Sur ma peau – Avis +

Présentation de l’éditeur

La ville de Wind Gap dans le Missouri est sous le choc : une petite fille a disparu. Déjà l’été dernier, une enfant avait été enlevée. On l’avait retrouvée peu après, étranglée, les dents arrachées… La jeune journaliste Camille Preaker est envoyée sur les lieux pour couvrir l’affaire. Elle a grandi à Wind Gap et elle sera la mieux placée pour enquêter, selon le directeur de son journal.

Mais pour Camille, retourner sur les lieux de son enfance, c’est réveiller des souvenirs douloureux.
Adolescente, incapable de faire face à la folie de sa mère et traumatisée par la mort inexpliquée de sa sœur cadette, Camille a gravé sur sa peau les souffrances qu’elle n’a pu exprimer. Son corps n’est qu’un entrelacs de cicatrices…

Le cadavre de l’enfant disparue est bientôt retrouvé et, très vite, les soupçons de la police se portent sur le frère d’une des fillettes. II semble le coupable idéal, mais Camille a des doutes.
Hantée par la tragédie de son enfance, elle comprend très vite qu’elle devra pourtant trouver la force de l’affronter si elle veut découvrir la vérité…

Avis d’Enora

Pour son premier roman, Gillian Flynn, jeune journaliste de Chicago a frappé très fort. Sur fond d’intrigue policière, elle nous offre ici l’analyse d’une petite communauté américaine avec ses non-dits et ses hypocrisies.

Camille, jeune journaliste à Chicago, est envoyée dans sa ville natale pour couvrir l’enquête sur la disparition d’une petite fille. Déjà, l’été dernier, une autre gamine avait été retrouvée étranglée, les dents arrachées. Œil pour œil, dent pour dent ? Quel est ce maniaque qui terrorise Wind Gap ? Quelle vengeance se déroule dans cette petite ville du sud des Etats-unis ?

Camille se retrouve très vite immergée dans l’atmosphère glauque de cette société provinciale qu’elle a fuie et dans la souffrance qu’elle a inscrite sur sa peau, inlassablement pendant seize ans. Une peau qui hurle la douleur à travers les mots qu’elle a écrit sur sa chair à l’aide de couteaux ou de rasoirs, depuis la mort de sa jeune sœur.

Même devenue femme, elle dénote encore parmi ses anciennes camarades de classe. Non mariée, sans enfants, elle heurte de nouveau les codes d’une société où le but ultime d’une femme est d’enfanter et d’enfanter surtout un héritier mâle. Il y sévit le même apartheid qu’autrefois, ce sont les mêmes qui continuent à être les souffre douleur. « Le refus implique tellement plus de conséquences que la soumission ». La non-conformité se paie toujours et les mots sur la peau de Camille reprennent vie et palpitent au gré de ses émotions.

L’intrigue délicate, à la résolution aussi explosive que dérangeante, explore les relations complexes autant familiales que sociétales d’une communauté malade qui vit repliée sur elle-même. Gillian Flynn a construit un roman qui tient en haleine par l’atmosphère qui s’en dégage mais elle a aussi, sans jamais tomber dans le morbide, donné vie à trois personnages féminins assez extraordinaires, inspirées par les contes des frères Grimm. L’auteur a voulu montrer la violence des femmes, leurs cotés sombres, ceux dont on ne parle jamais, qui dérangent trop. Camille, l’héroïne, traumatisée par son enfance, écrit sur sa peau les mots qui conjurent quelque part les non-dits ; elle est à la fois son agresseur et sa propre victime ; blesser, souffrir, guérir, c’est la trinité de la violence, inhérente à la solitude. [[interview de Gillian Flynn: http://www.powells.com/essays/flynn.html]]

Véritable descente aux enfers de l’âme humaine, ce livre fait partie de la sélection pour le Prix des lecteurs 2008, en Livre de Poche.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 381
Editeur : LGF
Collection : Thriller
Sortie : 27 février 2008
Prix : 6,50€