas se chercher et ignorent ce qu’ils souhaitent vraiment.

Par conséquent, l’ambiance n’est plus du tout la même. L’aspect très sombre, même presque désespérée des autres romans s’efface devant une certaine innocence que nos deux héros ont gardée. Il faut remarquer par petites touches la jubilation de Reno qui échappe au danger et se sent comme immortel, et la sensation d’irréalité éprouvée par Jilly presque tout le long de l’aventure, le « mais je ne peux pas mourir moi » mais qui lui reviendra en plein visage lorsqu’elle verra soudain la mort de près. C’est très bien vu, finement et malicieusement amené. Le ton est très souvent ludique, avec un second degré évident que sait transmettre l’auteur, qui s’amuse avec le ressenti de ses deux héros…

Le huis clos est bien évidemment le moteur de l’évolution de la relation sentimentale, l’intrigue faite de danger et de violence n’étant présente que pour se mettre au service de la tension sexuelle éprouvée par Reno et Jilly, où les hormones jouent une place importante, et la frustration explose en colères incessantes, tout en n’oubliant pas l’émotion, la sensibilité et les fêlures révélées dans de mini-scènes assez incroyables (ainsi le monologue de Reno face au mutisme de Jilly lorsqu’ils sont tous les deux enfermés ou alors le « je ne te cause plus » enfantin prend une toute autre dimension).

Le contexte, paradoxalement, est très fouillé. Anne Stuart est passionnée par le Japon, la culture japonaise, les traditions japonaises, la nourriture japonaise, l’art japonais… et nous le ressentons ! Les détails sont tous soigneusement choisis et distillés à bon escient. S’il y a clichés, nous ne nous en rendons pas compte. Au contraire, nous y voyons une fascination pour la différence, et un profond respect pour un certain exotisme, ce qui n’est pas péjoratif ici et qui n’a rien d’ennuyeux, même pour ceux qui ne seraient pas attirés par ce pays.

Au final, même si Black Ice reste mon préféré (comme pour beaucoup), cette histoire conclut de façon intelligente, optimiste et enjouée une des séries romantic suspense les plus talentueuses de ces dernières années, grâce notamment à deux héros attachants et osons-le dire, attendrissants, pas tout à fait adultes et qui ne le seront pas encore tout à fait à la dernière page du roman. Ils auront seulement appris à se faire assez confiance pour trouver le courage de s’avouer à eux-mêmes ce qu’ils ressentent… Stuart sait vraiment se renouveler !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 384
Editeur : Mira Books
Langue : anglais
Sortie : 31 mai 2008
Prix : 4,53 €