DVD : Secret Sunshine – Avis +

Présentation du distributeur

À la suite du décès de son mari, Shin-ae vient s’installer à Miryang, la ville natale de celui-ci avec son petit garçon. Entre ses cours de pianos, ses nouvelles relations et Jong-chan, le patron d’un garage qui tente de se rapprocher d’elle, cette jeune femme douce et discrète débute une nouvelle existence.

Jusqu’au jour où la tragédie frappe à nouveau.

Face à ce nouveau drame, Shin-ae va tenter de redonner un sens à sa vie.

Avis du Monolecte

Le problème, avec les films venus d’Asie, c’est qu’ils souffrent d’une sorte de préjugé d’exotisme, du fait que le spectateur français y serait perdu dans une culture étrangère, noyé dans des références qui ne sont pas les siennes. Pourtant, tout comme leurs homologues occidentaux, il y a des réalisateurs asiatiques qui choisissent de voyager au cœur de l’âme humaine et de ses méandres. Et ce genre de voyage là est universel.

Secret Sunshine est donc une histoire tout à fait abordable par n’importe quel spectateur français, un récit dramatique qui suit à hauteur d’épaule une jeune femme qui tente de se reconstruire, puis juste de survivre à l’effroyable.

Shin-ae est une femme plutôt ordinaire qui tente de reconstruire sa vie avec son jeune fils après la mort de son mari. Elle opte pour un nouveau départ en allant s’installer à Miryang, ville moyenne de province, dont le seul attrait est d’avoir été la ville natale de son mari. Étrangement, ce film a été essentiellement présenté comme une histoire d’amour entre le personnage principal et le personnage du garagiste, joué par le Gérard Depardieu local, Song Kang-Ho. Si ce dernier est introduit dès le départ du film et s’il suit avec une assiduité des plus courageuses et remarquables le parcours de l’héroïne, il n’en reste pas moins à la marge de son univers, un univers assez autocentré sur la douleur très intériorisée de Shin-ae, laquelle tente de trouver par elle-même une issue favorable à un destin dramatique.

Les thèmes du film sont des universaux : le deuil, la solitude, la recherche d’une consolation, d’un espoir, d’une simple raison de vivre. Le film, de plus de deux heures, s’articule en deux parties : l’installation de Shin-ae et de son fils dans une nouvelle vie, et la manière dont ils s’y prennent pour s’intégrer dans une petite ville provinciale où ils n’ont pas d’autres attaches que symboliques, puis une sorte de parcours en apnée, de lutte féroce pour la vie à partir du moment où Shin-ae est confrontée à l’innommable. Loin des clichés et des situations convenues, le personnage de Shin-ae, qui a valu en passant le Prix d’interprétation féminine Cannes 2007 à son interprète, Jeon Do-Yeon, tâtonne à la recherche de quelque chose à quoi elle puisse se raccrocher, tente de se sentir encore vivante quand tout est mort à l’intérieur.

En filigrane de cette quête solitaire et brutale, Lee Chang-dong épingle le sentiment religieux poussé dans ses retranchements, le rythme tranquille et parfois oppressant de la vie en province, le pouvoir normatif de la société et la manière dont peuvent en être exclus ceux qui n’utilisent pas la gamme émotionnelle socialement prévue et admissible.

Un film puissant au service d’une performance d’actrice tout en finesse, qui nous plonge dans l’intimité psychique du drame tout en évitant avec brio les pièges du mélo.

À voir absolument.

Fiche Technique

Genre : dramatique

Durée : 150 minutes

Titre original : Milyang

Avec Jeon Do-Yeon, Song Kang-Ho, Cho Young-jin, etc.

Technique : Dolby stéréo VOST, format 2.35, 16/9 compatible 4/3, DVD 9, zone 2, PAL, 135 mn, prix conseillé 19,90€

Contenu du DVD : chapitrage, entretien avec le réalisateur (24 mn), Entretien avec les comédiens (18 mn), Bandes annonces