Résumé de l’éditeur
Avis de Callixta
Evermore est le cinquième tome de la série de Lynn Viehl sur le monde Darkyn et il est positivement enthousiasmant ! Lynn Viehl a créé depuis le tout premier roman de la série des vampires différents et a approché ce monde de façon très originale. Pour elle, les vampires sont des anomalies médicales. C’est du moins ce que pense l’héroïne récurrente, Alexandra Keller, médecin de son état et grande gueule s’il en est ! Selon Alex, le vampirisme est juste une contamination par des éléments pathogènes et peut donc être soignée. Elle s’est lancée seule dans cette épreuve titanesque et chaque roman apporte un peu plus de connaissances sur cet aspect des choses. Dans ce cinquième tome, Lynn Viehl écrit un roman encore totalement différent des précédents. Ne craignez pas les redites ou les constructions similaires des intrigues ! Alors qu’elle a centré les autres livres sur la lutte entre vampires et le Brethen, un ordre religieux qui s’est donné pour mission de les tuer, Evermore n’en parle presque pas.
Il se penche sur les luttes intestines des vampires et notamment sur un conflit appelé les guerres des Jardins (ce sont des principautés dominées par des seigneurs vampires). Des années auparavant, le Darkyn a été déchiré par des combats internes qui ont abouti à de durables inimitiés. La paix est revenue mais les haines ne sont pas toutes oubliées et elles vont servir de toile de fond à l’histoire consacrée surtout à Jayr et à son seigneur Aedan MacByrnes.
Celui-ci est un Écossais devenu vampire, comme la plupart d’entre eux, au cours du quatorzième siècle. Il est le seigneur d’un royaume en Floride que Lynn Viehl a malicieusement transformé en parc d’attractions. En effet, Aedan est l’un de ceux qui a eu le plus de mal à s’habituer aux changements d’époque et il continue à vivre comme au Moyen-âge. Pour des raisons bassement matérielles mais aussi pour conserver le secret, son château a été transformé en Disneyland médiéval et les tournois entre vampires sont aussi des spectacles pour des humains persuadés d’avoir affaire à des comédiens ! Aedan a, comme tout seigneur de Jardin, un sénéchal mais son choix a été original puisqu’il s’agit d’une femme, Jayr, avec qui il a des liens très étroits puisque c’est lui qui l’a transformée en vampire alors qu’il était sur le point de mourir.
La relation entre Aedan et Jayr est fascinante, et c’est une profonde réussite. Aedan est une sorte de géant dont le visage torturé à conserver des cicatrices qui rappellent des tatouages, Jayr est une sorte d’adolescente androgyne. Transformée avant sa puberté, elle est restée bloquée dans une sorte de corps non terminé et souffre profondément d’être régulièrement prise pour un garçon. Pourtant cela l’aide dans ses fonctions inhabituelles pour une femme. Mais elle est amoureuse d’Aedan depuis toujours, c’est à dire sept longs siècles, et se sent incapable de lui plaire. Cette souffrance, l’ambiguïté de son corps et de ses sentiments vis à vis de ce qu’elle est, sont des traits très originaux dans la romance et montrent à quel point le paranormal permet de jouer avec les limites normalement admises. Son évolution au cours du roman est complète : elle va beaucoup changer et Lynn Viehl dresse avec elle un portrait de femme émouvant, original et non conventionnel. Quant à Aedan, il est très attiré par la jeune femme mais s’interdit de se laisser aller depuis qu’il n’a pu s’empêcher de la transformer, elle, une jeune fille à peine sortie du couvent où elle avait été abandonnée enfant. Ils vivent ensemble dans une relation de maître à esclave, profondément conscients l’un de l’autre dans une intimité rendue obligatoire par la fonction de Jayr et dans une tension sexuelle si lourde qu’elle en est palpable. Les scènes sensuelles entre eux sont d’ailleurs érotiques et particulièrement originales aussi, utilisant des éléments que l’on voit assez rarement dans la romance.
Bien sûr, une intrigue plus fine qu’elle ne paraît au départ va se nouer dans le roman. Aedan pour des raisons que l’on comprend mal au début, a décidé d’abandonner ses fonctions de seigneur d’un Jardin. Il organise cependant un dernier tournoi auquel assiste la plupart des seigneurs Darkyn. Mais très vite, il semble qu’une personne en veuille à sa vie. L’intrigue est compliquée faisant jouer de vieilles haines, des secrets de famille (de tous les personnages) qui implique… Robin des bois ! Vous avez bien lu ! Lynn Viehl nous livre une très étonnante version des évènements de la forêt de Sherwood. Il y a un côté décalé et sarcastique dans l’écriture de cet auteur qui ajoute encore au plaisir de la lecture. Ainsi, elle fait de fréquentes allusions à des séries télé, des romans ou des émissions américaines et en profite pour régler donner des petits coups de griffe souriants : Sookie est un prénom ridicule par exemple ou les avocats sont tous des voleurs !
Cet aspect ressort surtout dans les propos d’Alexandra qui sont toujours d’une ironie cinglante profondément réjouissante. Elle a d’ailleurs droit à une intrigue secondaire et on la voit dans chaque chapitre pour notre plus grande joie !
Evermore est dont peut être le plus abouti des livres de la série, qui trouve le meilleur équilibre entre intrigue, passages émouvants et passionnés et drôlerie. Il a aussi le talent de nous plonger dans une atmosphère quasi-médiévale avec les valeurs de cette époque notamment. Lynn Viehl met également en avant d’autres personnages dont un petit nouveau qui pourrait bien avoir sa propre histoire. Le prochain tome sort bientôt avec Val Jaus, seigneur du Jardin de Chicago comme héros. Le plaisir sera sans doute dans la lecture mais aussi de découvrir quel nouvel angle Lynn Viehl a choisi pour son histoire. Il serait étonnant qu’il manque d’originalité.
Fiche Technique
Format : broché
Pages : 304
Editeur : Signet Book
Sortie : janvier 2008
Langue : anglais
Prix : 5,14 €