Prédateurs – Avis +

Résumé de l’éditeur

Ils sont déjà parmi nous… Une guerre sans nom. De jeunes soldats sauvagement mutilés dans des mises en scène effroyables. Mais l’ennemi n’est pas le coupable. Pour le lieutenant Frewin, fasciné par le langage du sang, il ne peut s’agir que d’un psychopathe, un monstre de ruse et sadisme, un prédateur cruel et archaïque qui va les décimer un par un… Renouant avec la veine de sa Trilogie du Mal, Maxime Chattam nous propulse dans un vortex de terreur, imposant une fois encore son univers mystérieux et sanglant. Plus qu’un thriller, un guide de survie !

Avis de Callixta

Maxime Chattam est un jeune auteur français [[il faut le signaler]], qui a fait une entrée remarquée dans le milieu du thriller il y a quelques années en rédigeant une trilogie qui se déroulait dans le nord-ouest des États-Unis, autour d’un flic étonnant et fascinant aux prises avec ses propres démons et des tueurs psychopathes. D’après la publicité de Prédateurs, il renoue avec cette veine, même s’il ne l’a jamais vraiment quittée, ces dernières années.

Avant de continuer, il faut clairement prévenir que le roman est extrêmement violent et plonge plusieurs fois le lecteur dans l’horreur et le dégoût. Ce n’est pas complaisant, mais ce qu’il évoque est horrible et il vaut mieux en être conscient quand on ouvre un tel roman. Mais les lecteurs assidus de Maxime Chattam n’en seront pas étonnés !

Le héros est également un flic compliqué et torturé. Craig Frewin est lieutenant dans la police militaire et trimballe un passé difficile. Cet homme au physique puissant a perdu sa femme adorée, deux ans auparavant, et s’est peu à peu refermé sur lui-même après son entrée dans l’armée et surtout depuis le début de la guerre. Ce conflit est une des grandes trouvailles romanesques de Maxime Chattam. Nous voici plongés dans une guerre dont on ne sait rien : ni qui elle oppose, ni quand elle se déroule. Cela provoque chez le lecteur une certaine déstabilisation et entraîne l’impression d’une sorte de vie sur une autre planète régie par les règles propres à la guerre et à l’armée : la fraternité des soldats confinant parfois au fanatisme, la violence quotidienne admise par tous, l’absurde des attaques dont on ne sait si elles sont victorieuses ou pas. On ne voit pas l’ennemi, on ne sait pas qui avance ou qui recule. Maxime Chattam utilise vraiment bien ce contexte.

Craig va être confronté à une série de meurtres particulièrement barbares, même parmi des hommes qui en voient et en commettent tous les jours. Avec opiniâtreté et un savoir qu’il a constitué à force de lectures, qu’il nomme « le langage du sang », il va commencer à enquêter, épaulé par son fidèle sergent : Kevin Matters, ses autres hommes et une infirmière qui s’impose parmi eux , la blonde et jolie Ann Dawson. « Le langage du sang » est une sorte de profilage qui ne dit pas son nom ; le contexte temporel étant très flou, on peut en déduire que Frewin n’a pas accès aux mêmes moyens ni mêmes connaissances que l’équipe des Experts. Son enquête est une sorte de déduction logique à la Sherlock Holmes dont il lit d’ailleurs les aventures dans le roman. Attention, Frewin n’est pas le célèbre détective et Matters, Watson. Loin de là !

Mais la construction de l’intrigue, très efficace, fonctionne comme un entonnoir : on réduit peu à peu le champ des possibilités pour déterminer le coupable. Et il peut être n’importe lequel des hommes d’une compagnie qui se trouve à chaque fois près du lieu des crimes. Ou cela peut être un membre bien plus proche de Frewin… Pourquoi Ann Dawson est venue s’immiscer dans l’enquête et semble si bien comprendre le tueur ? Quels terribles tourments agitent le jeune Matters ? Comment est morte la femme de Frewin ?

Maxime Chattam porte alors une réflexion sur le mal, sur le criminel. Cet aspect est parfois un peu martelé et grandiloquent mais ne manque pas d’intérêt. Si le tueur est le Mal incarné, comment ce Mal est-il entré en lui ? Une personne dite normale peut-elle tomber dans cette violence terrible ?

C’est un livre prenant, avec de multiples rebondissements, des fausses pistes qui font qu’il est bien difficile de trouver le coupable avant qu’il ne soit révélé par l’auteur. Les mises en scène sanglantes du tueur ponctuent le récit. Ce n’est pas ce que je préfère même si elles sont utiles à l’histoire. Elles révèlent en effet l’inquiétante imagination de Maxime Chattam ! Elles apportent un élément d’horreur qui vous font grimacer ou sursauter parce que le style est très cinématographique et que les images surgissent facilement devant vos yeux. Là aussi, il faut noter son talent pour choisir des lieux, des couleurs qui plantent parfaitement le décor.

Ce n’est donc pas un énième thriller autour d’un psychopathe. Le thème est très utilisé depuis quelques années mais Chattam sait trouver un angle nouveau en plongeant son récit dans une guerre et en tentant d’analyser la violence et les limites entre le folie et l’équilibre mental.

Fiche Technique

Format : broché
Pages: 459
Editeur : Albin Michel
Sortie : 4 avril 2007
Prix : 22 €